Le Hamas dissimulé parmi les civils de Gaza pour se protéger et tendre des embuscades à Tsahal – NYT
Le groupe terroriste, caché sous terre, utilise des enfants pour leurrer les soldats avant de déclencher des pièges bien préparés ; les tunnels disposent d'un réseau téléphonique

Au cours des neuf derniers mois de guerre à Gaza, le Hamas s’est fortement appuyé sur son intégration dans la population civile de l’enclave, à la fois comme méthode de survie et comme moyen de tendre des embuscades aux troupes israéliennes, selon une analyse approfondie de la stratégie du groupe terroriste palestinien.
Dans une enquête publiée samedi, le New York Times s’est entretenu avec des terroristes du Hamas et des soldats israéliens revenant de Gaza afin de reconstituer un tableau des méthodes employées par le groupe terroriste.
Selon l’article, la stratégie repose principalement sur le contournement des troupes israéliennes en attendant qu’elles tombent dans des pièges soigneusement tendus, ainsi que sur l’utilisation par le Hamas de la vulnérable population civile à son propre avantage.
Après le pogrom du 7 octobre dans le sud d’Israël – au cours duquel des milliers de terroristes du Hamas ont massacré près de 1 200 personnes et pris 251 otages – et alors qu’Israël préparait son opération terrestre dans la bande de Gaza, les terroristes du Hamas ont disparu dans la clandestinité, note le New York Times.
Ils sont restés là, utilisant des centaines de kilomètres de tunnels pour se déplacer dans la bande de Gaza, jusqu’à ce que les soldats de l’armée israélienne soient suffisamment enfoncés dans l’enclave pour être pris en embuscade, a déclaré Lior Soharin, réserviste de Tsahal. Lorsqu’ils sont réapparus, ils n’étaient plus vêtus des uniformes militaires qu’ils avaient portés pour s’infiltrer en Israël, mais de vêtements civils, prêts à lancer des attaques tout en étant dissimulés – au vu et au su de tous.
Un ancien officier des brigades Al-Qassam du Hamas, Salah al-Din al-Awawdeh, a déclaré au New York Times que l’objectif du groupe terroriste était « de disparaître, d’éviter la confrontation directe tout en lançant des attaques tactiques contre l’armée d’occupation [Israël] ».

À l’appui de son récit, un responsable anonyme du Hamas qui a quitté Gaza avant le 7 octobre mais qui est en contact avec ses subordonnés, a déclaré que lorsqu’Israël a commencé à émettre des avertissements d’évacuation aux habitants du nord de Gaza, le groupe terroriste a pris position, profitant des maisons et des zones résidentielles soudainement vides.
Le Hamas a piégé des centaines de maisons, en installant des mines reliées à des fils-pièges, des capteurs de mouvement et des détecteurs sonores. Les maisons qui ne sont pas piégées sont souvent utilisées pour stocker des armes. Dans un entretien accordé au New York Times, des soldats israéliens se sont souvenus avoir trouvé des armes cachées derrière un mur factice dans la chambre d’un enfant et des grenades dissimulées dans un placard. Les bâtiments sont marqués de symboles spécifiques afin d’informer les terroristes du Hamas de ce qui est entreposé à l’intérieur.
Les soldats ont expliqué que les éléments du Hamas sortaient souvent des souterrains sans armes, afin de se faire passer pour des civils, et qu’ils allaient ensuite en récupérer dans les maisons transformées en dépôts d’armes.
Le Hamas utilise « des signes secrets à l’extérieur des maisons, comme un drap rouge accroché à une fenêtre ou des graffitis, pour signaler à ses compagnons de lutte la présence à proximité de mines, d’entrées de tunnels ou de caches d’armes à l’intérieur », précise l’article.
Les préjudices importants causés par Tsahal dans les zones résidentielles sont le résultat des méthodes du groupe terroriste palestinien du Hamas, ont déclaré des responsables israéliens, car ce qui semble être une destruction anarchique de biens civils est en fait une campagne ciblée contre un ennemi qui se cache derrière la population.
En violation flagrante du droit international, le Hamas a également tiré parti d’autres infrastructures civiles en construisant son vaste réseau de tunnels sous un important complexe des Nations unies, des hôpitaux et des bâtiments gouvernementaux.
Les responsables du Hamas ont défendu l’utilisation de ces méthodes. S’adressant au New York Times, Moussa Abu Marzouk, membre du bureau politique du groupe terroriste, a affirmé que les méthodes du Hamas n’étaient examinées que pour détourner l’attention de ce qui, selon lui, était des crimes israéliens.
« Si quelqu’un prend une arme sous son lit, cela justifie-t-il de tuer 100 000 personnes ? », a demandé Abu Marzouk, qui, quelques jours après le pogrom du 7 octobre, a déclaré que son groupe terroriste n’était pas responsable de la protection des civils palestiniens. « Si quelqu’un prend une arme sous un lit, cela justifie-t-il de tuer une école entière et de détruire un hôpital ? »
Depuis le 7 octobre, plus de 38 000 personnes seraient mortes à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël dit avoir tué 15 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.
326 soldats israéliens ont été tués au cours de l’opération terrestre contre le Hamas et lors des opérations menées le long de la frontière de Gaza.
En début de semaine, il a été rapporté que Tsahal estime qu’une grande partie du réseau de tunnels est en « bon état de fonctionnement », et que les parties qu’Israël a réussi à détruire ont été réparées depuis.

Selon le New York Times, les tunnels sont équipés d’un « réseau téléphonique filaire difficile à surveiller pour Israël et qui permet aux terroristes de communiquer même en cas de coupure des réseaux de téléphonie mobile de Gaza ».
Le groupe terroriste est resté largement caché sous terre. Au début de la guerre, selon le New York Times, le Hamas disposait dans ses bunkers de suffisamment d’eau potable et de nourriture en conserve pour tenir au moins dix mois, ce qui laisse supposer qu’il n’a pas encore épuisé ses stocks.
Pour tendre des embuscades aux troupes israéliennes, le Hamas leur donne un faux sentiment de sécurité en leur permettant de se déplacer librement pendant des heures, voire des jours, avant de sortir des tunnels et de déclencher le piège. Des terroristes du Hamas et des soldats israéliens ont déclaré au New York Times que les soldats étaient suivis à l’aide de caméras cachées, de drones et de guetteurs civils, dont des enfants.
Le Hamas a reconnu et défendu l’utilisation d’infrastructures et de populations civiles dans sa guerre contre Israël.
« Chaque insurrection, dans chaque guerre, du Vietnam à l’Afghanistan, a vu des gens se battre depuis leur maison », a déclaré al-Awawdeh, qui réside en Turquie reprenant le plaidoyer d’un autre responsable du Hamas, Khaled Meshaal. « Si je vis à Zeitoun, par exemple, et que l’armée arrive, je la combattrai là, depuis ma maison, ou celle de mon voisin, ou depuis la mosquée. Je les combattrai partout où je me trouverai. »
Al-Awawdeh a été emprisonné en Israël pendant 19 ans avant d’être libéré en 2011 dans le cadre de l’accord de libération du soldat israélien Gilad Shalit.
Arguant que le fait que les terroristes s’habillent en civil – une violation de la Convention de Genève – est une tentative légitime d’éviter la détection, il a déclaré au New York Times que cela était « naturel pour un mouvement de résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes anti-Israël] ».