Le suspect de la fusillade de Washington était un militant anti-Israël ulcéré par le « blanchiment » de Seattle
Lié au Parti pour le socialisme et la libération, Elias Rodriguez avait une pancarte "Tikkun Olam signifie PALESTINE LIBRE "à sa fenêtre ; Un semblant de manifeste commandait d'"importer le conflit"

Les fenêtres du domicile d’Elias Rodriguez, à Chicago – l’homme qui, selon les autorités, a tué deux assistants de l’ambassade d’Israël lors d’un événement juif à Washington, DC, mercredi -étaient revêtues de pancartes politiques.
Sur l’une d’entre elles, on peut lire que ceci est un « foyer syndicaliste et fier de l’être, » et sur une autre, « Justice pour Wadea », le garçon américano-palestinien de 6 ans tué dans une banlieue de Chicago en 2023. Sur une troisième pancarte, on peut enfin lire : « Tikkun Olam signifie PALESTINE LIBRE ». Tikkun olam est une expression en hébreu qui veut dire « Réparer le monde », un raccourci utile pour parler de justice sociale.
Ces pancartes précisent le portrait du suspect, au lendemain de la fusillade qui a eu lieu au Musée juif de la capitale, et qui a tué Yaron Lischinsky et Sarah Milgrim.
L’activisme passé de Rodriguez et sa présence en ligne, ainsi qu’un manifeste potentiellement écrit de sa main, dessinent le portrait d’un jeune homme animé de convictions d’extrême gauche, et ce de longue date.
La police de Washington a identifié Rodriguez, qui est âgé de 31 ans et qui est originaire de Chicago, comme étant le tireur présumé lors d’une conférence de presse, mercredi soir. Il a lui-même laissé entendre aux agents dépêchés sur les lieux de la fusillade qu’il était l’auteur des faits, a souligné la police.

Dans une vidéo de la scène, on voit le tireur présumé menotté, en train de crier « Libérez la Palestine » alors que des policiers l’évacuent des lieux.
Selon un témoin oculaire interrogé par le Jewish Insider, après la fusillade, le suspect aurait crié : « Je l’ai fait, je l’ai fait. Libérez la Palestine. Je l’ai fait pour Gaza. ». Les documents de sa mise en accusation confortent cette version, conforme à un manifeste signé par un certain Elias Rodriguez et diffusé sur X une heure environ après la fusillade, avant que les autorités ne donnent le nom du un suspect.
Long de 900 mots, ce manifeste plaide en faveur de la « moralité de la manifestation armée » et comporte une légende invitant ses lecteurs à « Redoubler d’intensité pour Gaza, à importer le conflit ».
L’auteur du manifeste déclare avoir pris « une extrême conscience de notre conduite brutale en Palestine » pendant la guerre de Gaza en 2014 et ajoute qu’à l’époque : « Pour la plupart des Américains, une telle action aurait été incompréhensible et aurait semblé folle », mais les choses ont changé.
« Je suis heureux de savoir qu’aujourd’hui au moins, cette action sera comprise par bon nombre d’Américains et, comble de l’ironie, elle était la seule et unique chose à faire », dit le manifeste.

Le compte X qui a publié le document regorge par ailleurs d’articles à propos de la guerre à Gaza, dont des messages datant de janvier 2024 comportant les mots « De@th 2 Amerikkka » et « Bonne année, mort à Israël ».
En octobre 2024, il avait publié : « Progressistes, même si j’aime me plonger dans le discours™️ du jour, pouvons-nous s’il vous plaît sauver le débat idéaliste et noble sur la moralité de l’envoi d’un camion piégé dans les bureaux du New York Times jusqu’à ce que nous envoyions un camion piégé dans l’offi. [sic] »
En septembre 2024, le compte avait publié l’image d’un titre concernant l’envoi de soldats israéliens au Liban avec des emojis couteau, cochon et drapeau israélien. En novembre 2023, il avait republié la photo d’une manifestation organisée par Jewish Voice for Peace, organisation antisioniste qui a eu un rôle de tout premier plan dans les manifestations contre la guerre à Gaza.
Jewish Voice for Peace a condamné la fusillade dans un message publié jeudi matin. « Nous condamnons la fusillade mortelle d’hier soir contre deux membres du personnel de l’ambassade d’Israël à Washington D.C. », a écrit l’organisation.
« Notre prime conviction est que toute vie humaine est précieuse, raison pour laquelle nous luttons pour un monde dans lequel tous les êtres humains pourraient vivre en sécurité et de manière digne. »

La présence en ligne de Rodriguez semble le lier à la section de Chicago du Parti pour le socialisme et la libération, un parti socialiste qui se dit volontiers révolutionnaire.
Un article publié en 2017 dans le journal de ce parti – Liberation Magazine – parle de Rodriguez et de sa colère envers le projet d’installation du siège d’Amazon à Chicago. L’article a été retiré après la fusillade de DC.
« Le blanchiment d’Amazon à Seattle est structurellement raciste et présente un danger direct pour tous les travailleurs de cette ville », expliquait Rodriguez dans cet article.
« Que ce soit à Chicago ou ailleurs dans le pays, voulons-nous avoir des villes dominées et occupées par des entreprises gigantesques dans lesquelles seuls les riches et les blancs pourraient vivre et où la grande majorité d’entre nous devra vivre en marge, de la ville et de la société, dans une pauvreté de plus en plus profonde ? »
Dans l’article, on voit une photo de lui devant la maison de l’ex-maire de Chicago, Rahm Emanuel, en train de manifester pour que justice soit rendue à Laquan McDonald, un adolescent noir tué par un policier en 2014.
Sur X, le Parti pour le socialisme et la libération (PSL) a nié tout lien avec Rodriguez tout en reconnaissant qu’il avait été adhérent du parti en 2017 : « Nous rejetons toute association entre le Parti pour le socialisme et la libération et la fusillade de DC. Elias Rodriguez n’est pas membre de la PSL. Il a été brièvement lié à l’une des branches du PSL jusqu’en 2017. Nous n’avons connaissance d’aucun contact avec lui depuis plus de 7 ans. Nous n’avons rien à voir avec cette fusillade et nous ne la cautionnons pas. »

Rodriguez a occupé un poste administratif à l’American Osteopathic Information Association. L’organisation a publié une déclaration à la suite de son arrestation, se disant « choquée et attristée d’apprendre qu’un employé de l’AOIA avait été arrêté et était suspect d’un crime horrible ».
Avant cela, selon sa page Linkedin, il aurait travaillé pour The HistoryMakers, ONG de Chicago qui s’est fait une spécialité de documenter l’histoire afro-américaine.
Le profil de Rodriguez sur le site Internet de l’organisation a, depuis, été supprimé. Mais un profil appartenant à un certain Elias Rodriguez, sur le site Internet HistoryMakers trouvé sur la Wayback Machine, montre qu’il était chercheur en histoire orale pour l’organisation et diplômé d’une licence en anglais obtenue à l’Université de l’Illinois à Chicago.
Selon son profil sur le site, il « aime lire et écrire de la fiction, écouter de la musique live, voir des films et découvrir de nouveaux endroits ».
En 2017, Answer Chicago avait procédé à une collecte de fonds pour que Rodriguez puisse assister au Congrès du peuple de la résistance à Washington, DC. Sur la page GoFundMe, il avait écrit que son père, membre de la Garde nationale de l’armée, avait été envoyé en Irak.
Photographié avec des goodies des Cubs de Chicago, Rodriguez avait écrit : « Je ne veux pas voir qu’une autre génération d’Américains ait à revenir de guerres impérialistes génocidaires les mains pleines de trophées. »