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Les juifs de Tasmanie ont accueilli un ex-grand rabbin israélien pour une rare visite

L'ancien grand rabbin d'Israël, Yisrael Meir Lau, a visité l’ancienne colonie pénitentiaire britannique qui abrite les deux plus vieilles synagogues d'Australie encore en activité

L'ancien grand rabbin ashkénaze d'Israël, Yisrael Meir Lau, serre la main du survivant de l'Holocauste Felix Goldschmied à la synagogue de Launceston, à Launceston, en Australie, le 12 juillet 2023. (Crédit : Mishka Gora)
L'ancien grand rabbin ashkénaze d'Israël, Yisrael Meir Lau, serre la main du survivant de l'Holocauste Felix Goldschmied à la synagogue de Launceston, à Launceston, en Australie, le 12 juillet 2023. (Crédit : Mishka Gora)

MELBOURNE, Australie (JTA) – La Tasmanie, qui est le plus petit État d’Australie en termes de population et de superficie, compte environ un demi-million d’habitants. La région est principalement connue pour son relief accidenté, sa beauté naturelle époustouflante et ses espèces animales uniques, notamment le diable de Tasmanie ou le thylacine, le tigre de Tasmanie, aujourd’hui disparu.

La capitale de la Tasmanie, Hobart, qui a été créée en 1804 comme colonie pénitentiaire pour les bagnards britanniques exilés, abrite également depuis toujours une population juive. Sur les 270 condamnés qui s’y sont installés à l’origine, huit juifs ont été recensés.

L’État abrite également les deux plus anciennes synagogues d’Australie encore en activité : La Hobart Hebrew Congregation, construite en 1845, et la Launceston Synagogue, construite un an plus tard.

L’ancien grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yisrael Meir Lau, a effectué mercredi matin une rare visite à la synagogue de Launceston. L’événement a attiré une cinquantaine de personnes, dont des ministres du gouvernement, des représentants du groupe de conservation australien National Trust et des membres de la communauté juive de Tasmanie.

« C’est formidable de savoir que l’on peut être aux extrémités et aux antipodes et toujours faire partie du peuple juif », a déclaré Betz Allen, un juif de Tasmanie qui vit à Launceston depuis vingt-cinq ans. « Le fait que le rabbin Lau ait pris le temps et la peine de venir [en Tasmanie] en personne est très significatif. »

« Même pour les normes australiennes, c’est vraiment loin de tout », a-t-il ajouté.

La baie de Wineglass est l’une des plus grandes attractions touristiques de Tasmanie. (Crédit : Leisa Tyler/LightRocket via Getty Images)

La visite d’un grand rabbin de n’importe quel pays à Launceston est un événement rare. La dernière a eu lieu il y a 72 ans, en 1951, avec la visite du rabbin Israel Brodie, grand rabbin de Grande-Bretagne à l’époque, qui était venu faire une visite lors de son voyage en Australie. Lau, qui a survécu à la Shoah et qui a été président du conseil de Yad Vashem, est un invité d’honneur très demandé par les communautés juives du monde entier. (Son fils David est aujourd’hui le grand rabbin ashkénaze d’Israël).

Lau était l’invité de Joseph Gutnick, un célèbre magnat australien de l’industrie minière originaire de Melbourne. À la tête d’une fortune de près d’un demi-milliard de dollars, Gutnick, ce courtier en puissance du mouvement hassidique Habad-Loubavitch, vit aujourd’hui en Tasmanie. Il finance les travaux de rénovation de la synagogue avec l’accord du National Trust d’Australie, qui gère les monuments historiques.

« J’ai pensé qu’il était temps de faire quelque chose », a expliqué Gutnick, qui s’intéresse depuis longtemps à la Tasmanie, et qui a notamment construit le seul mikveh (bain rituel) de l’île, à Hobart, il y a plus de 30 ans. « Je voulais rénover la synagogue. Je voulais la rendre plus accessible. Plus elle sera belle, plus elle attirera de monde. »

(Crédit : Getty Images/Design de Grace Yagel)

La synagogue de Launceston a été construite dans le style néo-égyptien, qui incorpore des motifs de l’Égypte ancienne, un style inhabituel pour une synagogue.

« C’est un endroit intéressant, au bout du monde. C’est très éloigné de tout, et pourtant encore très lié à l’histoire du monde », a déclaré Allen. « Cette synagogue est un vestige d’une époque où l’histoire n’était pas encore établie, mais elle est encore en service aujourd’hui, ce qui donne un formidable sentiment de continuité et d’appartenance ».

