Les bénévoles d’HaOgen aident 20 000 familles de réservistes
Fondée par Rachel Azaria, ex-adjointe au maire de Jérusalem, l'association est surtout appréciée pour le soutien moral et le sentiment d'appartenance à une communauté
Lors de la dernière fête de Hanoukka, Rose Modlin et ses deux jeunes enfants ont célébré cet événement chez leurs chers amis Tal et Yossi Breuer. Tal tenait Rif, le plus jeune des enfants de Rose, tandis que Regev, 5 ans, se tenait à côté de Yossi pendant qu’ils chantaient les bénédictions de Hanoukka. Pour une personne extérieure, cela pouvait ressembler à une réunion de famille typique, mais les Modlin et les Breuer ne s’étaient rencontrés qu’en novembre 2023 par le biais d’une initiative nommée
« HaOgen », qui apporte une aide aux familles de conscrits.
HaOgen, qui signifie « l’ancre » en hébreu, offre un soutien aux familles des réservistes israéliens en les mettant en relation avec des bénévoles qui les aident dans des tâches telles que la cuisine, la garde d’enfants, le soutien scolaire ou même l’entretien du linge.
Cette initiative, fondée par Rachel Azaria, ancienne membre de la Knesset, est née de son expérience d’adjointe au maire de Jérusalem, lorsqu’elle a été choquée par les exigences écrasantes imposées aux familles lors des appels sous les drapeaux. Elle a alors voulu leur apporter un soutien pratique.
L’initiative d’Azaria a débuté à une petite échelle en 2014. Mais après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, elle a relancé HaOgen, cette fois à l’échelle nationale. En décembre 2024, l’armée israélienne a officiellement approuvé son projet, qui fait désormais partie d’un ensemble de programmes proposés par 130 municipalités à travers Israël.
Quelque 300 000 réservistes ont été mobilisés par Tsahal à la suite des massacres du 7 octobre, laissant des entreprises sans employés et des familles sans parents pendant des mois, alors qu’Israël combattait le Hamas dans la bande de Gaza et se défendait contre les bombardements du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah à la frontière nord.
Yogev, l’époux de Rose, était l’un de ces réservistes. Dans un premier temps, elle était réticente à l’idée d’accepter de l’aide.
« Je ne pensais pas avoir besoin d’aide », a expliqué Rose. « Mais l’impact émotionnel a été beaucoup plus dur que je ne l’avais prévu. »
Des familles et des sympathisants de HaOgen. (Crédit : Hadas Kuznits)
La famille Modlin était déjà en deuil de son cousin Sharon Gordani, tué le 7 octobre lors du massacre du festival de musique Supernova. Se retrouvant seule pour élever ses deux jeunes enfants, Rose a dû se tourner à contrecœur vers HaOgen. En quelques jours, Ruchama Shriber, la coordinatrice de sa ville natale de Raanana, l’a mise en contact avec Tal Breuer, une bénévole de la région.
Breuer, une professionnelle à la retraite, avait été motivée à faire du bénévolat après avoir vu une annonce pour HaOgen.
« Je ressentais un fort besoin d’aider », a-t-elle expliqué. « Il était impossible de rester assise à la maison. »
Des besoins de longue date
Bien qu’elle n’ait que récemment acquis une reconnaissance à l’échelle nationale, les racines de HaOgen remontent à l’Opération « Bordure protectrice », une guerre de 50 jours menée entre Israël et le Hamas à Gaza en 2014. Azaria était alors maire adjointe de Jérusalem, où vivaient de nombreux réservistes mobilisés pour combattre durant ce conflit.
« Tout le monde se demandait comment aider les réservistes », a raconté Azaria.
« Mais [pour ma part], je me suis demandée ce qu’il en était des familles. »
Azaria a elle-même dû concilier carrière et famille lorsque son époux a été appelé sous les drapeaux, ce qui l’avait incitée à créer un réseau de bénévoles.

Les réactions ont été très positives : plus de 500 familles ont été aidées. Toutefois, lorsque les combats ont pris fin, les efforts pour développer le programme ont échoué.
« C’était vraiment important. Les gens étaient reconnaissants, mais l’armée ne comprenait pas la nécessité de développer ce projet », a-t-elle souligné.
Ce n’est qu’après le 7 octobre, et la plus grande mobilisation de l’histoire de Tsahal, qu’il est devenu évident que l’armée devait s’associer à davantage d’organisations pour l’aider à répondre aux besoins des réservistes et de leurs familles, selon Michal Fatal, assistante de l’officier en chef des réservistes de Tsahal.
« Nous avions créé un programme pilote [pour aider les réservistes] avant la guerre, puis après le 7 octobre, nous avons réalisé que nous devions inclure beaucoup plus d’organisations », a-t-elle déclaré.

