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Les alliés haredi de Netanyahu réitèrent leur demande d’une loi d’exemption militaire

Le ministre Yahadout HaTorah Porush a conseillé au Premier ministre de rentrer chez lui s’il ne pouvait pas tenir sa promesse d’adopter une loi avant l’approbation du budget

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, serre la main de MM. Yisrael Eichler et Meir Porush à la Knesset, 25 janvier 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90/File)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, serre la main de MM. Yisrael Eichler et Meir Porush à la Knesset, 25 janvier 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90/File)

La coalition ultra-orthodoxe est montée d’un cran, mardi, dans les reproches adressé au Premier ministre Benjamin Netanyahu en raison de l’absence de progrès en vue de l’adoption d’une loi d’exemption du service militaire pour les ultra-orthodoxes.

Un ministre a même dit que Netanyahu ferait mieux de quitter ses fonctions s’il n’était finalement pas en mesure de tenir sa promesse, et un député a laissé entendre que son parti pourrait ne pas voter le budget de l’État, ce qui aurait pour effet de renverser la coalition.

Le député Moshe Roth a déclaré au Times of Israel que les principaux rabbins d’Agudath Yisrael, la faction hassidique au sein du parti, étaient déçus de l’absence de loi, rappelant que l’accord de coalition entre Yahadout HaTorah et le Likud était adossé à un engagement clair à l’adoption de cette loi en particulier avant celle du budget.

Bien que le gouvernement dispose d’une majorité de 64 sièges sur les 120 que compte la Knesset et qu’Agudath Yisrael n’ait que trois membres à la Knesset, les quatre députés de Degel Hatorah, la faction non hassidique du parti, pourraient finir par rejoindre leurs collègues, ce qui ferait peser une lourde menace sur un gouvernement sommé d’adopter un budget d’ici le 29 mai afin d’empêcher la dissolution automatique de la Knesset et la convocation d’élections nationales.

La coalition religieuse de droite souhaite en effet faire adopter une loi qui abaisserait de 26 à 21 ans l’âge au-delà duquel les hommes sont exemptés du service militaire.

Le seuil actuel d’exemption empêche aujourd’hui les étudiants de yeshiva d’entrer sur le marché du travail avant l’âge de 26 ans, même s’ils ne souhaitent plus poursuivre d’études religieuses.

Les autorités s’opposent à un abaissement aussi important du seuil et les analystes estiment qu’un compromis devra être trouvé à mi-chemin.

Roth a fait savoir que la question de la conscription militaire était cruciale pour la direction rabbinique d’Agudath Yisrael.

Le député Moshe Roth assiste à une réunion du parti à la Knesset, le 21 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Les dirigeants d’Agudat Yisrael veulent que l’accord soit respecté », a déclaré Roth.

« Nous sommes agacés et déçus que [les lois d’exemption du service militaire] n’aient pas encore été adoptées : nous voulons que les accords soient respectés. »

Roth, représentant Agudath Yisrael de la communauté hassidique de Sanz, reconnait qu’il est aujourd’hui impossible d’adopter une loi aussi complexe à trois semaines seulement de la date limite fixée pour l’adoption du budget, à savoir le 29 mai, mais dit attendre des actions concrètes de la part de Netanyahu et du gouvernement afin qu’ils votent le budget.

Par actions, dit-il, on entend la présentation d’un projet de loi sur la question – qui est encore dans les limbes – ou une déclaration sur le calendrier d’adoption finale de la loi.

« Nous souhaitons que le Likud, le parti de Netanyahu, donne un signe d’avancement sur la question. Si c’est le cas, le budget sera adopté. A défaut, Agudat Yisrael ne votera pas avec le gouvernement, ce qui signifie que le gouvernement pourrait tomber », a déclaré Roth.

Selon l’accord de coalition entre YaHadout HaTorah et le Likud, une loi fondamentale doit être adoptée avant l’adoption du budget, faisant de l’étude de la Torah « une valeur fondamentale du peuple juif », en plus d’une loi exemptant de toute forme de service militaire les étudiants ultra-orthodoxes de yeshiva.

Le président du Likud, Benjamin Netanyahu, à droite, serre la main du chef du parti YaHadout HaTorah, Yitzchak Goldknopf, lors du plénum de la Knesset le 21 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’exigence d’une Loi fondamentale concernant l’étude de la Torah a vocation à empêcher la Cour Suprême d’annuler la loi d’exemption du service militaire, ce qu’elle a, par le passé, fait à trois reprises au motif que ces exemptions violent le principe d’égalité des citoyens, dans la mesure où tous les autres hommes juifs sont tenus d’effectuer leur service.

De son côté, le ministre des Affaires de Jérusalem, Meir Porush, a reproché l’échec de l’adoption de ces lois à Netanyahu.

« Pourquoi avons-nous signé des accords de coalition ? Pour qu’ils ne soient pas honorés ? » a déclaré Porush lors d’une interview avec le site d’information Haredi Kikar HaShabbat.

« Je ne comprends pas Netanyahu. Il veut vraiment se couvrir de ridicule? »

Le ministre ultra-orthodoxe a également rappelé la demande de son parti d’une clause dite dérogatoire permettant à la Knesset de légiférer de nouveau sur une loi précédemment invalidée par la Cour Suprême, ou de soustraire certains projets de loi à son examen.

Porush a précisé qu’il s’agissait dans l’esprit de son groupe d’une dérogation « complète », alors même que 61 députés seulement suffisent à l’activer, et a expliqué que les chefs spirituels de YaHadout HaTorah n’auraient jamais accepté de signer l’accord de coalition sans un tel engagement.

