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Les États-Unis larguent de l’aide par avion sur Gaza, avec 38 000 repas

"L'afflux des aides à Gaza est loin d'être suffisant", avait estimé le président Biden ; ces largages devraient durer des semaines ; les États-Unis réfléchissent à un "corridor marin" dans ce cadre

L'aide pour Gaza chargée dans un avion cargo de l'US Air Force avant un largage au-dessus de l'enclave, le 2 mars 2024. (Crédit : Commandement central américain)
L'aide pour Gaza chargée dans un avion cargo de l'US Air Force avant un largage au-dessus de l'enclave, le 2 mars 2024. (Crédit : Commandement central américain)

WASHINGTON — L’armée américaine a largué samedi par voie aérienne, pour la toute première fois, de l’aide humanitaire à Gaza, ont indiqué deux responsables américains.

Les officiels, qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat, ont révélé que trois avions de type C-130 planes avaient pris part à cette opération.

Ce sont environ 38 000 repas qui ont été parachutés, a ajouté l’un des deux responsables.

Le président américain Joe Biden avait annoncé vendredi ce projet de procéder, pour la toute première fois, à un largage d’aides et d’approvisionnements sur Gaza par voie aérienne. Cette annonce avait été faite 24 heures après la mort de dizaines de Palestiniens dans une bousculade survenue au moment où les civils tentaient de prendre d’assaut un convoi transportant des aides – soulignant la catastrophe humanitaire actuellement en cours dans l’enclave déchirée par la guerre.

« Nous devons faire davantage et les États-Unis feront davantage », avait assuré Biden devant les journalistes au début d’une rencontre avec la Première ministre italienne Giorgia Meloni.

« L’afflux des aides à Gaza est loin d’être suffisant », avait continué le président. « Aujourd’hui, il est loin d’être suffisant. Des vies innocentes, la vie d’enfants sont en jeu. Nous ne resterons pas à ne rien faire en attendant qu’il entre plus d’aides à Gaza. Il devrait y avoir des centaines de camions qui pénètrent dans la bande, pas seulement plusieurs. »

La Maison Blanche avait ultérieurement précisé que ces parachutages auraient lieu « dans les prochains jours » et que cette opération serait amenée à se répéter au cours des prochaines semaines.

La délivrance d’aide humanitaire à Gaza est un point de friction dans la guerre en cours dans l’enclave côtière depuis cinq mois – une guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Ce jour là, des milliers de terroristes ont franchi la frontière et semé la désolation dans les communautés du sud du pays, tuant 1 200 personnes et kidnappant 253 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza.

Israël, qui procède à l’inspection de tous les camions qui entrent dans la bande à partir des deux postes-frontières actuellement ouverts dans cet objectif, attribue la responsabilité de la lenteur de la distribution des livraisons aux Nations unies, blâmant aussi l’ONU pour la diminution sévère des quantités distribuées, une diminution qui a été observée depuis un mois.

De son côté, l’organisation internationale affirme qu’il est de plus en plus difficile de distribuer les aides à l’intérieur de Gaza. Celles qui entrent depuis l’Egypte sont pratiquement inexistantes depuis deux semaines et un effondrement de la sécurité sur le territoire complique terriblement la distribution des produits alimentaires qui parviennent à y entrer, selon des données et des responsables des Nations unies.

Alors qu’un plus grand nombre de camions entrent à Gaza par le biais du poste-frontière israélien de Kerem Shalom, leur circulation a été perturbée par les proches des otages israéliens et par d’autres manifestants qui cherchent à les bloquer. Israël aurait signalé que le pays était dorénavant prêt à accélérer le rythme de ses inspections.

Avant la guerre avec le Hamas, 500 camions, chargés d’aides humanitaires, entraient quotidiennement dans la bande de Gaza.

Les États-Unis exercent des pressions croissantes sur l’État juif concernant les quantités d’aides autorisées à pénétrer sur le territoire depuis le début de la guerre qui a suivi le massacre commis par le Hamas, le 7 octobre.

Un employé transporte des sacs d’aide humanitaire entrés par camion à Gaza à travers le poste-frontière de Kerem Shalom, le 17 février 2024. (Crédit : Said Khatib/AFP)

L’agence chargée des réfugiés palestiniens au sein de l’ONU, l’UNRWA, a déclaré vendredi qu’au cours du mois de février, 97 camions en moyenne avaient pu entrer à Gaza quotidiennement contre 150 au mois de janvier. Elle a ajouté que « le nombre de camions autorisés à entrer à Gaza reste bien en-deçà de la cible des 500 camions par jour ».

Biden a fait savoir vendredi que « dans les jours à venir, nous allons nous joindre à nos amis, en Jordanie et ailleurs, en procédant à des largages aériens de produits alimentaires et autres équipements supplémentaires ».