La décision de relancer HaOgen s’est imposée à Azaria lorsqu’elle a reçu un message d’une mère qui avait bénéficié du programme initial, alors qu’Israël était entré en guerre contre le Hamas à Gaza après l’assaut d’octobre 2023 menée par le Hamas, au cours duquel plus de 1 200 Israéliens ont été massacrés et 251 autres ont été enlevés et emmenés de force dans la bande de Gaza.
« Au début, je ne savais pas si je devais agir, mais quand j’ai reçu ce message, j’ai su qu’il était temps », s’est souvenue Azaria.
« J’ai contacté certaines des femmes qui m’avaient déjà aidée, et nous avons décidé de passer à l’échelle nationale. »
Depuis lors, le programme s’est rapidement développé, avec des coordinateurs régionaux dans tout le pays. HaOgen aide désormais plus de 20 000 familles, en leur apportant un soutien pratique et émotionnel pour les aider à faire face à l’absence de leurs proches.

Depuis décembre, cette initiative a été intégrée à un réseau de programmes qui collaborent avec l’armée pour soutenir les réservistes.
« Nous avons créé une communauté de 130 municipalités, et nous leur indiquons qui sont les responsables de l’organisation dans chaque ville », a expliqué Fatal, ajoutant que les responsables de chaque ville se mettent en relation avec des organisations soutenues par Tsahal afin d’organiser des actions qui servent au mieux les réservistes.
Pour Azaria, la valeur ajoutée de HaOgen ne se limite pas à la logistique. Elle favorise un sentiment d’appartenance à une communauté.
« Nous voulons que ces familles sachent qu’elles ne sont pas seules », a-t-elle affirmé. « Ce qu’elles font est important et nous l’apprécions. »
Les bénévoles répondent à l’appel
Une fois qu’elle avait pris contact avec Rose, la première tâche de Breuer a été de l’aider à gérer le fardeau émotionnel lié à sa participation à la cérémonie commémorative de son cousin. Breuer et son mari Yossi ont pris soin des enfants afin que Rose puisse assister au « shloshim », l’office commémoratif des 30 jours suivant un décès, de son cousin.
L’aide de Breuer ne s’est pas limitée à cette prise en charge des enfants. Elle a continué à lui rendre visite régulièrement, lui apportant à la fois un soutien pratique et un réconfort moral.
« La présence de Tal m’a donné le sentiment de ne pas être seule », a indiqué Rose.
« Elle ne m’a pas seulement aidée physiquement, mais aussi à gérer la charge émotionnelle de ce que je traversais. »
À mesure que leur relation s’approfondissait, Rose commença à considérer Breuer comme plus qu’une simple bénévole.
« Tal fait partie de notre famille », a-t-elle déclaré. « Mes enfants l’adorent et je peux lui parler de tout. »
Pour Breuer, cette expérience a également été tout aussi significative. « Je me sens tellement connectée à eux », a-t-elle déclaré.

« Voir les enfants grandir a été une telle joie. Je suis à la retraite et j’ai maintenant le temps d’aider. C’est un plaisir de rendre la pareille. »
Avec le temps, le fils de Rose, troublé par leur lien, a commencé à considérer Breuer comme sa « grand-mère ». Bien qu’elle en rit, elle comprend pourquoi il la voit ainsi.
« Nous sommes devenus si proches. Je ne suis pas leur grand-mère, mais je suis fière d’être leur ‘grand-mère d’adoption’ », a-t-elle déclaré.
Rétrospective
Pour Rose, le fait d’être l’épouse d’un réserviste est émotionnellement complexe.
« Les gens en dehors d’Israël ne comprennent pas totalement les sacrifices que nous faisons », a-t-elle expliqué.
« Mon mari quitte un emploi stable dans le secteur de la haute technologie pour servir, et la pression émotionnelle est immense. »
La mission de HaOgen est de veiller à ce que les familles n’aient pas à porter seules ce fardeau.

« Servir dans la réserve est un devoir national, mais cela ne devrait pas se limiter à assumer les problèmes du pays », a souligné Azaria.
Breuer, pour sa part, a souligné le rôle crucial de la présence d’une personne à proximité lorsqu’un soutien est nécessaire.
« J’imagine que lorsque les parents habitent à proximité, on décroche le téléphone, ils viennent et c’est réglé », a-t-elle déclaré.
« Mais si les parents habitent à plusieurs heures de route, si on a besoin de quelque chose tout de suite, il est préférable d’avoir quelqu’un à proximité qui puisse aider immédiatement. »
Breuer est convaincue d’être cette personne pour Rose. Leur lien, forgé par HaOgen, a transcendé les formalités typiques qui accompagnent les nouvelles relations, et les deux femmes affirment que ce lien perdurera même après la fin du service de réserve de Yogev.
« Je pense que Rose et moi avons une connexion qui continuera aussi longtemps qu’elle le voudra. »
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