Israël en guerre - Jour 643

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Reportage

Le chef militaire du Hamas, Muhammad Sinwar, a été tué sous un hôpital financé par l’UE à Gaza

Alors que l'armée a confirmé la mort du terroriste, les soldats ont montré aux journalistes le souterrain où, selon Tsahal, le Hamas avait installé un centre de commandement et détenu des otages

KHAN YOUNES, bande de Gaza — L’armée et le Shin Bet ont confirmé, dans la journée de dimanche, que le corps sans vie qui a été retrouvé par les forces israéliennes dans un tunnel situé dans le sud de Gaza, pendant le week-end, était bien celui du chef du Hamas Mohammed Sinwar.

Quelques heures plus tôt, le Times of Israel a visité le tunnel dans lequel le commandant terroriste a été tué lors d’un déplacement qui avait été organisé par l’armée israélienne en direction des médias.

Sinwar, le frère de Yahya Sinwar, cerveau de l’attaque sanglante du 7 octobre, a été tué lors d’une frappe aérienne, le 13 mai, alors qu’il avait trouvé refuge dans un tunnel creusé sous l’hôpital européen de Khan Younis, selon l’armée.

Quatre autres membres du Hamas ont perdu la vie aux côtés de Muhammad Sinwar, dont le commandant de la brigade de Rafah, Muhammad Shabana, et le commandant du bataillon du sud à Khan Younès, Mahdi Quara, a fait savoir Tsahal.

Deux corps – il s’agirait des dépouilles des deux hommes – sont toujours en cours d’identification.

Le tunnel où les trois hommes se cachaient – il était situé à huit mètres de profondeur – faisait partie d’un vaste réseau souterrain qui reliait les brigades du Hamas de Rafah et de Khan Younès. Les bombardements israéliens, qui ont entraîné d’énormes nuages de fumée et de décombres dans les airs, ont pris pour cible deux sections distinctes du tunnel avec pour objectif de prendre au piège les commandants qui se trouvaient au milieu, a noté l’armée israélienne.

L’attaque a touché certaines parties du tunnel qui se trouvaient à l’extérieur de l’hôpital – l’établissement est toutefois parvenu à poursuivre ses activités après l’opération militaire.

Les soldats de la brigade Golani, au sein de l’armée israélienne, à l’hôpital européen de Khan Younès, le 8 juin 2025 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Les terroristes du Hamas sont morts asphyxiés sous les décombres, a précisé l’armée.

L’hôpital a continué à fonctionner après les frappes. Les membres du Hamas ont suffoqué dans les décombres.

Israël avait annoncé que Sinwar avait probablement été tué lors de la frappe – mais n’avait pas pu pour autant confirmer sa mort avant le déploiement des soldats dans le secteur. Ces derniers ont finalement récupéré les dépouilles dans les souterrains.

L’hôpital se trouve dans un secteur de Khan Younès où les troupes n’étaient pas entrées jusqu’à la semaine dernière – lorsque des soldats appartenant à l’unité de reconnaissance de la brigade Golani, à l’unité d’élite Shaldag, au sein de l’armée de l’air, et à l’unité de génie de combat Yahalom ont pris le contrôle de l’établissement hospitalier. Le personnel et les patients ont fui la zone avant leur arrivée.

« Nous avons compris que ces corps sans vie avaient une grande importance dès les premières images que nous avons vues en entrant », déclare un commandant de compagnie appartenant à l’unité de reconnaissance Golani, qui ne peut être identifié par le Times of Israel que par son grade de major et par ‘initiale « Nun ».

« Il s’agissait de personnalités de premier plan au sein de l’organisation », affirme-t-il.

Une capture d’écran d’une vidéo non datée publiée par Tsahal le 17 décembre 2023 montre le commandant du Hamas Muhammad Sinwar, à droite, à bord d’une voiture traversant un tunnel sous la bande de Gaza. (Crédit : Armée israélienne)

« Les terroristes que nous avons éliminés sont importants », ajoute-t-il, « mais ils ne le sont pas autant que les armes et les renseignements que nous avons pu récupérer ici ».

« Nous avons découvert une base militaire creusée sous un hôpital, point final. Il n’y a pas d’autre façon de le dire », s’exclame-t-il.

Le major « Nun » s’adresse au Times of Israel à l’hôpital européen de Khan Younès, le 8 juin 2025 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Selon « Nun », les renseignements trouvés ont eu un impact direct sur les opérations de combat qui étaient alors en cours à deux kilomètres de là.

« Nous avons également trouvé des renseignements sur des otages », raconte-t-il. « C’est ça, le plus important. C’est pour cela que nous sommes tous ici ».

