Le corps d’Yitzhak Navon exposé publiquement, avant l’enterrement à Jérusalem
Le cinquième président d’Israël, qui est décédé vendredi à 94 ans, est loué par la classe politique comme étant un chef populaire doté d’un courage moral
L’ancien président israélien Yitzhak Navon, décédé vendredi à 94 ans, sera exposé publiquement dimanche matin avant un enterrement en présence de la direction du pays au cimetière du Mont Herzl à Jérusalem, comme l’ont indiqué des responsables ce samedi. Hommes politiques et anonymes se souviennent de lui comme une figure aimée et influente. Le public sera en mesure de voir le cercueil de Navon à la résidence du président dans le centre de Jérusalem, entre 9 heures et 11 heures.
Cinquième président de l’Etat hébreu (1978-1993), Navon, homme d’État, diplomate et écrivain est né en 1921 à Jérusalem.
Issu d’une famille séfarade, –avec un père exilé d’Espagne et arrivé à Jérusalem à partir de la Turquie et une mère originaire du Maroc– Navon a assumé plusieurs postes diplomatiques après la création d’Israël en 1948.
Au cimetière, les hommages seront rendus par Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président Reuven Rivlin, l’ancien président Shimon Peres et des membres de la famille Navon, comme indiqué par le personnel de la résidence du président. L’enterrement sera également ouvert au public.
Navon, cinquième président du pays, est décédé vendredi soir, avait fait savoir sa famille.
Né à Jérusalem dans une famille résidant dans la ville depuis 300 ans, après l’Inquisition espagnole, Navon était un conseiller clé de David Ben Gourion et un homme politique respecté du Labour, qui a également occupé plusieurs fonctions diplomatiques, mais également écrit livres et pièces de théâtre.
Il a été président entre 1978 et 1983, puis est retourné à la Knesset, après avoir refusé de briguer un second mandat.
Le président Reuven Rivlin a qualifié Navon d’« homme noble, aristocratique et sans manières, un président qui est venu du peuple, et que le peuple a grandement aimé et apprécié ».
Il s’« est efforcé de préserver les traditions juives ladino, une tradition qui a créé une nouvelle identité israélienne, fière de ses origines, et qui n’a pas oublié ses racines », a déclaré Rivlin dans un communiqué.
Rivlin se souvient aussi de Navon comme un président qui « a créé de nouveaux styles et habitudes pour la présidence » et n’avait pas peur de prendre position pour ce en quoi il croyait, comme lorsqu’il a menacé de démissionner à la suite du massacre de Sabra et Chatila au Liban en 1982.
« L’Etat d’Israël a perdu aujourd’hui un fils bien-aimé, un président du peuple, celui qui ne se voyait au-dessus des gens, mais que nous avons tous regardé dans l’amour et l’admiration », a déclaré Rivlin dans un communiqué.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exprimé sa « profonde tristesse » liée au décès de Navon.
« J’ai toujours été impressionné par la profondeur de son éducation, son ouverture à tout le monde et son profond amour pour le peuple d’Israël et son patrimoine », pouvait-on lire dans un communiqué de son cabinet. « En tant que président, auteur et dramaturge, il était actif dans la promotion de l’unité entre les différentes communautés d’Israël, commémorant les communautés séfarades et dans la promotion de la sensibilisation de l’histoire de la Jérusalem dans laquelle il est né et a vécu sa vie. Navon restera comme l’un des grands hommes de la nation et parmi ses plus grands bâtisseurs ».
Le chef de l’Union sioniste et leader de l’opposition, Isaac Herzog, a dit de Navon que « ses activités culturelles, éducatives et (politiques) sont un héritage de justice sociale, de paix et de fraternité entre les nations ».
« Navon … a consacré sa vie au pays, c’était un président bien-aimé admiré par son peuple et il a été une voix morale et de courage éthique », a exprimé Herzog dans un message Facebook.
Son contemporain, Shimon Peres, a exprimé sa tristesse à la perte d’un « ami de cœur et d’âme depuis plus d’un demi-siècle … Pour la nation d’Israël, il a été un président bien-aimé et un mentor », a déclaré Peres.
L’ancien président a dit à la famille Navon : « Nous disons aujourd’hui nos adieux à l’un des plus grand de notre peuple, qui porte la sagesse des âges et qui a chanté dans nos cœurs la chanson splendide sur la ville de Jérusalem. Yitzhak Navon était non seulement un président bien-aimé … il était sans précédent pour inspirer l’amour pour la nation et la nation l’aimait en retour ».
La chef de Union sioniste Tzipi Livni l’a salué comme « étant un fier séfarade qui a fait prendre conscience de la culture séfarade-Jerusalemite à tous de nous à travers son écriture ».
Selon elle, Navon « sera toujours dans les mémoires comme un président bien-aimé, qui a représenté le beau et spécial visage d’Israël, qui a uni ses différents aspects, et qui a apporté de la fierté pour nous tous ».
Le chef de Yesh Atid, Yair Lapid, a rendu hommage à Navon, « un homme fédérateur et un président rassembleur » dont l’objectif était la « modération ». L’héritage de Navon, a dit Lapid, est l’impératif « de se tenir sans crainte contre les extrémistes de droite et de gauche ».
Zehava Galon de Meretz a pleuré la mort d’un « homme de paix », qui avait « insisté sur la mise en avant des traditions séfarades dans le système d’éducation et sur l’incitation à l’étude de l’arabe, et qui a menacé de démissionner de la présidence à moins qu’une commission d’enquête a été établie dans le massacre de Sabra et Chatila en 1982 ». « Navon était un homme qui a compris la nécessité pour Israël de rester un pays profondément moral », a-t-elle ajouté.
Dans son hommage, le député du Likud, Yoel Hasson a déclaré : « Le président Yitzhak Navon, que sa mémoire soit bénie, était un grand leader, mais n’en était pas moins un créateur qui a consacré son temps et ses activités pour la préservation de la culture des Juifs espagnols, à travers des œuvres telles que Bustan Sephardi. Il savait comment unir et tisser le tissu social d’Israël, à la fois à travers ses œuvres et également ses actions en tant que leader et en tant que politicien. Le sionisme et le patrimoine d’Israël étaient un mode de vie pour lui, et il faudra nous en souvenir. Que sa mémoire soit une bénédiction ».