Les Affaires étrangères soutiennent l’octroi de passeports diplomatiques aux membres du Likud
Selon le vice-directeur du ministère, Yossi Dayan, l'accès aux demandes, dont celle du fils du Premier ministre, a été accordé pour des "raisons spécifiques", malgré l'opposition

Les représentants du service diplomatique israélien ont rejeté les accusations de politisation du ministère des Affaires étrangères, suite à la décision du ministre Eli Cohen de délivrer des passeports diplomatiques à des membres éminents de son parti, le Likud. Ils ont expliqué lundi aux législateurs que les fonctionnaires du ministère avaient agi légalement et dans le cadre de leur autorité.
S’adressant aux membres de la commission de contrôle de l’État de la Knesset, le vice-directeur général du ministère des Affaires étrangères, Yossi Dayan, un ancien militant du Likud, a déclaré que les critiques formulées à l’encontre de la décision de Cohen d’accorder des passeports, contre l’avis du conseil interne de son bureau, n’étaient pas justifiées. Il a accusé les médias d’attaquer injustement les fonctionnaires du ministère.
Un groupe de professionnels du ministère chargé de statuer sur les demandes de passeports diplomatiques présentées par Cohen a décidé de ne pas les émettre, mais le directeur général du ministère des Affaires étrangères, Ronen Levy, a annulé la décision de la commission, informant les membres qu’il agissait sur instructions spécifiques de Cohen, comme le rapportait le quotidien Haaretz au début du mois.
Parmi les personnalités du Likud qui auraient reçu un passeport diplomatique on trouve le président du conseil régional de Binyamin, Yisrael Gantz, le maire de Dimona, Benny Biton, le président du conseil régional de Sdot Neguev, Tamir Idan, et le président du conseil régional de Merhavim, Shay Hajaj.
Cohen aurait également ordonné au ministère de délivrer un passeport diplomatique à Yair Netanyahu, le fils de Benjamin Netanyahu, bien que les enfants des chefs d’État ou de gouvernement âgés de plus de 18 ans n’y ont pas droit.
Pressé par les législateurs de fournir des explications sur les agissements de Cohen, Dayan a indiqué que des « raisons spécifiques » justifiaient la délivrance d’un passeport à chacun des fonctionnaires liés au Likud, citant notamment le rôle d’Idan au sein d’une initiative visant à recruter des travailleurs agricoles étrangers ou le travail de Gantz en tant que chef du bureau des affaires étrangères du Conseil de Yesha, l’organisation faîtière représentant les autorités locales dans les implantations.

En ce qui concerne Yair Netanyahu, Dayan a expliqué que la détention d’un passeport diplomatique était nécessaire pour permettre aux gardes du corps du Shin Bet de continuer à protéger le fils du Premier Ministre lors de ses voyages à l’étranger.
Selon des informations partagées lundi matin par la chaîne publique Kan, Netanyahu aurait demandé au directeur général du ministère des Affaires étrangères des passeports diplomatiques pour les membres de sa famille à quatre reprises depuis 2009.
Selon le Centre d’information et de recherche de la Knesset, 5 651 passeports diplomatiques sont actuellement en circulation. 1 462 d’entre eux ont été délivrés à des personnes ne faisant pas partie du personnel du ministère des Affaires étrangères.
Les représentants du ministère des Affaires étrangères ont fait savoir aux députés que seuls une poignée d’entre eux étaient le fruit d’une dérogation de Cohen à la commission.
« La commission examine principalement les demandes des fonctionnaires et de certaines institutions nationales qui, pour des raisons particulières, ont besoin d’un passeport », a indiqué David Goldfarb, un représentant du bureau juridique du ministère, aux législateurs.
« Certaines de ces demandes concernent des travailleurs qui ne sont pas membres du corps diplomatique et la commission tend à réduire [le nombre de passeports délivrés] et à ne les délivrer que dans les cas qu’elle juge nécessaires. Par ailleurs, le directeur général peut octroyer un passeport sans automatiquement avoir à passer par la commission », a-t-il déclaré.
« Chaque directeur général a approuvé moins de dix passeports au cours de son mandat. Le directeur général actuel en a approuvé cinq à ce jour, dont trois ont été rejetés par la commission », a-t-il ajouté.
Le député Mickey Levy (Yesh Atid), président de la commission, a déclaré que l’implication directe de Cohen donne l’impression qu’il n’a pas les « mains propres » et a appelé à une plus grande transparence dans le processus.
« Le ministère doit s’assurer que les règles de délivrance d’un passeport diplomatique sont publiées », a-t-il déclaré. Les agissements de Cohen laissent « une impression d’opacité », a ajouté Levy.
Suite aux révélations de son ingérence présumée dans le processus d’approbation des passeports, Cohen a confié à ses associés qu’il « n’était pas impliqué dans la question des passeports diplomatiques » et qu’il n’avait « pas l’autorité d’approuver ou de donner ces ordres », selon Haaretz.