La Jordanie et le Royaume-Uni avaient en effet largué des aides, la semaine dernière, dans le nord de la bande.

Biden a précisé que les États-Unis examinaient également la possibilité de mettre en place « un corridor maritime » de manière à livrer d’importantes quantités d’aides aux civils gazaouis qui font face à une forte pénurie de produits alimentaires, d’eau et de médicaments. Un officiel américain a indiqué que l’assistance pourrait être acheminée par la mer depuis Chypre, à environ 210 miles nautiques de la côte méditerranéenne de l’enclave côtière.

Le président américain a aussi dit qu’il allait « insister » auprès d’Israël sur la nécessité de laisser entrer un plus grand nombre de camions. « Il n’y a pas d’excuse parce que la vérité est que l’afflux des aides à Gaza est loin d’être suffisant. La vie d’innocents et la vie d’enfants sont en jeu », a poursuivi Biden.

Le président américain Joe Biden rencontre la Première ministre italienne Giorgia Meloni dans le Bureau Ovale, à la Maison Blanche, à Washington, le 1er mars 2024. (Crédit : AP Photo/Evan Vucci)

Dans ses propos, Biden a mentionné l’Ukraine à deux reprises mais la Maison Blanche a confirmé qu’il parlait bien de Gaza.

La Maison Blanche a expliqué que Biden réfléchissait à de possibles parachutages d’assistance humanitaire depuis un certain temps mais que leur nécessité s’était imposée à ses yeux dans le sillage de la bousculade qui a eu lieu jeudi à Gaza, et qui a été entraînée par la tentative de prise d’assaut, par les civils désespérés, d’un convoi d’aide humanitaire. De son côté, le Hamas déclare qu’au moins 112 Palestiniens ont perdu la vie pendant la distribution de cette assistance, tués par des soldats israéliens qui auraient ouvert le feu.

Les militaires rejettent avec véhémence cette accusation, affirmant que c’est la bousculade dans la foule qui tentait de s’approcher des camions qui a été à l’origine de ce terrible bilan, avec des victimes qui ont parfois été écrasées par les poids-lourds. Des hommes armés ont aussi ouvert le feu dans le secteur alors qu’ils tentaient eux-mêmes de piller les aides.

Tsahal a indiqué que les soldats n’avaient pas tiré sur les Gazaouis qui se ruaient en direction du principal convoi. Les militaires ont toutefois reconnu que les troupes avaient ouvert le feu sur plusieurs individus qui s’approchaient des soldats et d’un tank, à un check-point de l’armée, parce qu’ils mettaient en danger ses hommes.

Le New York Times, pour sa part, a cité les propos de témoins oculaires qui ont affirmé que les chars israéliens et les soldats avaient tiré sur les Gazaouis qui tentaient de se saisir de produits alimentaires dans les camions. Le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, a affirmé jeudi que l’armée « n’a pas ouvert le feu sur ceux qui cherchaient des aides, même si elle est accusée de l’avoir fait ».

Vendredi également, le directeur d’un hôpital de Gaza où certains blessés de la bousculade meurtrière ont été pris en charge a fait savoir que plus de 80 % d’entre eux étaient soignés pour des blessures qui avaient été causées par des armes à feu. Les autres patients – 34 sur 176 – ont été blessés lors du mouvement de foule entraîné par les tirs, a expliqué le docteur Mohammed Salha, à la tête de l’hôpital Al-Awda.

Les Nations unies ont précisé qu’une équipe qui s’est rendue, vendredi, dans un hôpital de Gaza avait fait état « d’un grand nombre de blessés par des tirs » pendant la catastrophe survenue jeudi.

En plus des 112 morts, les autorités du Hamas ont fait remarquer que 750 personnes avaient été blessées durant l’incident.

« Ce que souligne l’incident de jeudi, et ce que souligne également très certainement le président, c’est la nécessité de trouver des moyens alternatifs » de distribution des aides, a pour sa part commenté John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche.

Le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John Kirby, lors de son briefing quotidien, à la Maison Blanche, à Washington, le 1er mars 2024. (Crédit : SAUL LOEB / AFP)

Les États-Unis prévoient de procéder à de multiples largages de ce type, et ce pendant des semaines. « Cela ne sera pas une opération unique », a dit Kirby pendant son point-presse devant les journalistes.

Kirby a expliqué que ces parachutages se reproduiront dans les semaines à venir. « Le quatrième largage, ou le cinquième largage, ne ressemblera pas au premier et au deuxième », a noté Kirby.