Saper le pouvoir du Hamas

Contrairement à la majorité des autres quartiers de Gaza, de nombreux bâtiments sont encore debout dans les environs de l’hôpital européen de Khan Younès – sans doute parce qu’ils ont été épargnés par les combats terrestres majeurs qui ont opposé les soldats aux terroristes jusqu’au mois dernier.

Le 20 mai, la 36e division – qui est composée des hommes des brigades Golani, Kfir et 188 – a lancé une offensive vers le nord depuis le couloir de Morag, un corridor contrôlé par l’armée israélienne qui se trouve entre Khan Younès et Rafah, dans le sud de Gaza. Des manœuvres qui ont facilement submergé les défenses du Hamas, qui s’attendait à une attaque en provenance de l’est.

Des soldats de l’armée israélienne opèrent dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès, sur une photo diffusée par l’armée le 5 juin 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Cette offensive a été lancée quelques jours après le début de l’opération « Les Chariots de Gédéon », une vaste campagne militaire au sol dont l’objectif est de prendre le contrôle de la majeure partie de la bande de Gaza tout en déplaçant la grande majorité des civils.

L’objectif de l’opération terrestre en cours « est de rapatrier les otages et de renverser le régime du Hamas », déclare le porte-parole de l’armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin, dans la journée de dimanche.

Il s’exprime alors que l’armée israélienne conduit des journalistes militaires israéliens, suivis par des membres de la presse internationale, jusqu’à l’hôpital – qui avait été construit grâce à des fonds versés par l’Union européenne – pour leur montrer le tunnel dans lequel Sinwar a été tué.

Le Hamas utilise les hôpitaux de manière cynique ; vous pouvez constater où sont allés les fonds européens.

« C’était l’un des centres de commandement et de contrôle qui avaient été utilisés par le Hamas pour commettre le massacre perpétré, le 7 octobre, contre les communautés frontalières de Gaza, pour commettre ce carnage et tous ces meurtres », explique Defrin alors qu’il se tient devant l’entrée du tunnel, à quelques mètres du service des urgences de l’hôpital européen.

Le porte-parole de l’armée israélienne, le brigadier général Effie Defrin, s’exprime à Khan Younès, le 8 juin 2025. (Capture d’écran/Porte-parole de l’armée israélienne)

« Le Hamas utilise les hôpitaux de manière cynique », poursuit-il, ajoutant que « vous pouvez constater où sont allés les fonds européens. »

Il y a des signes de dégâts importants sur le terrain de l’hôpital – des dommages causés par les combats, notamment par les affrontements qui ont pu avoir lieu entre les forces israéliennes et de petits groupes de terroristes qui s’étaient réfugiés à l’intérieur et autour du complexe.

Les soldats de la brigade Golani, au sein de l’armée israélienne, à l’hôpital européen de Khan Younès, le 8 juin 2025 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Les fenêtres ont été brisées, certains toits ont été endommagés et les rues sont jonchées de béton, de barres d’armature et de verre cassé.

Les soldats de la brigade Golani ont échangé de tirs, dans l’enceinte de l’hôpital, avec sept terroristes qui tentaient de lancer des roquettes en direction des communautés israéliennes proches de la frontière, note un commandant de compagnie.

Mais les bâtiments sont en grande partie intacts et l’armée israélienne estime qu’ils pourront être réutilisés une fois la campagne terminée.

Dans la tombe de Sinwar

À proximité, des pelleteuses venues d’Israël ont creusé une descente escarpée dans le sable pour accéder au tunnel. Au bord du passage désormais dégagé, il y a encore une civière en plastique qui a été utilisée par les militaires pour extraire les corps.

Des soldats de la Brigade Golani de l’armée israélienne gardent l’entrée d’un tunnel sous l’hôpital européen de Khan Younès, le 8 juin 2025 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Un soldat de reconnaissance de la brigade Golani pénètre dans le tunnel étroit, ouvrant la voie – une lumière rouge, sur son casque, projette une lueur fantomatique sur les supports en béton.

L’odeur âcre et nauséabonde de la mort est insupportable. Après le raid aérien survenu au mois de mai, les corps sans vie des cinq terroristes sont restés dans le tunnel pendant trois semaines.

Les journalistes sont descendu prudemment dans la fosse à l’aide d’une corde pour contrôler leur descente, s’abaissant dans le tunnel où ils avaient peinaient à tenir debout.

Un soldat de la brigade Golani, au sein de de l’armée israélienne, traverse un tunnel creusé sous l’hôpital européen de Khan Younès, le 8 juin 2025. (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

L’odeur de mort, âcre et nauséabonde, était insupportable. Les corps des cinq terroristes étaient restés dans le tunnel pendant trois semaines après le raid aérien de mai.

