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Les assistants de Netanyahu : il ne reverra pas son choix pour son chef de com’

Le Département d'Etat a dénoncé les propos de Ran Baratz et a affirmé que Netanyahu a assuré Kerry qu'il reconsidérerait son choix

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, à Berlin, le 22 octobre 2015. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, à Berlin, le 22 octobre 2015. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Malgré la colère américaine, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, n’a pas assuré au secrétaire d’Etat, John Kerry, qu’il allait reconsidérer la nomination controversée de son nouveau responsable média, qui a traité le président Barack Obama d’antisémite et qui s’est moqué de Kerry, ont affirmé les assistants du Premier ministre.

Les déclarations des responsables, qui ont gardé l’anonymat et qui ont été cités par deux stations de radio israéliennes vendredi matin, sont en contradiction avec les remarques du porte-parole du Département d’Etat, John Kirby, qui a déclaré jeudi que le Premier ministre avait assuré au secrétaire d’Etat qu’il réexaminerait la nomination de Ran Baratz, dont la nomination doit encore être pleinement ratifiée.

Netanyahu aurait simplement dit à Kerry, lors d’un appel téléphonique jeudi qu’il allait traiter de la question plus tard la semaine prochaine, après son retour de Washington une fois qu’il se serait entretenu avec Obama, selon la radio militaire et Israel Radio.

Le tollé sur la nomination des Baratz a envenimé les préparatifs pour la réunion de Netanyahu avec Obama à la Maison Blanche prévue lundi.

Netanyahu a évoqué avec Kerry le nouveau nommé au poste, Ran Baratz, dont les commentaires sur le président et le secrétaire ont été qualifiés de « troublants et offensants », a déclaré le porte-parole du département d’Etat John Kirby.

« Nous comprenons que le Premier ministre va examiner cette nomination quand il reviendra de sa visite aux Etats-Unis », a déclaré Kirby.

John Kirby (Crédit : domaine public/Defense.gov News Photos archive)
John Kirby (Crédit : domaine public/Defense.gov News Photos archive)

« Nous nous attendons évidemment à ce que les représentants du gouvernement de n’importe quel pays, en particulier nos alliés les plus proches, parlent avec respect et sincérité au sujet des représentants du gouvernement des États-Unis », a déclaré Kirby, ajoutant que « c’est une règle que vous apprenez à l’école maternelle à propos des insultes et ce n’est tout simplement pas une chose polie à faire ».

Plus tôt, un porte-parole de la Maison Blanche a déclaré sèchement jeudi que les excuses de Baratz pour ses commentaires incendiaires étaient « justifiées » sans toutefois aller jusqu’à accepter explicitement les excuses ou condamner la décision de Netanyahu de nommer Baratz à cette position puissante.

Le porte-parole Josh Earnest a précisé que des responsables de la Maison Blanche « ont vu les rapports sur les précédents commentaires de cet individu au sujet des responsables américains et ont aussi vu les rapports sur ses excuses. Dans ce cas, il est évident que ces excuses étaient justifiées ».

Il a ajouté que « de toute évidence les décisions que le Premier ministre Netanyahu a à faire au sujet de qui servira son gouvernement, le représentera lui et son pays et ce sont des décisions qu’il fera légitimement seul ».

Plus tard dans la même conférence de presse jeudi, Earnest a assuré que l’incident ne nuirait pas aux relations américano-israéliennes.

« La relation personnelle entre les deux hommes est à la fois respectueuse et professionnelle, mais aussi, presque complètement immatérielle face à l’importance de la relation entre nos deux pays », a déclaré Earnest. « Qui est beaucoup plus importante que toute sorte de dynamique inter-personnelle ».

Ancien professeur d’université, Baratz, 42 ans, a été nommé mercredi par Netanyahu pour être son nouveau directeur de la Direction de l’information nationale.

Mais un grand nombre de ses commentaires controversés ont rapidement été révélés. Cela incluait des messages Facebook dans lesquels il déclarait que la politique étrangère d’Obama vis-à-vis de l’Iran et Israël équivalait à de « l’antisémitisme moderne » et se moquaient de nombreuses autres personnalités de premier plan, y compris Kerry – qui lui, a l’âge mental d’un enfant – ou le président israélien Reuven Rivlin et le ministre de la Défense Moshe Yaalon.

Netanyahu, qui a affirmé qu’il ignorait l’existence des commentaires de Baratz quand il a pris la décision de le nominer, et a pris ses distances avec son conseiller tôt dans la journée de jeudi, estimant que les remarques sont « inappropriées », et insistant sur le fait qu’ils « ne reflètent pas mes positions ou la politique de ce gouvernement ».

« Je viens de lire les messages du Dr Ran Baratz sur Internet, y compris celles relatives au président de l’Etat d’Israël, le président des États-Unis et d’autres personnalités publiques en Israël et aux Etats-Unis », a déclaré Netanyahu dans un communiqué.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la réunion hebdomadaire du gouvernement à Jérusalem, le 25 octobre 2015 (Crédit photo : Alex Kolomoisky / Pool)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la réunion hebdomadaire du gouvernement à Jérusalem, le 25 octobre 2015 (Crédit photo : Alex Kolomoisky / Pool)

« Ces messages sont totalement inacceptables et ne reflètent en rien mes positions ou les politiques du gouvernement d’Israël. Le Dr Baratz a présenté ses excuses et a demandé à me rencontrer pour clarifier la question après mon retour en Israël ».

