Les ismaéliens, une communauté chiite de plus d’une douzaine de millions de membres
L'ismaélisme est né d'un conflit politico-religieux à propos de la succession du prophète Mahomet

Les ismaéliens, dont le prince Karim Aga Kahn IV, décédé mardi, était le chef spirituel, sont plus de 12 millions dans le monde et appartiennent à une branche minoritaire de l’islam chiite.
Ils vivent dans plus de 25 pays, dont l’Inde, le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan, la Syrie, le Yemen, l’Afrique de l’Est, la France, le Portugal, le Royaume Uni et en Amérique du Nord, et certaines régions de la Chine, le Xinjiang notamment, et de l’ex-URSS.
Deuxième groupe musulman chiite le plus important numériquement, il compte de 12 à 15 millions de membres dans le monde, selon son site internet officiel de l’Aga Khan.
L’ismaélisme est apparu au VIIIe siècle à Kufa (Mésopotamie, l’Irak d’aujourd’hui).
Il est né d’un conflit politico-religieux à propos de la succession du prophète Mahomet. Tous les chiites reconnaissent Ali, gendre et neveu du prophète, qui a été selon eux le premier des imams.
Mais « pour une question de reconnaissance de l’hérédité dans la succession des imams, les ismaéliens se sont détachés du reste du groupe des chiites », explique Amélie Chelly, spécialiste de l’Iran et autrice d’un Dictionnaire des islamismes.

« Les ismaéliens, que l’on appelle aussi « septimains », reconnaissent les sept premiers imams qui ont été inspirés par Dieu en prolongeant ainsi le message révélé du prophète. Tandis que les chiites, dits « duodécimains » (en Iran, Irak par exemple), les plus nombreux, reconnaissent 12 imams », ajoute-t-elle.
Les ismaéliens ont une pratique très éloignée de l’orthodoxie. « Elle est plus « spiritualisante » que l’autre branche » chiite (la duodécimaine) et ses fidèles « sont moins à cheval sur la question de la règle », notamment : « ils ne sont pas dans une lecture littérale du Coran, mais plus dans une recherche du sens caché », précise la chercheuse.
« Ils n’ont pas forcément besoin de passer par le symbole du rite », ce qui leur vaut parfois des insultes de la part de sunnites extrêmes. Par exemple, « ils font le ramadan, mais peut-être pas avec la même rigueur que ce qu’on peut observer chez d’autres musulmans », note Amélie Chelly.
Les ismaéliens observent les cinq piliers de l’islam, plus deux autres : « l’imamisme » (le fait de s’en remettre à Ali comme premier de la grande descendance des imams et à ses successeurs) et « la pureté et le jihad » (ce dernier terme étant compris comme « efforts sur soi-même »).
Selon l’Aga Khan, dans la tradition chiite, la responsabilité de l’imam ne se limite pas à la vie spirituelle, elle concerne aussi la vie matérielle.
Ainsi, jusqu’à sa mort, le prince Karim al-Hussaini, dit Karim Aga Khan IV, 49ème de sa lignée, était chef spirituel de sa communauté, mais aussi président du réseau Aga Khan de développement (AKDN) – qui emploie 96.000 personnes dans le monde et finance des programmes de développement notamment en Asie et en Afrique.

Depuis une décision de l’Aga Khan en 2018, le siège mondial de l’ « Imamat » est installé à Lisbonne, où habite une importante communauté.