L’économie du « donut », modèle économique alternatif durable, arrive en Israël
Avec un nouveau site en hébreu, son ouvrage fondateur qui sortira en juillet, le groupe veut présenter son modèle économique qui cherche à empêcher la chute dans la pauvreté
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Un forum visant à avancer un nouveau modèle économique pour le 21e siècle, et dont l’objectif est de sortir les individus de la pauvreté et des privations tout en conservant intacts les systèmes de la Terre, a été lancé en Israël dans la journée de lundi.
Deux jeunes Israéliens, Meirav Cohen, qui prépare un doctorat au Technion – Institut israélien de la technologie, et Zohar Ianovici, économiste à la Banque mondiale, se sont associés au Centre Heschel de Développement durable, organisant leur première réunion sur Zoom.
Ils s’attendaient à ce que peu de monde les rejoigne lors de cette réunion – mais 84 personnes y ont participé.
L’économie du « donut », dont la popularité ne cesse de se développer dans le monde entier, avait été développée par une économiste de l’université d’Oxford, Kate Raworth. Cette dernière a présenté sa théorie en détail dans un livre paru en 2017, Doughnut Economics: Seven Ways to Think Like a 21st-Century Economist, qui est actuellement traduit en hébreu et qui devrait être publié au mois de juillet.
Raworth affirme que le modèle de pensée du 20e siècle, basé sur le désir de continuer à élargir la croissance, à augmenter la production et la consommation – ce qui entraîne un pillage des ressources naturelles – n’a plus de pertinence aujourd’hui.
Elle résume son modèle économique dans un diagramme où un cercle – qu’elle appelle le doughnut, ou beignet – représente « l’espace sûr et juste » pour l’humanité.
Dans le trou du « beignet », la proportion de personnes qui, par manque de capacités, ne parviennent pas à avoir accès aux éléments essentiels de l’existence : Accès à l’eau, à l’alimentation ; services de soin ; éducation ; logement ; paix, justice et justice sociale.
A l’extérieur du beignet, les « limites écologiques » et planétaires qui ne doivent pas être dépassées pour maintenir l’équilibre de la planète et qui, si elles sont outrepassées, entraînent des conséquences indésirables comme la perte de la biodiversité, la pollution de l’air, l’acidification des océans et le changement climatique.
Ianovici a découvert ce modèle à Amsterdam où il avait déménagé durant la pandémie de coronavirus. Amsterdam, comme la région de Bruxelles, en Belgique, sont actuellement en train d’intégrer le « donut » en tant qu’outil qui permettra d’assurer une transition vers une économie plus durable à la sortie de la pandémie.
L’équipe israélienne a créé un premier site en hébreu. Elle espère non seulement sensibiliser au concept, mais également convaincre la municipalité de Tel Aviv de lancer un projet-pilote incorporant la théorie du donut.
« Nous sommes en train de lancer une communauté israélienne qui osera réfléchir à une économie différente », commente Cohen.
Lia Ettinger, directrice de recherches au centre Heschel, note pour sa part que la communauté mondiale a d’ores et déjà approuvé le principe du « beignet » en se fixant les 14 Objectifs de développement durable (SDG) à l’ONU.
Les Nations unies avaient déclaré que ces objectifs étaient « un appel universel au passage à l’acte pour mettre un terme à la pauvreté, pour protéger la planète et pour que toutes les populations puissent vivre dans la paix et la sécurité à l’horizon 2030. »
Raworth est parvenue à rassembler « un nombre infini d’accords, d’idées et de connaissances et à les présenter sous la forme d’un diagramme simple qui communique simplement des concepts compliqués », continue Ettinger.
Raworth, poursuit Ettinger, « nous montre la direction que nous avons empruntée et elle dit au monde : ‘C’est ça que vous avez accepté’. »
« Actuellement, nous dépassons les éléments du plafond écologique et trop nombreux sont ceux qui tombent dans le trou », s’exclame-t-elle.
« C’est un travail en cours. Personne ne sait exactement comment on y arrivera, mais beaucoup de travail est actuellement abattu », note-t-elle.