Le shekel chute et atteint son niveau le plus bas depuis 2 ans par rapport à l’euro
La monnaie s'échange à 3,66 pour 1 dollar et à 4,02 pour 1 euro, en amont de la révision de la note de crédit du pays par Moody's vendredi
Le shekel israélien a continué à s’affaiblir ces derniers jours, et s’échange jeudi à 3,66 pour un dollar américain et à 4,02 pour un euro – ce dernier étant à la hausse depuis environ deux ans.
La monnaie nationale est en baisse depuis plusieurs mois, à la suite des mesures prises par le gouvernement pour réformer le système judiciaire du pays, ainsi que des attaques terroristes en Israël et des barrages de roquettes lancés sur le pays depuis l’extérieur de ses frontières.
Tels sont les derniers chiffres en date avant la publication par l’agence de notation Moody’s de sa note de crédit actualisée pour le pays, prévue pour vendredi.
En mars, Moody’s avait averti que les projets du gouvernement visant à restreindre le pouvoir judiciaire risquaient d’affaiblir la force institutionnelle du pays et d’affecter négativement ses perspectives économiques. La note actuelle d’Israël est A1, soit la cinquième note la plus élevée de l’agence, avec une perspective positive, mais les investisseurs craignent que Moody’s ne la ramène à « stable ».
Au début du mois, la Banque d’Israël a relevé le taux d’intérêt de référence lors de sa neuvième réunion consécutive, augmentant son taux directeur de 25 points de base pour atteindre 4,5 %, le niveau le plus élevé depuis avant le krach de 2008, au moment où la banque centrale lutte contre la pression inflationniste et où une incertitude « énorme » liée au plan de réforme judiciaire du gouvernement pèse sur l’économie.
« L’incertitude et les événements auxquels nous avons assisté ces dernières semaines ont naturellement eu un impact sur l’économie israélienne », a déclaré le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron.
Yaron a notamment mis en garde contre « l’incertitude qui résulte des mesures législatives relatives au système judiciaire » et l’impact substantiel qu’elles pourraient avoir sur « les développements économiques et financiers à court et à long terme, et donc sur la politique monétaire qui en découlera ».
Alors que les négociations entre le gouvernement et l’opposition se poursuivent sous les auspices du président Isaac Herzog dans le but de trouver un compromis sur le projet de loi controversé de la coalition concernant la réforme du système judiciaire, Yaron a dit espérer que dès lors « qu’une décision serait prise sur la base d’un consensus général obtenu grâce au dialogue et à la collaboration, l’économie se porterait mieux elle aussi ».
La Banque d’Israël a augmenté progressivement son taux d’intérêt de référence depuis le niveau record de 0,1 % en avril dernier, afin de contenir l’inflation, qui a dépassé les 5 % en termes annuels au cours des six derniers mois, et la ramener dans la fourchette cible de 1 % à 3 % fixée par le gouvernement.
« L’économie israélienne enregistre une forte activité, accompagnée d’un marché du travail tendu et d’une augmentation des tendances inflationnistes », a expliqué la Banque centrale dans sa déclaration de décision sur les taux.
« L’économie israélienne enregistre une forte activité, accompagnée d’un marché du travail tendu, bien que l’on observe un certain ralentissement sur plusieurs indicateurs », a déclaré la banque centrale dans un communiqué. » L’inflation annuelle s’est quelque peu ralentie, mais à un rythme moins prononcé que lors des évaluations précédentes. »
En ce qui concerne le remaniement judiciaire, la principale crainte est qu’il n’érode la démocratie et n’affaiblisse l’équilibre des pouvoirs, ce qui, à son tour, rendrait les investisseurs en capital-risque et les autres bailleurs de fonds réticents à investir leur argent dans le pays, déclenchant ainsi une fuite de fonds.
La Banque d’Israël a noté qu’il y avait déjà des développements sur les marchés indiquant une augmentation de la prime de risque de l’économie.
« Alors que les prix ont augmenté sur les marchés de capitaux du monde entier depuis le début de l’année, les indices d’actions en Israël ont été moins performants et ont baissé depuis le début de l’année », a déclaré Yaron. « Le shekel a connu une forte volatilité au cours des dernières semaines, qui a également été affectée par les événements récents dans le pays.
« Depuis le début de l’année, le shekel s’est nettement déprécié par rapport au dollar et en termes de taux de change effectif nominal, et s’est même éloigné de la forte corrélation qui existait entre le S&P 500 et le taux de change », a-t-il ajouté.
Yaron a mis en garde, ces dernières semaines contre la menace sur l’économie que représentait la volonté du gouvernement de restreindre le système judiciaire, avertissant d’un ralentissement des investissements dans l’industrie technologique locale et des risques de fuite des cerveaux.
Sharon Wrobel a contribué à cet article.