L’Eglise polonaise aurait volé la terre d’une famille juive après la Shoah
Le gouvernement aide l'Eglise dans son combat juridique contre l'Australienne Ann Drillich après des années de procédure judiciaire
Une femme juive australienne mène une bataille juridique avec l’Eglise polonaise au sujet d’une ancienne parcelle de terre à proximité de Cracovie, dont elle a dit qu’elle avait été volée par des voisins et donnée à la paroisse illégalement après la Shoah.
Ann Drillich mène une bataille contre les autorités religieuses polonaises depuis des années. Selon un article récent du Guardian, les tribunaux ont statué en sa faveur.
Mais l’Eglise a maintenant demandé l’aide du gouvernement, et le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro utilise des pouvoirs spéciaux pour renverser les décisions de justice et rouvrir l’affaire.
La famille de Drillich avait vécu à Tarnow pendant des siècles jusqu’à ce que l’occupation nazie les force à la quitter pour un ghetto, où ils sont tous morts. Blanka, la mère d’Ann, a réussi à se cacher avec la famille voisine Poetschke pendant la durée de la guerre. La famille Jerzy Poetschke a ensuite été décorée comme Juste parmi les nations.
Après la guerre, Blanka est rentrée chez elle, mais l’antisémitisme dans la communauté l’a conduit à émigrer en Australie, et Jerzy Poetschke s’est occupé de ses affaires.
Mais Drillich a dit que la famille avait découvert des années plus tard que Jerzy avait trahi leur confiance. Après la mort de Blanka qui s’est suicidée, il a vendu une partie de la terre par profit et a donné l’autre partie à l’église.
Depuis 2010, Ann Drillich s’est lancée dans une bataille juridique pour récupérer le terrain de sa famille.
« Ils n’ont pas simplement volé notre terre, mais aussi l’histoire de ma famille », a-t-elle dit.
L’Eglise affirme que les allégations et les documents de Drillich sont frauduleux. Mais des tribunaux ont constamment statué en sa faveur.
Ziobro, le ministre de la Justice, est membre du parti nationaliste Loi et Justice, parti polémique pour son attitude envers l’histoire du pays pendant la Shoah, et également connu pour encourager les réactions du public contre les demandes de restitutions des Juifs.
Drillich a déclaré au Guardian que ses démarches légales pour récupérer les propriétés de famille l’ont conduite à faire l’objet de nombreuses insultes antisémites par des Polonais sur les réseaux sociaux et à la diffusion d’informations diffamatoires dans les médias locaux.
Drillich a dit qu’il s’agissait d’une bataille de principe.
« Si je gagne, je veux des excuses, je veux une compensation et une réconciliation sincère. Je ne chercherai pas à détruire l’Eglise », a-t-elle dit.
Elle a déclaré au journal qu’elle ne regrettait pas d’avoir dédié autant d’énergie ces dernières années pour mener ce combat juridique.
« La Shoah a détruit ma famille. Je sais à quel point cette propriété avait de l’importance pour ma mère. Elle a été tellement courageuse de la réclamer après la guerre », a-t-elle dit.