Israël indique être en « dialogue continu » avec Washington pour réduire les droits de douane
Il s'agit de l'imposition de 17% de droits de douane sur les produits israéliens importés aux États-Unis

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré qu’il « entretient un dialogue avec l’industrie et les chefs de l’économie », après que le président américain Donald Trump a annoncé des droits de douane de 17 % sur les produits israéliens importés aux États-Unis.
Plus tôt jeudi, le ministère des Finances a déclaré qu’il étudiait la décision de Trump de prélever des droits de douane mondiaux et ses implications pour l’État d’Israël.
« J’ai parlé avec certains d’entre eux personnellement », a indiqué Smotrich à propos des dirigeants économiques, « et dans une heure environ, je réunirai la direction du ministère des Finances pour une première discussion pour analyser les opportunités et les risques et formuler des lignes de conduite, à la fois vis-à-vis du président Trump et de son équipe et concernant les mesures nécessaires pour renforcer l’industrie israélienne ».
M. Trump a annoncé mercredi une vague de droits de douane sans précédent sur les importations américaines, imposant un plancher de 10% pour tous. La mesure frappe aussi bien les alliés des Etats-Unis que les pays avec lesquels Washington entretient des relations commerciales conflictuelles comme la Chine.
Pour Israël, premier allié des Etats-Unis au Proche et au Moyen-Orient, et bénéficiant largement de l’aide militaire américaine, le tarif est de 17%.
La déconvenue est d’autant plus grande pour le gouvernement israélien que M. Smotrich et le Premier ministre Benjamin Netanyahu avaient annoncé mardi l’abolition des taxes à l’importation israéliennes sur le 1% de produits américains qui en étaient encore frappés (99% des produits américains exportés vers Israël étant jusque-là exemptés de droits de douane).
Les droits de douane sur les produits israéliens font partie d’une vaste série de droits imposés aux pays du monde entier. Ils ont été imposés malgré les efforts déployés par Jérusalem pour obtenir un sursis de la part de l’administration Trump mardi en supprimant tous les droits de douane restants sur les importations en provenance des États-Unis avec effet immédiat.
Le ministère des Finances devrait réunir sa direction et ses responsables jeudi pour discuter des implications de la décision de Donald Trump pour Israël et examiner les mesures de suivi nécessaires.
Le ministère a également précisé qu’il travaillait en collaboration avec des représentants du secteur des affaires, notamment l’Association des fabricants d’Israël et la Fédération des chambres de commerce israéliennes.
« Le ministère des Finances mène un dialogue continu avec le gouvernement américain afin de faire baisser les droits de douane et d’en diminuer les effets sur l’industrie israélienne », a écrit Smotrich jeudi soir sur le réseau social X.
« 0% de taxes sur les importations en provenance des Etats-Unis », avait alors annoncé M. Smotrich, ministre d’extrême droite qui avait fait grand cas début mars de sa rencontre à Washington avec son homologue américain Scott Bessent dans le cadre d’une visite destinée selon lui à « renforcer la coopération économique entre Israël et les Etats-Unis ».
« Smotrich s’est précipité pour supprimer tous les droits de douane sur les importations des Etats-Unis vers Israël, et en réponse, il a reçu une taxe de 17% […] Un génie! » a raillé sur X le député centriste Vladimir Beliak.
L’Association des industriels d’Israël (syndicat patronal du secteur manufacturier) a reconnu avoir été totalement prise par surprise par l’annonce américaine, jugeant que cette mesure était « probablement liée au déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis d’Israël », mais qu’elle posait « un défi majeur » à l’économie du pays.
« Nous […] sommes en contact direct » avec tous les acteurs concernés « afin de garantir l’exemption d’Israël ou de réduire les taxes imposées » par Washington, a indiqué l’Association jeudi dans un communiqué.
En 2024, le solde commercial des Etats-Unis avec Israël était déficitaire de quelque 7 milliards de dollars, selon des données du département du Commerce américain.
Toujours jeudi, Shmuel Abramzon, économiste en chef du ministère des Finances, a déclaré qu’Israël chercherait à négocier avec l’administration américaine l’annulation ou l’assouplissement des droits d’importation américains annoncés sur les produits israéliens.

« Nous savions que cela allait arriver, mais nous sommes surpris par les détails de la décision et nous en découvrons encore les implications », a déclaré Abramzon lors d’une conférence à l’université Reichman d’Herzliya. « Nous avons un bon canal avec l’administration américaine, et je crois qu’à travers le dialogue et les négociations, nous réussirons à changer ce mal. »
Commentant l’impact des droits de douane américains sur Israël, Abramzon a expliqué qu’il est « évident que si l’économie mondiale est affaiblie, notre économie sera également affectée. »
« Cependant, comme nous comprenons que le nouveau tarif s’applique principalement aux exportations de biens et non aux exportations de services, notre économie sera plus modérément touchée, car plus de 50 % de nos exportations sont des services », a précisé Abramzon.
« Cela signifie également que l’industrie locale de haute technologie, en particulier, qui exporte des services, sera moins touchée, mais qu’en fin de compte, l’attractivité d’Israël sera mesurée par rapport à d’autres pays », a-t-il dit.