Le maire d’Ashkelon accuse Smotrich d’avoir laissé les résidents sans protection
Tomer Glam reproche au ministre des Finances son manque de soutien financier ; le maire de Sderot, Alon Davidi, s'en prend aux ministres et aux fonctionnaires
Lors d’une réunion lundi, le maire d’Ashkelon, Tomer Glam, a dénoncé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et d’autres responsables pour ne pas avoir apporté leur soutien à sa ville côtière, qui a essuyé de lourds tirs de roquettes ces derniers jours, après des années de plaintes selon lesquelles de nombreux habitants n’ont pas accès à des miklatim – ou abris anti-bombes.
« Évacuez ceux qui n’ont pas d’abris. Si vous n’avez pas protégé ceux qui le demandent depuis des années, alors évacuez-les. Qu’attendez-vous ? », a demandés Glam lors d’une réunion d’une commission nouvellement créée pour superviser l’activité économique pendant la guerre entre Gaza et Israël.
« Quelles réponses avez-vous à donner à ces personnes qui, à part prier de ne pas être blessées, n’ont rien ? », a martelé Glam, selon un compte rendu de la réunion.
Glam a expliqué à la commission que, bien que le ministère de la Défense ait donné son accord pour qu’Ashkelon soit considérée comme une localité frontalière de Gaza en ce qui concerne le financement, la décision avait été annulée par le ministère des Finances de Smotrich.
« Les entreprises sont fermées, Ashkelon est une ville fantôme, nous devons faire face à des pertes de centaines de millions de shekels », a-t-il déclaré. « Nous avions cru comprendre que le ministère de la Défense avait donné son accord [pour le financement], mais ils m’ont dit que le ministère des Finances ne l’avait pas donné. »
« Ils ont annoncé qu’Ashkelon avait reçu 100 millions de shekels, mais ce n’est toujours pas le cas. Cela fait sept ans que je crie », a déploré Glam.
"חוץ מהלתפלל שלא ייפול עליהם טיל אין להם שום אפשרות להישאר בחיים. אם לא נתתם מיגון ולא טיפלתם במיגון במשך עשרות שנים – תפנו את מי שבלי מיגון" – תומר גלאם, ראש עיריית אשקלון מוחה על המצב: "שבע שנים אני צועק, קיבינימט! תכניסו את אשקלון לעוטף!" @tomerglam pic.twitter.com/liJYXzsFNc
— ערוץ כנסת (@KnessetT) October 16, 2023
« Désignez Ashkelon comme faisant partie de la périphérie [de Gaza]. Elle en fait partie, malheureusement. Je dois attendre la commission pour que quelques millions de shekels puissent être approuvés », a-t-il déclaré, en utilisant le terme désignant les communautés frontalières de Gaza.
Glam a également dirigé sa colère contre le directeur-général du ministère des Finances, Shlomi Heisler, critiquant les fonctionnaires pour la lenteur de leur réaction, a rapporté le site d’information Ynet.
« Venez, soyez un héros, sortez et regardez. Je suis en guerre », a-t-il déclaré.
« Le lundi, le ministre des Finances m’a informé que 5 millions de shekels allaient être transférés, mais ils ne sont arrivés que le jeudi – qu’est-ce que c’est que cette paperasserie ? », s’est insurgé Glam.
Smotrich a répété sa déclaration de dimanche selon laquelle le gouvernement avait « échoué dans la première ligne de défense de la protection physique des citoyens », mais a déclaré que la commission prendrait maintenant des décisions pour assurer la « deuxième ligne de défense ».
Glam a fait des commentaires similaires lors d’une réunion de la commission des Affaires intérieures et de l’Environnement, et a déclaré que toutes les personnes impliquées dans la prise de décision seraient tenues de rendre compte de leurs actions à la fin de la guerre.
« Lorsque tout sera terminé, nous réglerons nos comptes avec qui de droit. La ville d’Ashkelon est la plus vulnérable – nous avons des morts, des blessés et des milliers de personnes souffrant d’anxiété aiguë. L’État commence seulement à comprendre l’ampleur des événements », a déclaré Glam.
« Nous avons déjà dépensé 20 millions de shekels pour des gilets pare-balles que vous n’avez pas fournis aux soldats, pour des générateurs », a ajouté Glam.
Le maire de Sderot, Alon Davidi, a également pris la parole lors de cette réunion. Il a déclaré que l’argent devait être immédiatement transféré aux autorités locales afin qu’elles puissent faire face aux multiples problèmes auxquels elles sont confrontées.