Dans la pièce où ils ont été tués, des matelas recouverts de vêtements et de bouteilles sont encore sur le sol.

Un soldat de la brigade Golani, au sein de de l’armée israélienne, traverse un tunnel creusé sous l’hôpital européen de Khan Younès, le 8 juin 2025. (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Selon « Nun », des otages israéliens auraient également été détenus dans ce tunnel à un moment donné.

Les soldats ont trouvé deux armes appartenant à l’armée israélienne, des explosifs, des cartes, des plans d’opérations et des cartes d’identité dans la pièce souterraine où les terroristes ont trouvé la mort.

Une guerre longue et complexe

Cette visite dans le tunnel creusé sous l’hôpital européen survient alors que quatre soldats qui ont été tués, vendredi, dans l’explosion d’un bâtiment dans le sud de la bande de Gaza ont été inhumés au sein de l’État juif.

Le sergent-major (Rés.) Chen Gross, 33 ans, du commando Maglan, originaire de Gan Yoshiya ; le sergent-chef Yoav Raver, 19 ans, de l’unité d’élite du Corps du Génie Militaire Yahalom, originaire de Sde Warburg ; le sergent Tom Rotstein, 23 ans, de l’unité d’élite du Corps du Génie Militaire Yahalom, originaire de Ramat Gan et le sergent-major Uri Yhonatan Cohen, 20 ans, de l’unité d’élite du Corps du Génie Militaire Yahalom, originaire de Neve Yarak, tués au combat à Gaza le 6 juin 2025. (Crédit : Armée israélienne ; Montage/Times of Israel)

« Nous détruisons les maisons piégées », explique Defrin.  » Il y a des tunnels ou des armes dans une habitation sur deux ».

Les troupes israéliennes n’entrent pas dans les maisons si ce n’est pas nécessaire, insiste-t-il.

Des soldats portant le cercueil ceint du drapeau d’Israël du sergent Yoav Raver, mort au combat dans la bande de Gaza, lors de ses funérailles au cimetière de Sde Warburg, dans le centre d’Israël, le 8 juin 2025. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Selon le major de la brigade Golani, une procédure bien définie doit être suivie avant l’entrée d’un soldat dans un bâtiment. Il doit notamment obtenir, au préalable, l’autorisation d’un commandant de bataillon.

« Et lorsque nous entrons dans une habitation parce qu’elle abrite des infrastructures ennemies, des terroristes, c’est que nous avons eu des renseignements », précise-t-il.

Les terroristes du Hamas, à Khan Younès, commettent des attaques de snipers, ils piègent des bâtiments et ils tentent de tendre des embuscades aux forces militaires israéliennes avant de s’enfuir, confient des officiers qui se trouvent dans l’hôpital.

Des soldats de la 36e division de l’armée israélienne se dirigent vers Israël depuis l’hôpital européen de Khan Younès, le 8 juin 2025 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

L’armée accorde la priorité à la protection des soldats au détriment de la rapidité des opérations dans le cadre de l’offensive actuelle, souligne Drefrin.

« Il ne s’agit donc pas d’actions rapides mais d’actions sûres », explique-t-il. « C’est une guerre longue. C’est une guerre complexe. Vous pouvez constater les défis qui restent à relever ici ».

Des propos tenus alors qu’Israël a marqué, dimanche, le 611e jour depuis l’attaque sanglante qui avait été commise par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023 – un véritable pogrom qui avait déclenché la guerre.

Plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, avaient été massacrées et 251 personnes avaient été kidnappées, prises en otage au sein de l’enclave côtière. Il reste encore 55 captifs à Gaza – dont les corps sans vie d’au moins 33 personnes dont la mort a été confirmée par Tsahal. Vingt seraient encore en vie. Deux autres personnes sont portées disparues et leur sort est très préoccupant, ont fait savoir les responsables israéliens.

« Nous allons faire en sorte d’écourter la guerre car nous comprenons parfaitement les implications d’un conflit aussi long », promet Defrin. « Mais nous avons des missions à accomplir et nous les mènerons à bien ».

Des manifestants rassemblés en soutien aux otages dans Central Park, à New York, le 8 juin 2025. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)

Avec ces quatre nouveaux décès, le bilan de l’offensive terrestre que mène Israël à Gaza et des opérations militaires qui ont lieu le long de la frontière avec la bande s’élève dorénavant à 429 morts.

« C’est long, oui », reconnaît Nun. « C’est épuisant. Mais c’est déterminant ».

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