L’économie du cash constitue près de la moitié du PIB libanais – Banque mondiale
En plus de la défaillance systématique du système bancaire libanais et l'effondrement de la monnaie, le pays , sans président, est plongé dans une profonde crise politique
L’économie libanaise est désormais pour près de la moitié basée sur l’argent liquide du fait de l’effondrement de la monnaie nationale et de la défaillance du système bancaire, s’alarme la Banque mondiale.
« La défaillance systématique du système bancaire libanais et l’effondrement de la monnaie ont provoqué l’apparition d’une vaste économie ‘dollarisée’ fondée sur l’argent liquide, d’une valeur estimée à 9,86 milliards de dollars, soit 45,7 % du PIB en 2022 », estime-t-elle dans un rapport publié mi-mai.
Selon l’institution internationale, cette économie « accroît le risque de blanchiment d’argent, renforce le caractère informel de l’économie et encourage la fraude fiscale ».
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise socio-économique sans précédent, largement imputée à la corruption et l’incurie de la classe dirigeante.
Le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, lié à la classe politique et accusé de corruption, est depuis le 16 mai visé par un mandat d’arrêt international émis par une juge française.
La monnaie locale a perdu plus de 98 % de sa valeur par rapport au dollar sur le marché parallèle, tandis que des restrictions bancaires draconiennes empêchent les épargnants d’avoir librement accès à leur argent.
Parmi les principales causes de cette transformation de l’économie figure « la perte de confiance dans le secteur bancaire insolvable », souligne la Banque mondiale.
Selon la Banque mondiale, le Liban fait partie des pays où le volume des remises migratoires en pourcentage du PIB est très élevé, s’élevant à près de 7 milliards de dollars en 2022.
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La plupart de ces fonds ont été envoyés hors système bancaire, la confiance des Libanais envers leurs banques ayant été fortement ébranlée par la crise, alors qu’une partie des salaires dans le pays est désormais versée en espèces pour éviter d’avoir recours aux banques.
La Banque mondiale estime cependant qu’une « économie fondée sur un recours généralisé et grandissant à des billets de banque en dollars pour effectuer les paiements constitue un obstacle majeur à la reprise économique du Liban ».
Le pays est en outre plongé dans une profonde crise politique : sans président depuis plus de six mois faute d’accord entre les députés censés élire un chef de l’État, le Liban est dirigé par un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits.