Les ministres HaBayit HaYehudi voteront contre l’accord avec la Turquie
Pour Bennett et Shaked, payer des dédommagements aux familles des Turcs tués pendant le raid du Mavi Marmara en 2012 établit un “dangereux précédent”
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Les ministres du parti HaBayit HaYehudi s’opposeront à l’accord de rapprochement historique entre Israël et la Turquie pendant le vote de jeudi, a annoncé mardi le parti dans un communiqué.
Naftali Bennett, président du parti et ministre de l’Education, et Ayelet Shaked, ministre de la Justice, voteront contre l’accord au cabinet de sécurité en raison de leur opposition au dédommagement des Turcs tués par les soldats israéliens pendant le raid contre le Mavi Marmara en 2010, et de l’absence d’un accord pour la restitution des corps des soldats tués à Gaza en 2014.
Jérusalem et Ankara ont annoncé lundi les termes d’un accord mettant fin à des années de brouille diplomatique entre les deux pays de Méditerranée orientale, et proclamant la normalisation de leurs relations. Les termes comprennent un dédommagement de 20 millions de dollars payés par Israël pour le raid de l’armée israélienne contre un navire tentant de briser le blocus de Gaza en 2010, qui a entrainé la mort de dix citoyens turcs.
L’opposition des ministres HaBayit HaYehudi portera probablement le nombre de votes « non » à trois, le ministre de la Défense Avigdor Liberman ayant annoncé lundi qu’il s’opposerait à l’accord.

Le cabinet de sécurité est composé de dix ministres et est chargé de former et de mettre en place les politiques étrangères et de défense.
Les ministres HaBayit HaYehudi ont pris leur décision après avoir été informé des détails de l’accord par le responsable du Conseil national de sécurité, selon le communiqué.
« La réconciliation avec la Turquie est importante en ce moment et est dans l’intérêt de l’état d’Israël, a déclaré Bennett. Mais parallèlement, payer des dédommagements aux auteurs d’actes terroristes est un précédent dangereux que l’Etat d’Israël regrettera dans le futur. Israël ne doit pas payer de dédommagement aux terroristes qui ont essayé de nuire à l’armée israélienne. »
Autrefois alliés, les relations déjà détériorées entre Israël et la Turquie avaient été significativement dégradées en 2010, quand un commando israélien avait lancé un raid mortel avant l’aube sur un navire d’une flottille de six bateaux en mai 2010 qui essayaient de briser le blocus maritime imposé par Israël sur Gaza.
Les commandos avaient été violemment attaqués par les activistes présents à bord du Mavi Marmara, battant pavillon turc, et neuf citoyens turcs, dont un détenant également la citoyenneté américaine, avaient été tués dans les combats qui avaient suivi, et un dixième était ensuite décédé de ses blessures. Nombre de soldats israéliens avaient été blessés.
Bennett a également exprimé son opposition à l’accord car il ne comprend pas de garantie que le Hamas rende les corps de deux soldats israéliens tués pendant la guerre de Gaza en 2014, que le groupe terroriste affirme détenir.
« Tant que la Turquie exerce un contrôle sur le Hamas, a affirmé Bennett, ils devraient faire tout ce qu’ils peuvent pour assurer que Oron Shaul et Hadar Goldin soient rendus à Israël. »
Le Lieutenant Hadar Goldin et le Sergent Oron Shaul ont été tués dans deux incidents séparés pendant l’opération Bordure protectrice contre le Hamas à l’été 2014. Même si aucun des corps n’a été retrouvé, l’armée a considéré que les deux soldats avaient été tués en action sur la base de preuves médicolégales.
Netanyahu a déclaré que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait personnellement envoyé une lettre promettant de faire tout ce qu’il pouvait sur le sujet.
En réaction à l’annonce de l’accord par Netanyahu, la famille Goldin a déclaré dans un communiqué qu’il « abandonne le Lieutenant Hadar Goldin et le Sergent Oron Shaul et ne comprend pas le retour de leurs corps de la captivité du Hamas. »

Liberman, critique depuis longtemps de la Turquie, qui en 2015 avait appelé son président un « caïd de quartier antisémite », a déclaré lundi à son parti Yisrael Beytenu que malgré son opposition, il ne travaillerait pas activement contre l’accord.
« Nous ne ferons pas campagne contre lui, tout comme je ne l’ai pas mon fait pour mon opposition à l’accord Shalit [l’échange de 1 027 terroristes palestiniens contre la libération du soldat israélien capturé Gilad Shalit] à l’époque, mais ma position est connue », a-t-il déclaré.
« Je ne vois aucune raison de retirer mon opposition, à moins qu’il n’y ait des changements que je ne connais pas », a déclaré Liberman.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.