Le secrétaire d’État américain Antony Blinken téléphone à Netanyahu et à Abbas
Le secrétaire d'État a évoqué l'Iran et la question palestinienne avec le Premier ministre israélien et les tensions en Cisjordanie ou la solution à deux États avec le chef de l'AP
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu au téléphone, à quelques heures d’intervalle, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et avec le président de l’Autorité palestinienne (AP), cette semaine.
Le Conseiller à la sécurité nationale des États-Unis a fait savoir, lors d’un point-presse à la Maison Blanche, que si les entretiens de Blinken avec Netanyahu et Abbas sortaient effectivement de la routine, « ils n’augurent pas d’une avancée ou d’une action imminente s’agissant de la normalisation » avec Ryad.
Blinken a parlé lundi à Abbas et mardi à Netanyahu, a annoncé le département d’État qui n’a donné aucun détail substantiel sur le contenu des deux conversations.
Pendant l’appel avec Netanyahu, Blinken a évoqué le renforcement des liens entre les États-Unis et Israël, « de l’élargissement de l’intégration régionale d’Israël et de la nécessité de contrer les menaces de l’Iran », ainsi que de la question palestinienne, a fait savoir le département d’État.
Blinken « a répété le soutien continu des États-Unis aux politiques qui garantissent la liberté, la sécurité et la prospérité pour les Israéliens comme pour les Palestiniens », a ajouté le compte-rendu américain, reprenant une phrase qui est utilisée par les responsables de l’administration Biden dans presque toutes les déclarations publiques émises dans le cadre du conflit israélo-palestinien.
Le communiqué n’a pas mentionné le soutien apporté par Washington à la solution à deux États – mais le porte-parole du département d’État, Vedant Patel, a insisté durant un point-presse ultérieur qu’il n’y avait « absolument aucun changement dans la politique de l’administration », qui soutient encore ce cadre.
Le Bureau de Netanyahu n’avait pas diffusé de communiqué sur cet entretien téléphonique au moment de la rédaction de cet article, un entretien qui a eu lieu quelques heures après l’annonce, par la Maison Blanche, de la décision prise par Biden de nommer l’ancien secrétaire d’État au Trésor, Jack Lew, au poste de nouvel ambassadeur en Israël.
Une nomination qui survient à une période particulièrement délicate pour les relations entre Israël et les États-Unis, alors que le gouvernement de Netanyahu a l’intention de faire avancer son plan très controversé de refonte du système judiciaire israélien malgré les demandes répétées de Washington, qui réclame que des réformes d’une telle envergure ne soient entreprises que par un large consensus – ce dont le gouvernement de la ligne dure ne peut pas se targuer.
Si l’arrivée de Lew à sa fonction est confirmée, l’homme sera chargé de freiner les initiatives prises par le gouvernement israélien en faveur du développement des implantations en Cisjordanie et de limiter aussi les politiques actuellement mises en œuvre à l’égard des Palestiniens plus largement – des politiques particulièrement dures. Par ailleurs, l’année qui vient de s’écouler a été l’une des plus meurtrières dans ce conflit depuis la Seconde Intifada.
Au cours de son entretien avec Abbas, Blinken a « fait part de son inquiétude face aux violences continues en Cisjordanie », a précisé le département d’État.
Blinken a aussi « réaffirmé le soutien apporté par les États-Unis aux mesures qui permettent de faire avancer la liberté et la sécurité et d’améliorer les conditions de vie des Palestiniens », soulignant son « soutien à une solution à deux États et son opposition à toute action mettant en péril cette dernière », a continué le communiqué émis suite à la conversation entre les deux hommes.
Le compte-rendu diffusé par le Bureau d’Abbas a souligné, de la même façon, les éléments de langage employés depuis longtemps par l’AP, dénonçant les raids de l’armée israélienne dans les villes palestiniennes, les violences des partisans du mouvement pro-implantation et les autres actions israéliennes qui viennent mettre en danger la solution à deux États.
Le président de l’AP a, une fois encore, demandé à Biden de soutenir la candidature de Ramallah à une adhésion pleine et entière aux Nations unies ; la réouverture du consulat américain à Jérusalem, qui offrait de facto ses services aux Palestiniens ; la réouverture du Bureau diplomatique des Palestiniens à Washington ; l’abandon d’une loi qui, en 1987, avait désigné l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et ses affiliés comme groupe terroriste et la reprise du versement direct des aides à Ramallah.
Plusieurs de ces requêtes ont aussi été présentées par les responsables palestiniens lors de discussions avec leurs homologues américains et saoudiens dans le cadre des négociations, placées sous l’égide des États-Unis, portant sur la conclusion d’un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Jérusalem, ont indiqué deux officiels, un Américain et un Palestinien, au Times of Israel, la semaine dernière.
Ces responsables ont indiqué que ces mesures représentaient des avancées « irréversibles » et que l’AP cherchait à les obtenir par le biais du processus de normalisation, ont-ils ajouté.
L’Arabie saoudite est prête à renoncer à son positionnement public de longue haleine qui a toujours été de refuser toute normalisation avec Israël en l’absence d’une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien – mais Ryad ne devrait pas accepter un accord avec Jérusalem sans avancée significative vers la souveraineté palestinienne, selon des officiels proches du dossier.
Plutôt que de boycotter les pourparlers – comme l’AP l’avait fait lors des négociations antérieures portant sur la normalisation des relations entre certains pays arabes et Israël – Ramallah intervient, cette fois-ci, auprès des parties impliquées, souhaitant profiter d’un accord potentiel pour aller de l’avant dans son projet d’établissement d’un état palestinien.
Une délégation dirigée par le secrétaire-général du comité exécutif de l’OLP, Hussein al-Sheikh, se rendra à Ryad cette semaine pour des discussions avec les officiels saoudiens sur le sujet. Une visite qui coïncide avec celle d’une délégation américaine dirigée par le responsable du Moyen-Orient à la Maison Blanche, Brett McGurk, et par la secrétaire d’État adjointe aux Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, qui évoqueront aussi la question de la normalisation.
McGurk et al-Sheikh se rencontreront également avec leurs délégations respectives à Ryad, a fait savoir Sullivan dans la journée de mardi.
McGurk s’est entretenu mardi à Washington avec le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, qui a fait part de son opposition à une possible autorisation donnée à l’Arabie saoudite d’enrichir de l’uranium sur son sol en échange de la normalisation des relations diplomatiques avec Israël.
Le porte-parole du département d’État, Vedant Patel, a déclaré mardi que la délégation américaine « discutera d’un certain nombre de dossiers régionaux et bilatéraux », insistant sur le fait que « cette visite était prévue depuis longtemps ».
McGurk se rendra ensuite à Bahreïn pour préparer le prochain déplacement du prince Salman bin Hamad al-Khalifa à Washington, a fait remarquer Patel.
Leaf, pour sa part, partira pour Amman puis pour Jérusalem, pour informer les responsables israéliens et jordaniens de la teneur de ses discussions avec les Saoudiens, a déclaré un officiel israélien, lundi, au Times of Israel.
Gianluca Pacchiani a contribué à cet article.