L’histoire des Juifs en Tasmanie est longue et mouvementée. Dans les années 1940, avant la création de l’État d’Israël, un explorateur à la recherche d’une patrie juive potentielle avait repéré la côte de l’île, mais il est mort au cours de sa mission. Au fil du temps, le nombre de Juifs vivant en Tasmanie a également connu des hauts et des bas. L’immigration a augmenté pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Juifs européens ont fui le nazisme, et dans les années 1980, avec la vague d’émigration de Juifs quittant l’Afrique du Sud.

Vue de la synagogue de Launceston. (Crédit : Wriekhathaar/Wikimedia Commons)

Aujourd’hui, la communauté juive de Tasmanie connaît un nouvel essor. Le recensement australien de 2021 montre une augmentation de près de 50 % des Juifs, dont le nombre est passé de 248 personnes en 2016 à 376 en 2021. Personne n’a étudié les raisons de cette augmentation, mais le prix des logements en Tasmanie est nettement moins élevé que dans d’autres grandes villes, comme Melbourne et Sydney. La Tasmanie est également connue dans toute l’Australie comme un lieu de prédilection pour les retraités, en particulier pour ceux qui aiment la vie tranquille et la randonnée.

Le rabbin Yochanan Gordon et son épouse, la rebbetzin Rochel Gordon, sont les émissaires de Habad sur l’île. Il est convaincu qu’il y a plus de Juifs que les chiffres officiels du recensement, affirmant en connaître personnellement plus que les 376 recensés. Selon ses estimations, il y a 250 Juifs à Launceston et 1 200 à 1 300 dans toute la Tasmanie.

Sa famille s’intéresse depuis longtemps à la Tasmanie, car son père, le rabbin Yossi Gordon, basé à Melbourne, a été envoyé par le Rabbin Loubavitch, Menachem Mendel Schneerson, dans les années 1980, pour effectuer des visites intermittentes aux Juifs de l’État insulaire.

Pour une petite communauté comme celle de Tasmanie, accueillir Lau et d’autres dignitaires à la synagogue de Launceston était un événement extraordinaire et une occasion rare de remplir les bancs.

« En général, nous n’avons pas de minyan [quorum de dix hommes adultes nécessaire à la récitation des prières les plus importantes de tout office ou de toute cérémonie (NDT)]. Chaque dimanche à la synagogue, nous avons également un club de tefillin avec du café ; un certain nombre de juifs viennent au club de tefillin« , confie Yochanan Gordon.

Vue de l’arche de la Torah à la synagogue de Hobart. (Crédit : CutOffTies/Wikimedia Commons)

Bien qu’il vive à Ulverstone, une ville minière située à environ 90 minutes de route de Launceston, Gutnick s’investit énormément dans le succès de la synagogue de Launceston. « J’aime contribuer à soutenir les endroits les plus reculés », a-t-il déclaré, faisant référence à certaines de ses activités en faveur de la vie juive dans le monde entier, dont l’Antarctique.

L’importance de pouvoir accueillir un rabbin réputé dans l’une des plus anciennes synagogues d’Australie ne lui échappe pas non plus.

« C’est un lieu historique. Les premiers condamnés sont venus et ont construit la synagogue. Des gens qui ont été expulsés et envoyés dans l’un des endroits les plus reculés du monde ont construit une synagogue. C’est fascinant », a-t-il déclaré.

Lau en compagnie de Joseph Gutnick, à gauche, un magnat de l’industrie minière qui finance la rénovation de la synagogue. (Crédit : Mishka Gora)

Outre l’achat de nouveaux tapis et d’une nouvelle bimah [plate-forme surélevée située à l’avant de la synagogue], Gutnick envisage de financer la pose de plaques de béton pour l’architecture égyptienne de la façade du bâtiment, ainsi qu’une nouvelle couche de peinture. Des projets sont également en cours pour augmenter les rares options casher pour les habitants de Tasmanie, en créant une pièce à l’arrière de la synagogue dédiée à la préparation des repas.

Gutnick espère que la synagogue attirera également les touristes.

Allan partage le sentiment que la visite du rabbin cette semaine était historique.

« C’est incroyable. Cette synagogue a été construite à une époque où le judaïsme était loin d’être accepté par la société dans son ensemble. La communauté a eu du mal à obtenir l’autorisation de la bâtir. C’est une parcelle minuscule, de la taille d’un timbre-poste », a-t-il déclaré. « Nous sommes ici, nous y sommes depuis longtemps et nous nous y sentons chez nous. »

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