L’Egypte envoie une délégation en Israël, pour parler d’une trêve à Gaza – médias
"Sinwar a pris la décision de retenir [Hersh Goldberg-Polin] et d'autres personnes plutôt que de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza", a expliqué un haut responsable de l'administration Biden
Une délégation égyptienne est attendue vendredi en Israël pour tenter, selon des médias, de relancer les négociations au point mort sur une trêve entre Israël et le Hamas, associée à une libération d’otages toujours retenus dans la bande de Gaza depuis les massacres sadiques perpétrés le 7 octobre par le groupe terroriste palestinien et des civils complices.
Jeudi, le cabinet de guerre israélien s’est réuni « pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas », selon le porte-parole du gouvernement, David Mencer.
Une délégation venue d’Egypte, l’un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de « sécurité », selon une source proche du gouvernement.
Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations et plaider pour un accord de trêve entre Israël et les terroristes palestiniens impliquant la libération de « dizaines » d’otages.
D’après le site israélien Walla, qui cite un haut responsable israélien, les discussions portent sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas « humanitaires ».
Selon la chaîne Al-Araby, il s’agit aussi d’appuyer les efforts déployés par l’Egypte pour empêcher une offensive sur Rafah.
Un responsable de la branche politique du Hamas, Ghazi Hamad, a estimé jeudi à l’AFP depuis le Qatar qu’un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d’obtenir « ce qu’il veut », c’est-à-dire « éliminer le Hamas ou récupérer » les otages.
« Les négociations sont au point mort » et c’est « l’obstination d’Israël » qui « fait tourner les négociations en rond ces derniers mois », affirme Ghazi Hamad. « M. Netanyahu et ses ministres disent que la guerre doit continuer, que le Hamas doit être détruit et que Rafah doit être prise. Clairement ils n’ont pas l’intention de négocier », fait-il valoir.
Le Hamas de son côté « a clairement et explicitement présenté sa position aux médiateurs », a poursuivi M. Hamad. « Nos demandes fondamentales invariablement exprimées sont une déclaration claire et explicite de cessez-le-feu, un retrait complet » des forces israéliennes de la bande de Gaza et « le retour des déplacés », a-t-il dit.
Les plus récentes propositions de la partie israélienne ne répondaient pas à ces « demandes fondamentales », a-t-il assuré. Hamad accuse M. Netanyahu de « tergiverser » pour « tromper le public israélien » et « leurrer la communauté internationale en disant qu’il y a des négociations et en déformant la vérité en affirmant que le Hamas constitue l’obstacle dans ces négociations ».
Quelques heures plus tôt, David Mencer avait affirmé que le Hamas se sentait « encouragé » par « certains acteurs régionaux » et « c’est pourquoi il s’éloigne » des négociations.
Ghazi Hamad a aussi assuré à l’AFP que le Hamas travaillait déjà « jour et nuit » à « l’après-guerre ». « Nous avons de nombreux contacts avec des pays, des institutions et des organisations humanitaires », a-t-il dit, « nous travaillons à la phase d’après-guerre pour faire en sorte qu’un effort considérable soit déployé pour reconstruire la bande de Gaza ».
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirme qu’une offensive sur Rafah est nécessaire pour vaincre le Hamas et libérer les otages, les deux principaux objectifs affichés de l’offensive en cours.
Un fonctionnaire américain a déclaré que Yahya Sinwar était le seul à prendre des décisions pour le Hamas dans le cadre des négociations visant à libérer les otages.
Depuis le début, les négociations sont ponctuées par des moments de percée significative avec des dirigeants du Hamas « qui vivent dans des hôtels de luxe », pour être ensuite rejetés par le chef du groupe terroriste à Gaza, a confié jeudi à la presse un haut responsable de l’administration américaine.
« Seul Sinwar décide (…) et Sinwar vit dans les profondeurs de Gaza, alors qu’au-dessus de lui, la bande de Gaza est une zone de guerre et les habitants souffrent », a ajouté le haut fonctionnaire lors d’une conférence de presse. À la question de savoir s’il accepterait de libérer les otages de la catégorie vulnérable contre un cessez-le-feu qui permettrait de soulager la population de Gaza, Sinwar a répondu en personne par un « non ».
« Sinwar a pris la décision de retenir [Hersh Goldberg-Polin] et d’autres personnes plutôt que de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza », a expliqué le haut responsable de l’administration Biden.
Il a reconnu qu’à certains moments des négociations, Israël s’était montré moins coopératif, mais lors du dernier appel entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ce dernier a « pleinement accepté » la proposition actuellement sur la table.
« À l’heure actuelle, la simple vérité est qu’il y a un accord sur la table qui répond à presque toutes les demandes du Hamas », a ajouté le responsable.
« Les Égyptiens, les Qataris et ceux qui sont impliqués de près dans le processus ont estimé que la réponse que nous avons reçue de l’intérieur de la bande de Gaza n’était absolument pas constructive ».
Le fonctionnaire a ajouté que le Hamas avait envoyé des « signaux » visant à clarifier le fait qu’il n’avait pas réellement rejeté la dernière offre et qu’il était prêt à s’asseoir et à poursuivre les négociations, mais il n’est pas certain que ces signaux soient sincères ni que le groupe terroriste n’essaie pas en fait de faire traîner les choses en longueur. « Nous le saurons dans les jours à venir. »
« Il y a des signes qu’une solution pourrait être trouvée, mais je ne suis pas très confiant, car nous entendons régulièrement des déclarations de dirigeants du Hamas à l’extérieur de Gaza qui ne reflètent pas la position des dirigeants du Hamas à l’intérieur », a ajouté le haut responsable de l’administration, soulignant que même les dirigeants du Hamas à l’étranger reconnaissaient que le seul à prendre des décisions au sein du groupe terroriste était Sinwar.
À la question de savoir si les exigences du Hamas concernant un cessez-le-feu permanent, qu’Israël ne semble pas vouloir accepter, avaient été un point de friction, le haut responsable a répondu que la proposition sur la table tiendrait effectivement compte de la demande du groupe terroriste.
« Il s’agit d’un cessez-le-feu immédiat de six semaines, qui conduirait à une deuxième phase, puis à un rétablissement permanent du calme », a précisé le responsable, ajoutant que les États-Unis agiraient comme « garant, aux côtés de l’Égypte et du Qatar, pour s’assurer du bon déroulement de ce processus ».