Les Israéliens élisent leur 24e Knesset
Pour ce vote aux allures de référendum, 37 partis sont en lice pour tenter de détrôner Benjamin Netanyahu, le Premier ministre le plus pérenne de l'histoire du pays
Gouvernement de droite mené par Benjamin Netanyahu ou coalition contre lui? Ou encore une nouvelle impasse ? Divisé, Israël votera mardi pour ses quatrièmes élections législatives en moins de deux ans sur fond d’intense campagne de vaccination contre le Covid-19.
Quelque 6,5 millions d’Israéliens sont conviés aux urnes pour ce scrutin opposant principalement le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son rival Yaïr Lapid, et qui se tient à la faveur d’une intense campagne de vaccination anti-Covid ayant permis d’injecter deux doses de vaccin à près de la moitié de la population.
Les bureaux de vote ont ouvert à 7H00 (5H00 GMT) et doivent fermer à 22H00 (20H00 GMT), prélude à la diffusion des premiers sondages à la sortie des bureaux de vote.
Pour ou contre « Bibi » ?, surnom de Netanyahu. Telle reste la question d’un feuilleton politique qui n’en finit pas. Mais, pour ce quatrième épisode, les acteurs ont changé.
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Le général Benny Gantz, rival de Netanyahu lors des trois précédents scrutins âprement disputés, a vu son étoile politique pâlir après avoir pactisé avec son ancien ennemi, pour former au printemps dernier un gouvernement « d’urgence » face à la crise sanitaire.
Ce gouvernement a implosé en décembre, rupture sur laquelle M. Netanyahu a vite tiré un trait en lançant presque aussitôt une intense campagne de vaccination à la faveur d’un accord avec le géant pharmaceutique Pfizer: des millions de doses ont été livrées en échange de données biomédicales sur les effets du vaccin anti Covid-19.
Aussi Benjamin Netanyahu, 71 ans, dont les 12 derniers au pouvoir, a-t-il orchestré sa campagne électorale autour des succès de la vaccination. Près de 50 % de la population a reçu les deux doses… c’est-à-dire près des deux tiers des électeurs.
Face à M. Netanyahu, les premiers rôles reviennent désormais au centriste Yaïr Lapid, au frondeur Gideon Saar et au ténor de la droite radicale Naftali Bennett, suivis par une dizaine de partis qui, dans le système proportionnel israélien, doivent récolter au moins 3,25 % des voix pour obtenir des députés.
Amit, un étudiant au doctorat de 35 ans, avait choisi Benny Gantz à la dernière élection mais a voté mardi pour Yaïr Lapid. « Malheureusement, je n’ai pas beaucoup d’espoir (…) le parti Netanyahu aura le plus de votes », dit-il à l’AFP devant un bureau de vote de Jérusalem.
Dans sa quête du Graal – la majorité de 61 députés pour former un gouvernement -, Benjamin Netanyahu compte faire alliance avec la droite religieuse mais aussi, fait nouveau, l’extrême-droite. Yaïr Lapid table sur une entente avec des partis de gauche, du centre, et de droite déçus par le Premier ministre.
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« Il ne nous manque que deux sièges » pour former le gouvernement, a affirmé lundi M. Netanyahu lors d’une visite surprise au marché central de Mahane Yehuda à Jérusalem. « Allez voter » Likud, a-t-il lancé.
Malgré la vaccination et la réouverture des commerces, les partis n’ont pu tenir de grands meetings et la campagne s’est principalement jouée sur les réseaux sociaux, chaque camp tentant de convaincre sa base de vaincre la « fatigue électorale », après trois scrutins.
Si le Premier ministre joue sur la vaccination, l’opposition fait ses choux gras du procès de M. Netanyahu pour « corruption », « malversation » et « abus de pouvoir », débuté il y a quelques mois et qui alimente des manifestations chaque samedi à travers le pays, depuis 39 semaines.
Samedi soir, ils étaient encore des milliers à Jérusalem pour crier « Yalla dégage Bibi », ou « Bye Bye Bibi ».
« Nous voulons du changement, du changement et encore du changement (…) mais il faut reconnaître que Benjamin Netanyahu a une solide base électorale », souligne Michael, âgé de plus de 70 ans et venu voter mardi matin à Jérusalem avec son épouse.
Lors des trois dernières élections, le chef du parti nationaliste laïc Yisrael Beytenu, Avigdor Lieberman, avait refusé de dire s’il rejoindrait une coalition pro ou anti-Netanyahu. Cette fois, c’est Naftali Bennett qui enfile le costume de « faiseur de roi ».
L’appui du ténor de la droite radicale pourrait en effet permettre à un camp d’atteindre la barre des 61 députés.
A ce jour, Bennett entretient le flou sur ses intentions, se montrant à la fois critique de la gestion de M. Netanyahu mais proche de son idéologie.
Dimanche, il a signé une déclaration affirmant qu’il ne participerait pas à un gouvernement Lapid, sans toutefois s’engager dans la voie Netanyahu.