Israël en guerre - Jour 498

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Le ministère des Finances va exonérer définitivement les imports de veaux vivants

Selon les opposants, Tnuva et Dabbah, qui contrôlent la majeure partie du marché de la viande bovine, gagneront des millions de shekels alors que les Israéliens font face à de fortes hausses de prix

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des veaux dans un transport d'animaux vivants venant d'Australie à Eilat pour l'engraissement avant l'abattage, en décembre 2019. (Crédit : Israel Against Live Shipments)
Des veaux dans un transport d'animaux vivants venant d'Australie à Eilat pour l'engraissement avant l'abattage, en décembre 2019. (Crédit : Israel Against Live Shipments)

Le ministère des Finances s’apprête à rendre permanente une exemption temporaire de droits de douane sur l’importation controversée de veaux vivants destinés à l’engraissement et à l’abattage en Israël, affirmant que cette mesure contribuerait à faire baisser les prix de la viande de bœuf dans le pays.

Cette décision intervient alors que de nombreux appels ont été lancés en faveur d’une interdiction totale de l’importation d’animaux vivants. Les défenseurs des droits des animaux estiment que les traversées en mer, qui durent des mois, sont cruelles et exposent les animaux à des conditions difficiles et à des souffrances inutiles.

L’année dernière, la valeur de cette exonération pour les importateurs de viande – principalement deux grandes entreprises, Tnuva et Dabbah – a été estimée par l’Administration fiscale à environ 89 millions de shekels.

Un projet de décret publié le 1ᵉʳ décembre pour consultation publique indique que la loi sur les douanes, les tarifs et la taxe d’achat a été modifiée en 2014 pour exonérer de droits de douane les veaux vivants importés d’outre-mer jusqu’au 31 décembre 2021. L’exonération a été prolongée à deux reprises et a pris fin le 31 décembre 2024.

Le projet de décret indique qu’il y a eu « une baisse des prix de la viande fraîche depuis 2014 » et poursuit : « Compte tenu de ce qui précède et afin d’aider à faire face au coût de la vie, il est proposé dans le présent décret de déterminer que l’exonération des droits de douane sur les veaux vivants s’appliquera de manière permanente. »

Interrogées sur l’exactitude de cette déclaration, des sources ministérielles ont admis auprès du Times of Israel qu’il n’y avait eu qu’une seule légère baisse des prix. Elles ont précisé qu’elle avait eu lieu en 2015 et qu’elle était directement liée à l’exemption temporaire introduite l’année précédente. Face aux chiffres du Bureau central des statistiques (CBS) contenus dans un rapport du contrôleur de l’État montrant que les prix baissaient avant l’adoption de l’exemption et qu’ils ont ensuite augmenté, elles ont choisi de ne pas faire de commentaires.

Un transport d’animaux vivants destinés à l’engraissement et à l’abattage en Israël. (Crédit : Animals Now)

Défendant la poursuite des importations d’animaux vivants parallèlement aux importations de viande réfrigérée casher, le ministère a invoqué la loi des rendements décroissants, affirmant que le fait de passer entièrement aux importations de viande réfrigérée rendrait la viande de bœuf plus chère.

Le projet de décret a été publié le 1ᵉʳ décembre et a suscité 58 réactions, principalement pour protester contre la cruauté envers les animaux et l’alimentation malsaine.

Un répondant a écrit que « la TVA est augmentée, la valeur des points de crédit d’impôt est gelée, des centaines de millions [de shekels] sont supprimés des budgets de l’Éducation, de l’aide sociale et de la santé – mais les importateurs de bétail sont exemptés ».

L’organisation Animals Now a qualifié cette décision de « trompeuse, opportuniste et perverse qui profite aux entreprises aux dépens des contribuables et sur le dos des animaux qui continueront, contre la volonté de la plupart des citoyens israéliens, à arriver dans le pays au cours de voyages cruels et sanglants ».

L’organisation a déclaré que le principal avantage serait pour Tnuva et Dabbah, qui sont actives dans tous les segments de l’industrie – importation, engraissement, abattage et commercialisation.

Le ministère de l’Agriculture, qui est chargé de veiller au bien-être des animaux, a indiqué qu’il avait demandé que l’exonération des droits d’importation soit assortie d’investissements dans l’industrie locale de la viande bovine.

En 2018, un projet de loi soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à réduire progressivement le nombre de têtes de bétail importées en Israël et à y mettre fin complètement dans les trois ans, en les remplaçant par des importations de viande réfrigérée, a été adopté en lecture préliminaire à la Knesset, mais n’a jamais été plus loin.

Selon les notes explicatives du projet de loi, les animaux transportés ont été trempés dans leurs excréments et ceux des autres animaux, et ont souffert d’une grave surpopulation, d’une surcharge thermique et de blessures graves dues aux vagues. Beaucoup sont morts en cours de route.

Un enclos inondé à bord d’un navire transportant des moutons et des veaux destinés à l’abattage en Israël, présenté dans un atelier à huis clos en Europe à la mi-juin par un vétérinaire israélien travaillant pour le ministère de l’Agriculture. La présentation du vétérinaire a fuité auprès d’Animals Now (anciennement Anonymous for Animal Rights), le 24 juin 2019.

Selon le ministère de l’Agriculture, la viande fraîche provenant de veaux importés a représenté 29 % de la viande de bœuf consommée en Israël l’année dernière – le chiffre le plus élevé depuis neuf ans, à l’exception de 2019 où il s’élevait à 30 %. La viande congelée importée représentait 40 %, la viande réfrigérée importée 17 % et la viande provenant de veaux élevés en Israël 14 %. Au total, 420 000 têtes de bétail ont été abattues l’année dernière, dont 150 000 en Cisjordanie et à Gaza.

Parmi les importations de veaux vivants, 34 % provenaient du Portugal, 26 % de l’Australie, 24 % de la Roumanie et le reste de la Hongrie, de la Lituanie et de l’Irlande. Plus de la moitié de la viande réfrigérée (55 %) provenait d’Argentine.

Dabbah n’a pas répondu à l’heure où nous mettions sous presse, et Tnuva a fait le choix de ne pas répondre.

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