Le premier a ainsi consisté à larguer des produits alimentaires – probablement des repas prêts à être consommés, comme ceux qui sont utilisés par l’armée américaine, a continué Kirby, qui a dit que les États-Unis finalisaient encore les détails concernant l’entité qui sera chargée de les distribuer, une fois au sol.

Si les largages sont une méthode de distribution plus rapide que les camions qui entrent dans la bande de Gaza, Kirby a toutefois fait remarquer que ces parachutages visaient simplement à compléter l’assistance qui entre par voie terrestre dans la mesure où cette dernière est livrée en des quantités beaucoup plus importantes.

Il s’agit néanmoins « d’une opération militaire difficile » qui exige une planification attentive, de la part du Pentagone, pour assurer la sécurité des civils, à Gaza, et celle du personnel de l’armée américaine. « C’est extrêmement dur de procéder à un largage aérien dans un environnement aussi densément peuplé que Gaza », a déclaré Kirby.

Photo d’illustration : Des soldats de Tsahal observent l’aide larguée au sud de Gaza, le 27 février 2024. (Crédit : Armée israélienne)

« Ce n’est pas le genre de chose qu’il est possible de faire d’un claquement de doigt. Il faut pouvoir y penser avec soin », a ajouté le porte-parole. « Il y a peu d’opérations militaires qui sont finalement plus compliquées que ces largages d’aides humanitaires. »

Kirby a expliqué que les États-Unis étaient en contact avec Israël sur cet effort précis, et il a noté que l’État juif avait lui-même parachuté des aides en direction des civils à Gaza et que l’État juif apportait son soutien aux États-Unis dans le cadre de cette initiative.

« Nous sommes au courant de ce largage humanitaire », a confirmé un responsable israélien à Washington auprès de l’agence Reuters. Cet officiel, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a par ailleurs refusé de répondre au journaliste lorsque ce dernier lui a demandé si les États-Unis avaient demandé l’accord, au préalable, de l’État juif sur cette opération humanitaire aérienne ou s’il avait apporté sa coopération dans ce cadre.

Alors qu’il était interrogé avec insistance, jeudi, sur un éventuel lien entre l’annonce du largage d’assistance par voie aérienne et la bousculade meurtrière survenue jeudi dans le nord de Gaza, Kirby a répété que l’idée était examinée « depuis un certain temps ». Il a ajouté que le drame avait toutefois souligné la nécessité de faire entrer de plus grandes quantités d’aides à Gaza en utilisant d’autres moyens.

Kirby a souligné, vendredi, que la voie terrestre sera toujours privilégiée pour apporter l’assistance aux civils, notant que ces largages aériens venaient seulement compléter l’acheminement des aides au sol.

Il a déclaré que les États-Unis continueraient à exercer des pressions sur l’État juif en faveur de l’ouverture d’autres postes-frontières terrestres avec Gaza pour fluidifier et d’augmenter l’entrée des camions.

Jérusalem se montre réticent à l’idée d’ouvrir le poste-frontière d’Erez, vers le nord de Gaza, cherchant à prévenir une recrudescence des activités du Hamas.

Le passage fermé d’Erez, également connu sous le nom de passage de Beit Hanoun, entre Israël et le nord de la Bande de Gaza, le 18 août 2023. (Crédit : Atia Mohammed/Flash90)

Biden subit des pressions de plus en plus fortes, sommé de faire davantage pour soulager les souffrances des Palestiniens – notamment les pressions des députés de son parti démocrate. Même avant la catastrophe humanitaire de jeudi, le sénateur Jack Reed, président de la Commission des services armés au sénat, avait écrit à Biden, cette semaine, demandant à l’administration de déployer au plus vite un navire-hôpital de l’armée pour aider à soigner les blessés, à Gaza, et d’ouvrir un corridor maritime qui permettrait de délivrer les aides humanitaires.

NBC News a annoncé, vendredi – citant les propos de responsables américains dont l’identité n’a pas été révélée – que Biden restait déterminé à ne pas changer fondamentalement sa politique en soutien à Israël en conditionnant l’aide militaire livrée à Jérusalem. Ces responsables auraient ajouté que le président ne changerait pas de décision tant qu’il pensera qu’un accord portant sur la remise en liberté des otages est encore possible.

Si Biden a expliqué, jeudi, que la bousculade survenue à Gaza compliquera les négociations sur la libération des otages, Kirby a confié aux journalistes, vendredi, qu’il était « trop tôt pour savoir si l’incident qui est arrivé hier aura un impact sur les pourparlers ».

« Avec l’arrêt des combats, l’aide pourra entrer plus librement et en plus grande quantité et les otages – avec en premier lieu les femmes, les personnes âgées et les blessés – pourront être libérés au cours de phases différentes », a dit Kirby. « Nous allons persévérer dans ce sens et travailler très, très dur dans les prochains jours. »

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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