Le prince héritier saoudien appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban
MOhammed ben Salmane a appelé "la communauté internationale à assumer ses responsabilités" et a a accusé Israël de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza
Le prince héritier et dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a appelé lundi au cessez-le-feu à Gaza et au Liban, à l’ouverture du sommet de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique à Ryad.
« Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités (…) en mettant immédiatement un terme aux attaques israéliennes contre nos frères de Palestine et du Liban », a déclaré le prince héritier qui a accusé Israël de commettre un « génocide » dans la bande de Gaza.
Poids lourd du Proche-Orient, l’Arabie saoudite accueille des dirigeants de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à ce sommet, une occasion de présenter au président élu américain, Donald Trump, une position unie susceptible d’influencer la politique américaine dans la région, selon des experts.
Le 7 octobre 2023, quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut des communautés du sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 43 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 17 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël affirme s’efforcer de minimiser les pertes civiles et souligne que le Hamas utilise les Gazaouis comme boucliers humains, en menant ses combats depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
Au lendemain de cette attaque, le Hezbollah au Liban a ouvert un front contre Israël en soutien à son allié palestinien, les échanges de tirs transfrontaliers dégénérant en guerre ouverte le 23 septembre dernier.
L’Arabie saoudite conditionne toute éventuelle normalisation avec Israël à la création d’un Etat palestinien, aux côtés d’Israël. Cette solution à deux Etats est voulue par une grande partie de la communauté internationale en vue d’un règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.
« Pas réaliste »
Mais le gouvernement de Benjamin Netanyahu y est hostile et le Parlement israélien a voté en juillet une résolution contre la création d’un tel Etat dont l’autorité s’étendrait sur la Cisjordanie et Gaza.
Vouloir établir un Etat palestinien n’est pas « aujourd’hui » un projet « réaliste », a ainsi déclaré lundi le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar à Jérusalem.
« En un mot ? Non », a répondu Saar, interrogé sur la possibilité d’étendre la normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes à l’Arabie saoudite en échange de la création d’un Etat palestinien. « Un Etat palestinien (…) sera un Etat Hamas. ».
Mohammed ben Salmane a en outre affirmé qu’Israël devrait « s’abstenir d’attaquer » l’Iran, après des frappes israéliennes contre le territoire iranien en riposte à des tirs de missiles iraniens contre son territoire.
Il a qualifié l’Iran de « République soeur », signe du réchauffement entre les deux puissances rivales au Moyen-Orient, après la fin en 2023 d’une brouille diplomatique de sept ans.
Ennemi juré d’Israël, l’Iran soutient le Hezbollah, le Hamas ainsi que les rebelles yéménites houthis. En revanche, Ryad mène une guerre contre les Houthis et considère le Hezbollah comme une « organisation terroriste ».
Yémen, Irak, Gaza, Liban, Israël
Dans une nouvelle attaque, les Houthis ont revendiqué une attaque contre une base militaire en Israël, où l’armée a confirmé avoir intercepté un missile en provenance de ce pays.
Des groupes irakiens pro-iraniens ont aussi revendiqué des attaques de drones contre Israël, qui ont été interceptés.
Au Liban, l’aviation israélienne a visé des localités du sud du Liban, après un nouvel appel à évacuer des secteurs de cette région, selon l’Agence nationale d’information Ani.
Une mosquée a été détruite dans un raid à Nabatiyeh et plusieurs maisons ont été dynamitées par l’armée israélienne à Aïta el-Chaab, a ajouté Ani.
Un responsable du Hezbollah, Mohammad Afif, a affirmé que son mouvement était « prêt pour une guerre de longue durée ». Il a aussi assuré que l’armée israélienne n’occupait toujours aucun village du sud du Liban où elle a lancé une offensive terrestre le 30 septembre.
M. Saar, lui, a fait état de « certains progrès » en vue d’un cessez-le-feu au Liban, qu’il a conditionné au fait que le « Hezbollah ne (puisse) plus s’armer » et qu’il soit repoussé à bonne distance de la frontière israélo-libanaise.
Dans la bande de Gaza assiégée, la Défense civile a fait état de cinq Palestiniens tués dans des frappes aériennes israéliennes qui ont ciblé une tente pour déplacés à Nousseirat (centre) et une maison à Jabalia (nord).
Sommet « important »
« Le sommet (de Ryad) représente une occasion importante pour les dirigeants de la région de montrer à la future administration Trump ce qu’ils attendent des Etats-Unis », affirme Anna Jacobs du groupe de réflexion International Crisis Group.
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait multiplié les gestes en faveur d’Israël, notamment en transférant l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, mais il avait aussi contribué à la normalisation des liens entre Israël et plusieurs pays arabes.