Le périple d’alyah de 31 Juifs du Brésil malgré l’annulation des vols
La perturbation du trafic aérien en raison du coronavirus a ébranlé deux ans de préparation, et certains ont cru qu'ils n'y arriveraient jamais
RIO DE JANEIRO (JTA) — Il aura fallu 10 vols et une bonne dose d’incertitudes, en raison du coronavirus, pour qu’un groupe de 31 Juifs brésiliens puisse finalement immigrer en Israël la semaine dernière.
Ils ont atterri en Israël le 26 mars, avec l’aide de l’organisation caritative International Fellowship of Christians and Jews (IFCJ). Pour 14 passagers venant de Rio, le voyage aura pris, porte à porte, 50 heures.
« Tout semblait parfait. Nous planifions notre immigration depuis deux ans », a raconté Ilana Bandarovsky Burdman par téléphone, depuis sa nouvelle maison de Raanana, une banlieue de Tel Aviv qui abrite la plus importante communauté brésilienne en Israël, avec près de 300 familles.
L’ensemble du groupe devait décoller le 30 mars, mais le 22 mars, ils ont appris que LATAM Airlines annulait leur vol. Après des négociations, qui se sont soldées par un échec, le groupe s’est tourné vers le transporteur national israélien El Al, qui affrétait un dernier vol d’urgence pour rapatrier des Israéliens le 25 mars, et qui décollait de Sao Paulo. Les habitants de Rio devaient alors se rendre à Sao Paulo, par avion, le matin du 24 mars, et y passer la nuit.
« L’autre option aurait été de rouler en camionnette pendant 6 heures avec nos 21 valises, ce qui, heureusement, n’a pas été nécessaire. C’était une course contre la montre », a relaté Ilana Bandarovsky Burdman, qui est désormais en quarantaine dans un appartement de location, avec son mari Luiz et leurs filles Jana et Maya, âgées de 4 et 2 ans.
Pendant que les passagers de Rio étaient logés dans un hôtel de Sao Paulo, leur vol El Al a été annulé. Ils avaient alors la possibilité de prendre un avion Turkish Airlines qui devait décoller dans la nuit.
Alors ils ont quitté l’hôtel sur le champ et embarqué pour un vol long-courrier vers Istanbul, où ils ont passé neuf heures d’escale avant de s’envoler vers Israël.
« J’étais préoccupée par la situation au Brésil, l’effondrement des hôpitaux », a expliqué Giana Niski, 70 ans, à la JTA, également depuis Raanana. « J’avais très peur de l’annulation des vols. Si nous ne venions pas maintenant, impossible de dire si nous aurions encore été en mesure de le faire. »
Yael Eckstein, présidente de l’IFCJ a admis que ceux qui veulent immigrer en Israël actuellement font face à « des défis complexes » et à « une incertitude extrême ».
Niski, qui a voyagé avec son époux Sergio, 72 ans, pensait qu’ils n’y arriveraient jamais.
« Nos trois enfants et huit petits enfants vivent en dehors du Brésil. Je pensais que nous mourrions seuls à Sao Paulo, sans voir notre famille », a-t-elle confié. « Je suis très soulagée. Je suis en sécurité désormais ».