Le fondateur de Ben & Jerry’s chercherait à racheter l’entreprise sur fond de conflit avec Israël
Avec un litige sur le positionnement de la marque de crème glacée sur la guerre à Gaza, et des années après la querelle sur le boycott des implantations, Ben Cohen rassemble des investisseurs, selon le WSJ

JTA – Ben Cohen, le cofondateur du fabricant de glaces Ben & Jerry’s, tente actuellement de racheter son entreprise, une nouvelle initiative qui vise à la séparer de sa société mère, Unilever.
Selon le Wall Street Journal, Cohen s’efforce de rassembler des investisseurs en vue d’un rachat potentiel, ce qui permettrait de rompre les liens avec Unilever 25 ans après l’achat de la marque de crème glacée du Vermont, et après une bataille acharnée de plusieurs années qui a porté sur Israël.
« En l’an 2000, Unilever nous aimait pour ce que nous étions », a déclaré Cohen au journal. « Aujourd’hui, nous avons pris des chemins différents dans notre relation. Nous avons juste besoin qu’ils nous libèrent ».
Cette initiative est la dernière en date dans une saga de relations glaciales entre Ben & Jerry’s, une entreprise qui avait été fondée par des Juifs, et Unilever. En 2021, Ben & Jerry’s avait annoncé que ses produits ne seraient plus vendus dans les « territoires palestiniens occupés » – un boycott des implantations de Cisjordanie qui avait suscité un tollé parmi de nombreux groupes juifs et une série de recours juridiques dans les États dotés de lois interdisant le boycott d’Israël.
Cohen et le cofondateur de la marque, Jerry Greenfield, avaient estimé que les accusations d’antisémitisme qui avaient suivi cette annonce étaient « douloureuses » et « absurdes ».
Environ un an après l’annonce, Ben & Jerry’s et Unilever avaient conclu un accord qui permettait de vendre les produits de la marque en Israël et en Cisjordanie. Mais l’entreprise Ben & Jerry’s s’était ensuite opposée à cette décision, écrivant dans un post paru sur X que la vente de ses produits dans les implantations israéliennes était « incompatible avec ses valeurs ».

Le conseil d’administration indépendant de Ben & Jerry’s défend une série de causes progressistes, et le conflit avec Unilever a régulièrement refait surface ces dernières années. Au mois de novembre, Ben & Jerry’s avait poursuivi Unilever en justice, l’accusant de censure et d’intimidation en raison de ses positionnements sur la guerre à Gaza.
Le mois dernier, Ben & Jerry’s a accusé Unilever devant le tribunal fédéral de Manhattan d’avoir licencié son PDG Dave Stever en raison de l’activisme social de la marque.
Des accusations niées par Unilever qui a affirmé qu’elle avait soutenu la marque mais que ses récentes prises de position avaient évolué vers « des sujets unilatéraux, hautement controversés et polarisants qui mettaient Unilever, B&J’s et leurs employés en danger », selon Reuters.
L’initiative prise par Cohen intervient un an après qu’Unilever a annoncé son intention de se séparer de Ben & Jerry’s et de ses autres marques de crème glacée. Mais Unilever a repoussé les efforts de Cohen, affirmant qu’elle ne vendrait pas Ben & Jerry’s en tant qu’entreprise autonome, selon le Wall Street Journal.
« Ben & Jerry’s est une entreprise qui a une âme », a confié Cohen au Wall Street Journal. « L’entreprise est la force la plus puissante de notre société, et pour cela, elle a une responsabilité à l’égard de la société ».