La clause dérogatoire, qui fait partie du très controversé projet de réforme judiciaire du gouvernement, est considérée par les partis ultra-orthodoxes comme nécessaire pour s’assurer que les exemptions de service militaire s’inscrivent de manière pérenne dans la loi israélienne. Ses critiques estiment qu’elle aurait pour conséquence de saper les fondements démocratiques d’Israël en donnant au gouvernement des pouvoirs illimités.

Des ultra-orthodoxes affrontent la police à Jérusalem alors qu’ils manifestent contre l’arrestation de membres de la communauté qui n’ont pas obtempéré à l’ordre de conscription militaire, le 29 septembre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

« Pourquoi aurais-je pris la peine de prendre part à cette coalition, si c’était pour entendre les mêmes excuses de la part des fonctionnaires du Trésor que celles que nous avaient servies à l’époque [Naftali] Bennett et Yair Lapid ? Pourquoi aurions-nous pris la peine d’organiser des élections ? », a-t-il ajouté, faisant allusion au gouvernement précédent et affirmant que l’actuel ministère des Finances avait continué à refuser les demandes de fonds publics pour les yeshivas ultra-orthodoxes.

« Quand pourrons-nous cesser d’avoir peur face aux lois relatives au service militaire ? Si nous devons continuer d’avoir peur, alors Netanyahu doit dire qu’il est incapable d’être Premier ministre parce qu’il ‘ne peu[t] pas nous donner ce dont nous avons besoin’ – il devrait le dire », a déclaré Porush.

« Netanyahu ne peut pas dire ‘je ne peux pas’. Tu ne peux pas? Alors ne sois pas Premier ministre. Qu’est-ce que c est que ça ? Rentre chez toi », fulmine-t-il.

Degel Hatorah est considéré comme plus pragmatique sur le calendrier d’adoption des lois d’exemption du service militaire, bien qu’un porte-parole du président de la faction, le député Moshe Gafni, ait déclaré que le parti s’abstenait de tout commentaire sur la question pour le moment.

Le Likud a fait en sorte de retarder l’adoption de cette loi, de crainte d’une forte désapprobation publique face à une loi potentiellement très impopulaire, alors même que la réforme judiciaire, pour l’heure mise entre parenthèses dans l’attente de négociations de compromis avec l’opposition, lui occasionnait de sérieuses difficultés.

Le chef de la commission des finances, le député Moshe Gafni, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, lors d’une audition sur le budget de l’État à la commission des finances de la Knesset, le 16 avril 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Plus important encore, le parti de Netanyahu craint de ne pas avoir le temps d’adopter un budget d’ici la fin du mois s’il ajoute d’autres points à l’ordre du jour.

Revenant sur la question des exemptions de service militaire en faveur des haredim, Roth a fait valoir que l’étude de la Torah était essentielle dans la préservation de l’observance religieuse et, en fin de compte, dans la justification du droit du peuple juif à habiter la terre d’Israël.

« Les joyaux de la couronne du peuple juif, c’est la Torah, qui est nôtre depuis 3 500 ans », a déclaré Roth.

« Sans la Torah, il n’y a pas d’Israël. Sans elle, pourquoi serions-nous revenus sur cette ancienne terre appelée la terre d’Israël ? Qui nous l’a donnée, en vertu de quelle loi cette terre est-elle la nôtre ? Tout nous ramène à la Torah… Notre droit à la Terre d’Israël nous vient de notre seule Torah », a-t-il poursuivi.

Roth a ajouté que l’armée israélienne n’avait pas immédiatement besoin de renfort, ajoutant que, selon lui, les opposants à l’exemption de service pour les étudiants ultra-orthodoxes de yeshiva, comme le chef de l’opposition Lapid ou le chef du parti Yisrael Beytenu Avigdor Liberman, le faisaient à des fins politiciennes et non dans l’intérêt premier de Tsahal.

« Des gens y gagnent, politiquement. Ils s’opposent à cette loi non pas pour des raisons pratiques ou philosophiques ou même pour des raisons de défense. La seule raison pour laquelle ils sont contre, c’est que, tout comme Lapid ou Liberman, ils y gagnent politiquement », a ajouté Roth.

Des hommes juifs ultra-orthodoxes étudient dans la yeshiva lituanienne de Slabodka dans la ville ultra-orthodoxe de Bnei Brak, le 8 juillet 2013. (Crédit : Yaakov Naumi/Flash90)

Lorsqu’on lui a demandé pour quelle raison la communauté ultra-orthodoxe ne pouvait pas s’inspirer du modèle combiné d’étude de la Torah et de service militaire de la communauté sioniste religieuse, via le programme hesder yeshiva, Roth a expliqué que ce dernier ne produisait pas d’érudits de la Torah de bonne qualité.

« Combien d’érudits de la Torah sont sortis des yeshivot hesder, et combien sont venus des yeshivot qui ne combinent pas l’étude de la Torah et le service militaire ? Il n’y a pas de comparaison entre les deux systèmes », a fait valoir le député.

Lorsqu’on lui a demandé si tous les étudiants ultra-orthodoxes de yeshiva devenaient de grands érudits de la Torah, Roth a admis que certains pouvaient être plus adaptés à une autre vie, mais qu’« entre 17 et 22 ans, il fallait se consacrer entièrement à l’étude de la Torah », quitte à ce qu’ensuite, la question de savoir s’il faut ou non continuer dans la yeshiva soit abordée.

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