Le frère d’Aryeh Deri interrogé comme suspect dans une enquête pour corruption
Le promoteur immobilier Shlomo Deri est l’associé “très proche” du ministre de l’Intérieur qui est interrogé pour des ventes immobilières louches
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Shlomo Deri, le frère promoteur immobilier du ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, est l’associé « très proche » interrogé dans le cadre de l’enquête sur des irrégularités présumées des holdings immobilières du président du parti Shas.
Deri, dont l’identité a été révélée suite à la levée de l’embargo tard mercredi, était interrogé jeudi matin pour le troisième jour consécutif.
Les policiers ont fouillé le bureau et le domicile de Shlomo Deri cette semaine, et lui et sa fille ont été interrogés pour deux affaires différentes liées à des irrégularités financières et à de la corruption.
Le procureur général Avichai Mandelblit avait annoncé le 31 mars qu’une enquête criminelle serait ouverte contre Deri pour suspicion de corruption, quelques jours après la levée de nouvelles accusations de corruption contre lui.
L’enquête se concentre autour de propriétés immobilières non déclarées de Deri et des membres de sa famille, dont une maison de vacances dans le nord d’Israël et des appartements possédés par chacun de ses neufs enfants.
Une équipe commune d’inspecteurs de l’unité anti-corruption Lahav 433 de la police et des autorités fiscales enquêtent sur le frère du ministre.
Shlomo Deri a déclaré avoir payé la plupart de la maison de vacances de Safsufa, près du mont Meron, et a souligné que la transaction était complètement légale.
Shlomo Deri a déjà poursuivi le quotidien financier Globes pour un article annonçant qu’il n’avait payé que 4,25 millions de shekels (environ un million d’euros) pour un complexe d’appartements qu’il a acheté à son frère Aryeh dans le quartier de Givat Shaul, à Jérusalem, qui vaudrait en fait entre 12 et 15 millions de shekels (entre 2,85 et 3,57 millions d’euros) et pour avoir décrit la transaction comme un acte frauduleux et un accord fictif.
Deri a déclaré qu’Aryeh avait acheté le terrain en 2010 pour 3,7 millions de shekels (environ 881 000 euros) parce qu’il avait prévu de s’y construire une maison.
L’article expliquait que le complexe entier avait appartenu à une compagnie d’acquisitions qui avait construit deux tours résidentielles à proximité, et que Shlomo Deri avait acheté le terrain vide à Aryeh pour 10 millions de shekels (environ 2,38 millions d’euros), mais l’avait déclaré au nom d’Aryeh et de sa famille avant de construire un immeuble de cinq appartements dessus.
Shlomo a expliqué que le bâtiment était resté au nom d’Aryeh Deri parce que le processus de transfert de propriété depuis la compagnie avait pris du temps. « Aujourd’hui, le problème a été résolu et la maison est enregistrée à mon nom et à celui de mes enfants », a-t-il déclaré au site d’informations NRG.

« Comme je l’ai di, Aryeh est un mec talentueux avec un agenda clair, qui attire les critiques et les rumeurs, a continué Shlomo. Ils prennent quelque chose de petit comme la maison de Safsufa et en font un truc énorme. J’ai vu un éditeur important du Marker [quotidien financier] écrire que cela devait être vu en proportion. La villa luxueuse de Safsufa est l’équivalent d’un appartement pourri à Tel Aviv. Il y a des personnes qui m’ont demandé si construire des maisons à Safsufa avait pour but de gagner des votes arabes. »
Aryeh Deri, qui avait purgé 22 mois de prison entre 2000 et 2002 après avoir été jugé coupable de corruption pendant qu’il était ministre de l’Intérieur, a cherché à diminuer les accusations sur ses holdings immobilières et a déclaré qu’il coopèrerait avec les enquêteurs pour prouver son innocence.
« Hier, j’ai découvert que ma femme et moi étions devenus des magnats de l’immobilier, avait-il déclaré suite à un premier reportage. Nous avons possédé un appartement pendant environ 25 ans, dans lequel dans avons élevé neuf enfants et pour lequel nous payons toujours des mensualités de prêt. En plus, nous avons une maison de vacance à Safsufa pour la famille élargie, dont les petits-enfants. »
Le Mouvement pour la qualité du gouvernement avait demandé il y a six mois au procureur général de se pencher sur les écarts entre la valeur des propriétés de Deri et celles qu’il avait annoncées aux médias.
Quand il a été nommé ministre de l’Intérieur, la déclaration de capital de Deri comprenait des propriétés dont la valeur était estimée à 5 millions de shekels (1,2 million d’euros).
Cette valeur est partagée entre son appartement de Har Nof, à Jérusalem, évalué à 4,7 millions de shekels (1,12 millions d’euros), 10 000 shekels d’économie (2 380 euros), un portefeuille d’actions d’une valeur de 300 000 shekels (71 430 euros) et une voiture à 60 000 shekels (environ 14 000 euros), enregistrée au nom de son épouse, Yaffa.
Des articles ont annoncé que Deri avait gagné environ 2 millions de shekels (environ 476 000 euros) avec des missions de conseil à a suite de sa libération de prison.
En octobre, le journaliste d’investigation et militant de la transparence Tomer Avital avait révélé que l’une des filles du ministre de l’Intérieur possédait un appartement à Jérusalem et un tiers d’une maison à Tel Aviv, et que trois appartements et demi étaient enregistrées au nom d’une autre fille, dont trois dans le quartier Hatikvah de Tel Aviv.
Une troisième fille était enregistrée comme propriétaire d’un appartement à Tel Aviv et d’une maison dans un moshav entre Tel Aviv et Jérusalem. Un fils est enregistré comme propriétaire d’un appartement dans les tours Saul de Jérusalem, et un autre a acheté un appartement à Jérusalem via une société d’acquisitions de propriété. Et il y a la villa à Safsufa.
La radio publique israélienne a annoncé que les enquêteurs avaient interrogé un promoteur et une source importante du Shas, mais pas en tant que suspect.

Le rival politique d’Aryeh Deri, l’ancien dirigeant du Shas Eli Yishai, a déclaré mercredi que la situation difficile de Deri ne le réjouissait pas.
Yishai, qui n’a pas été élu pendant les dernières élections où il menait la liste d’extrême-droite Yachad, a déclaré à des militants mercredi à Jérusalem : « Je ne me vanterai jamais. Au contraire : il est vrai que nous avons des différences idéologiques et politiques, mais au niveau personnel nous sommes tous frères, et j’espère pour lui que toute cette affaire se terminera avec rien. »
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.