Cette déclaration indique que Netanyahu n’emmènerait pas Baratz avec lui aux États-Unis ce week-end, comme il aurait eu l’intention de le faire et semblait lui laisser l’option d’annuler la nomination si nécessaire. Les leaders de l’opposition et certains de ses propres ministres du Likud lui ont conseillé de le faire.

Netanyahu doit rencontrer Obama à Washington lundi pour la première fois en un an, dans ce qui est censé être une réunion destinée à guérir les relations après la dispute publique entre le Premier ministre et le président sur l’accord nucléaire avec l’Iran et les puissances mondiales. Les commentaires de Baratz sur Obama semblent avoir déjà jeté une ombre sur la visite de Netanyahu.

Baratz s’est excusé pour ses commentaires jeudi, en précisant qu’il regrettait d’avoir publié « les choses blessantes que j’ai publiées en ligne sur le président, le président américain et d’autres fonctionnaires ».

« Je suis désolé de ne pas avoir informé le Premier ministre en avance [de leur existence]. Ces messages ont été écrits à la hâte et parfois avec humour, d’une manière appropriée pour une personne privée écrivant sur Internet », a-t-il dit. Il a dit que c’était « évident » qu’il aurait dû se comporter différemment dans son rôle officiel et qu’il allait essayer de clarifier les choses avec Netanyahu.

Baratz a également envoyé un email au New York Times, en disant que : « ce que je regrette le plus est d’avoir utilisé le mot antisémitisme en relation avec le président Obama ».

« Même dans le contexte d’un débat houleux au cours duquel il y avait de fortes passions sur l’accord nucléaire avec l’Iran, un tel langage n’aurait jamais dû être utilisé pour décrire le président Obama », a écrit Baratz. « Ce n’est pas vrai et je regrette profondément de l’avoir fait ».

En mars, quelques heures après que Netanyahu se soit adressé au Congrès américain sur les dangers de la signature d’un accord nucléaire avec l’Iran, Baratz a utilisé Facebook pour critiquer la politique d’Obama.

Ran Baratz donne une conférence au centre juif Statesmanship. (Crédit : capture d'écran: YouTube / mmedinaut)
Ran Baratz donne une conférence au centre juif Statesmanship. (Crédit : capture d’écran: YouTube / mmedinaut)

« Permettez-moi d’être abrupt et de me départir de ma mesure coutumière » , a écrit Baratz le 3 mars.

« La façon dont Obama parle du discours de Netanyahu, voilà le visage moderne de l’antisémitisme dans les pays occidentaux et libéraux. Et cela va de pair, bien sûr, avec beaucoup de tolérance et de compréhension envers l’antisémitisme islamique ; tellement tolérant et compréhensif qu’ils vont même jusqu’à leur donner [une bombe atomique] ».

Baratz avait pris pour cible Kerry le 18 octobre 2014, après que Kerry avait fait le lien entre le conflit israélo-palestinien avec la montée du groupe terroriste Etat islamique, en dépeignant le discours du secrétaire d’Etat comme celui d’un comique.

« Je suis allé voir le discours de Kerry, où il a fait le lien entre Israël et l’Etat islamique et il était assez drôle, donc je vais résumer pour vous : après son mandat de secrétaire d’Etat, Kerry peut espérer avoir une carrière florissante dans l’un des clubs de comédie à Kansas City [où un homme a tué trois personnes en leur tirant dessus sur les sites juifs en avril 2014], Mossoul ou l’installation de Holot », où Israël confine la plupart des migrants africains qui sont entrés dans le pays ces dernières années, a écrit Baratz.

« Il est le temps, donc », a également écrit Baratz, « de souhaiter de la réussite au secrétaire d’Etat et faire le compte à rebours de deux ans sur le calendrier avec l’espoir que quelqu’un au département d’État se réveille et commence à voir le monde à travers les yeux d’un homme avec un âge mental au-dessus de 12 ans ».

La semaine dernière, Baratz s’est moqué de Rivlin qui a volé en classe économique pour rentrer en Israël en rentrant de la République tchèque. « Je pense que cela en dit beaucoup que le président vole en classe économique, qu’il fasse le tour de l’avion et serre la main de tout le monde », a écrit Baratz.

« En particulier, cela montre que c’est un personnage tellement marginal qu’il n’y a aucun souci pour sa vie ».

Il est allé jusqu’à suggérer d’envoyer Rivlin à la frontière syrienne en parapente, méthode utilisé par un Arabe israélien récemment dans sa quête pour rejoindre les rangs de l’Etat islamique.

Baratz a également posté des commentaires se moquant du ministre de la Défense Yaalon qu’il considère comme une personne banale et monotone.

La nomination de Baratz doit encore être approuvée par le cabinet.

Netanyahu avait en août nommé un autre critique d’Obama, Danny Danon du Likud, au poste d’ambassadeur d’Israël aux Nations unies.

Danon est un fervent partisan des implantations israéliennes en Cisjordanie et un adversaire tout aussi fervent de l’établissement d’un Etat palestinien. En 2012, il a dit d’Obama qu’il « n’était pas un ami d’Israël » et que ses politiques ont été « catastrophiques ». Il a également critiqué l’administration Obama pour avoir essayé de forcer à la « capitulation » israélienne sur la question palestinienne.

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