« Nous avons appris pendant la pandémie que le gouvernement local fonctionne mieux pour les résidents, et pour fonctionner, nous avons besoin d’argent. Nous avons besoin d’argent aujourd’hui », a déclaré Davidi, selon Ynet.
« Je mets en place des équipes de défense civile aujourd’hui, je ne peux pas attendre l’armée », a ajouté Davidi.
Les équipes de défense civile assurent la sécurité des petites villes et des communautés dans les villes frontalières israéliennes et dans les implantations de Cisjordanie. Les membres de ces équipes ont aidé à défendre les habitants des communautés frontalières de Gaza lorsque le Hamas a mené son attaque meurtrière le 7 octobre, certains ayant tenu tête aux hommes armés pendant de longues heures avant l’arrivée des soldats, et beaucoup d’autres ayant été tués alors qu’ils tentaient de défendre leurs maisons.
Sur la base d’une décision du gouvernement, la commission de Smotrich désormais autorisée à discuter des questions civiles liées à la guerre, notamment, mais sans s’y limiter, l’impact économique sur les entreprises privées et le secteur public, la réhabilitation des communautés frontalières de Gaza et la garantie de la fonctionnalité continue des services civils.
Créée à l’origine en juin pour s’attaquer à la flambée du coût de la vie en Israël et présidée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, la commission ministérielle pour les Affaires sociales et économiques relèvera désormais du ministre des Finances Bezalel Smotrich (Hatzionout Hadatit).
Les nouveaux pouvoirs accordés à la commission seront en vigueur jusqu’à la fin de la guerre.
Lors d’une conférence de presse tenue dimanche, Smotrich a déclaré qu’il avait demandé aux autorités de modifier l’ordre des priorités en matière d’allocation budgétaire.
Le ministre des Finances s’est dit peiné par les énormes défaillances d’Israël en matière de sécurité avant et pendant l’attaque du Hamas, ajoutant : « J’assume la responsabilité de ce qui a été et de ce qui sera. Nous devons admettre avec douleur et en baissant la tête que nous avons échoué. Les dirigeants du pays et le système de sécurité ont échoué à maintenir la sécurité de nos résidents ».
À la question d’un journaliste lui demandant s’il pourrait démissionner en raison de ces échecs, Smotrich a répondu « qu’il y aura suffisamment de temps pour un examen de conscience, et peut-être pour des règlements de compte ». Il a ajouté que les Accords d’Oslo de 1993 et le désengagement de Gaza de 2005 feraient partie des questions à examiner.
Dimanche, l’Administration fiscale israélienne a également lancé les demandes de subventions d’un montant estimé à 80 millions de shekels pour les habitants des communautés frontalières de Gaza qui ont été évacués depuis que le Hamas a lancé son assaut massif le 7 octobre.
Les résidents des localités situées à moins de sept kilomètres de la frontière de la bande de Gaza sont éligibles à des subventions, selon une décision du cabinet.
Les subventions – 1 000 shekels par personne et jusqu’à 5 000 shekels par famille – sont destinées à aider les personnes évacuées à faire face à leurs dépenses initiales.
Ces subventions ne sont pas considérées comme une compensation pour les dommages matériels et ne seront pas prises en compte dans les futures demandes d’indemnisation, a expliqué un porte-parole de Smotrich.
Des dizaines de milliers d’Israéliens ont été déplacés à l’intérieur du pays depuis le début de la guerre, avec l’assaut meurtrier du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre, au cours duquel 1 500 à 2 000 terroristes ont fait irruption à travers la frontière et tué plus de 1 400 Israéliens, dont la plupart étaient des civils.
L’évacuation de Sderot – une ville de quelque 30 000 habitants située à la frontière de Gaza – est quasiment terminée. Les habitants des communautés situées à moins de 4 kilomètres de la frontière de Gaza ont été évacués, et les évacuations se poursuivent dans les localités situées entre 4 et 7 kilomètres de la frontière de Gaza.
L’armée israélienne et le ministère de la Défense ont également annoncé lundi qu’ils prévoyaient d’évacuer les civils qui vivent dans des villes situées jusqu’à deux kilomètres de la frontière libanaise, suite aux attaques répétées de roquettes et de missiles par le Hezbollah et les factions palestiniennes alliées au cours des derniers jours.
Sharon Wrobel et Carrie Keller-Lynn ont contribué à cet article.