Les Etats-Unis tentent de déjouer la publication à l’ONU d’une liste noire des entreprises opérant en Cisjordanie
Le département d'Etat a indiqué que la mesure “contre-productive” prise par le Conseil des droits de l'Homme ne facilitera pas la paix israélo-palestinienne

L’administration Trump recommanderait vivement au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies de ne pas publier sa liste noire d’entreprises internationales opérant en Cisjordanie, à Jérusalem Est et sur le plateau du Golan, affirmant que cette initiative est « contre-productive » et qu’elle ne fera pas avancer le processus de paix israélo-palestinien.
L’année dernière, l’ONU a voté à l’unanimité la création d’une base de données de toutes les entreprises commerciales qui ont permis ou profité de la croissance des implantations israéliennes dans des régions que les Palestiniens considèrent comme faisant partie de leur futur état.
La proposition, avancée par l’Autorité palestinienne (AP) et les états arabes en 2016, condamnait les implantations et appelait les entreprises à ne pas faire de commerce avec ces dernières.
Selon un article paru mardi dans le Washington Post, le commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies, Zeid Raad al-Hussein, a l’intention de publier la liste à la fin de l’année 2017, malgré l’opposition d’Israël et des Etats-Unis.

« Les Etats-Unis sont catégoriquement opposés à cette résolution depuis le début », a dit la porte-parole du département d’Etat Heather Nauert au Post. « Ce type de résolution est contre-productive et ne fait rien pour faire avancer les problèmes israélo-palestiniens. »
Nauert a indiqué qu’un effort conjoint entre les Etats-Unis et Israël visant à ne pas financer le travail lié à cette base de données avait échoué.
« Nous avons fait clairement part de notre opposition concernant la création d’une base de données des entreprises opérant dans les implantations israéliennes dans les territoires occupés et nous n’avons pas participé, et ne participerons pas, à sa création. Nous ne contribuerons pas à son contenu », a-t-elle évoqué.
Hussein, le diplomate jordanien qui a initié cette démarche, a déjà accepté de reporter la publication de la liste une fois pendant l’année, en partie en raison de la pression américaine. Il a demandé aux états membres de faire part de leurs contributions avant le 1er septembre.
Les entreprises américaines figurant sur la liste comportent Caterpillar, TripAdvisor, Priceline.com, Airbnb et d’autres, a indiqué le Post, citant des sources qui ont eu connaissance de la base de données.

Lundi, l’ambassadeur israélien à l’ONU Danny Danon a critiqué ce conseil basé à Genève, affirmant que la création d’une liste noire s’assimilait à de l’antisémitisme.
« Cette initiative honteuse est l’expression d’un antisémitisme moderne et nous rappelle les périodes sombres de l’histoire », a fait savoir le bureau de Danon dans un communiqué. « Au lieu de se concentrer sur les problèmes humanitaires terribles qui affectent le globe, le Commissaire aux droits de l’Homme s’efforce de nuire à Israël et en faisant cela, il devient le plus grand militant du mouvement BDS au monde. »
Le communiqué a appelé les Nations unies et la communauté internationale à rejeter cette initiative « dangereuse » et « anti-israélienne ».
Au mois de juin, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a condamné cette liste noire, disant qu’elle était « la plus récente de cette longue liste d’actions honteuses » décidées par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
« Placer des entreprises sur une liste noire sans même regarder quelles sont leurs pratiques d’emploi ou leurs contributions à l’émancipation locale, mais en se basant entièrement sur le lieu où elles se situent dans des zones de conflit, est contraire au droit du commerce international et à toute définition raisonnable des droits de l’Homme », a-t-elle indiqué dans un discours à Genève. « C’est une tentative de fournir un sceau d’approbation international au mouvement BDS antisémite. Cela doit être rejeté. »
Haley a averti que les Etats-Unis pourraient se retirer de l’organisme de 47 membres s’il ne se réformait pas en mettant un terme à ses mécanismes procéduraux mis en place pour condamner Israël et en interdisant à des états connus pour leurs violations des droits de l’Homme de siéger au Conseil.
Depuis 2007, Israël a été le seul pays dont les violations présumées des droits de l’Homme ont été débattues de manière régulière dans le cadre d’un point permanent inscrit à l’agenda du conseil.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.