Les ennuis de Clinton font écho à ceux de Marcia Clark
Même avant sa chute, la candidate démocrate a été entraînée dans des batailles dans lesquelles son rival mélodrame excelle
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Elle se targue d’être un exemple de moralité, mais lorsqu’elle essaye d’être un peu bagarreuse, cela se retourne contre elle.
Elle souligne que sa version des faits est honnête, mais elle ne peut pas surmonter le fait qu’elle est perçue comme faisant partie intégrante d’une institution corrompue.
On la critique sur ses choix vestimentaires, sur sa façon de se coiffer.
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Et l’animosité à son égard, simplement parce qu’elle est une femme, est ahurissante.
Je parle ici d’Hillary Clinton, mais on pourrait en dire autant de Marcia Clark, la malheureuse procureure du procès d’O.J. Simpson, qui a monopolisé l’attention des Américains il y a 20 ans.
Bien sûr, le parallèle entre la candidate démocrate et cette autre présence scrutée et débattue qui a envahi les écrans de télévisions aux États-Unis ces derniers mois est limité. L’une d’entres elles cherche à diriger le monde, l’autre à faire inculper un meurtrier. Et dans la mesure où les élections de 2016 sont une affaire de Noirs et de Blancs, c’est Trump qui joue la carte du racisme. Mais lorsque l’on voit Clinton rabaissée alors que la campagne touche à sa fin, et que les dernières semaines cruciales approchent, dans la foulée de deux évènements télévisés sur O.J. qui ont ramené la pauvre procureure de Los Angeles sous les feux de la rampe, les ressemblances sont flagrantes, et pour les sympathisants de Clinton, sans aucun doute décourageantes.

Pour être grossièrement généraliste, Clark a tenté de se concentrer sur la preuve : le passé de Simpson en matière de violence conjugale, le sang, les gants, la tentative de fuite. Mais elle faisait face à une défense qui jouait avec les émotions du jury, avec leurs tripes. Elle le savait. Elle savait qu’elle allait être en difficulté, mais elle était simplement incapable de se battre, encore moins de gagner ce genre de bataille contre Johnnie Cochran, maître incontesté des scandales mélodramatiques.
Clinton, tout comme elle, veut se concentrer sur les problèmes, affirmer son calme et sa compétence. Trump, avec son arrogance, avec une grandiloquence similaire à celle de Cochran, balaye tout cela, et la tourne en dérision comme étant le visage malhonnête d’une institution peu scrupuleuse – qui dépeint le Washington DC d’aujourd’hui comme un objet de mépris, exactement comme Cochran a accusé Clark d’être la figure de proue de la police raciste et brutale de Los Angeles
Mais lorsque Clinton se permet d’être entraîner dans la bataille aux conditions de Trump, il devient évident qu’elle n’a pas ce qu’il faut en elle pour cela. Lorsque que je l’ai vue déclarer à Yonit Levy sur la Deuxième chaîne jeudi dernier que « l’on peut prendre tous les sympathisants de Trump et les mettre dans deux cases : ce que j’appelle les déplorables, vous savez, les racistes et les haineux, et ceux qui sont attirés par lui car ils pensent qu’il va restaurer une Amérique qui n’existe plus », je me suis demandée à quel point cette stratégie était judicieuse, avec le risque évident d’aliéner ceux qui ne sont pas encore décidés.
https://youtu.be/BqUW4ZeJssA
Lorsqu’elle a ensuite quantifié ces déplorables lors d’un discours le lendemain, en déclarant que « l’on peut mettre la moitié des sympathisants de Trump dans ce que j’appelle la case des déplorables. N’est-ce pas ? Les racistes, les sexistes, les homophobes, les xénophobes, les islamophobes, les ce que vous voulez », il est devenu évident qu’elle essayait de choquer plus, d’offenser plus que Trump, mais sans son flair de porte-parole-pour-le-public-malheureux, sans cette intolérable bouffonnerie qui lui permet de s’en sortir à chaque fois.
Tout au long de cette campagne, des voix expertes ont estimé qu’il était impossible que Trump ne tiennent sur la durée, qu’il ne gagnerait jamais l’investiture. Pourtant, il n’y a aucune base solide à cette expertise. Et une fois que les deux candidats ont été désignés, il est devenu évident – ou plutôt, il aurait dû être évident – qu’une hausse du terrorisme, ou une dégradation de l’état de santé d’Hillary, ou tout un tas d’autres évènements imprévisibles auraient pu conduire Trump directement à la Maison Blanche. J’ai écrit ici il y a un mois « Le fait est que si quelque chose de grave arrivait à Clinton (un problème d’ordre juridique, des problèmes de santé, ou quoi que ce soit), ou si quelque chose de grave arrivait à l’Amérique, qui discrédite l’approche politique d’Hillary Clinton (avec, en tête de liste, la menace terroriste), Trump serait le dernier homme encore là. »
Les problèmes de santé ont fait leur apparition. Ces tremblements et cette allure chancelante à côté du van n’étaient pas beaux à voir. Un crève-cœur. Et cela peut se révéler fatal pour ses ambitions présidentielles.
Son rival – il ne faut pas l’oublier, même à ces heures sombres de sa campagne – est également capable d’autodestruction. Mais au moins, la vision de Clinton voguant sereinement vers la présidence, assurée, imperturbable et confiante, une vision qui n’a jamais vraiment été crédible, est désormais complètement ébranlée.
Même avant sa chute sur le trottoir, Hillary Clinton semblait perdre pied dans cette affaire du scandale-non-scandaleux. Elle perdait à la façon de Marcia Clark. Et nous savons tous comment les choses se sont terminées.
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