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Les organisations juives en deuil appellent à des réformes après la fusillade de Dallas

Cinq policiers ont été tués par un sniper lors d'une manifestation contre les meurtres par la police de deux hommes noirs non armés

Veillée sur la place Thanks-Giving de Dallas, Texas, le 8 juillet 2016, suite aux meurtres de 5 policiers pendant une manifestation pacifique la veille. (Crédit : Laura Buckman/AFP/Getty Images/JTA)
Veillée sur la place Thanks-Giving de Dallas, Texas, le 8 juillet 2016, suite aux meurtres de 5 policiers pendant une manifestation pacifique la veille. (Crédit : Laura Buckman/AFP/Getty Images/JTA)

La tuerie de Dallas, où un ancien soldat visait des policiers blancs pour se venger des brutalités des forces de l’ordre contre les noirs, s’ajoute à une longue série de violences meurtrières qui reflètent, selon des experts, une montée de l’extrémisme et de l’intolérance en Amérique.

Tensions raciales, ras-le-bol des élites politiques, et inégalités économiques alimentent une polarisation du pays, affirme le Southern Poverty Law Center (SPLC), qui suit les mouvements racistes et extrémistes aux Etats-Unis.

L’auteur de la tuerie, Micah Johnson, ancien soldat de 25 ans qui avait servi en Afghanistan, soutenait des organisations de défense des Noirs, dont certaines prônent la haine.

Johnson a expliqué à la police qu’il était en colère après la mort cette semaine de deux noirs sous les balles de policiers dans le Minnesota et en Louisiane.

Micah Johnson, ancien soldat noir de 25 ans qui a tiré sur des policiers à Dallas le 7 juillet 2016 et en a tué cinq. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Micah Johnson, ancien soldat noir de 25 ans qui a tiré sur des policiers à Dallas le 7 juillet 2016 et en a tué cinq. (Crédit : capture d’écran YouTube)

Le SPLC explique que les groupes qu’il surveille sont des mouvements « séparatistes noirs » opposés à « l’intégration et aux mariages interraciaux, et qui veulent des institutions séparées, voire un pays séparé pour les seuls noirs d’Amérique ».

Ces organisations sont « généralement très petites mais sont très antisémites, très anti-blancs et aussi très anti-homosexuels », affirme Mark Potok, un expert du SPLC qui a écrit sur la montée de ces groupes l’an dernier.

Mais ces mouvements diffèrent beaucoup des groupes comme Black Lives Matter (« Les vies des noirs comptent »), qui a émergé il y a deux ans après la mort de plusieurs noirs, non armés, sous les balles de policiers souvent blancs.

Ils ne sont pas liés à ce mouvement pacifique mais ont bénéficié indirectement de sa popularité, explique Potok à l’AFP. « Toute la colère qui s’est exprimée sur la violence de la police contre les Noirs a contribué à la montée de ces groupes noirs extrémistes ».

Black Lives Matter s’est donc rapidement distancié de la tuerie de Dallas vendredi, sur sa page Facebook. « L’attaque d’hier est le fruit d’actions perpétrées par un tireur isolé, écrit le mouvement. Rendre responsable tout un mouvement des actions d’une seule personne est dangereux et irresponsable ».

Sur Facebook, Johnson suivait les groupes New Black Panther Party, Nation of Islam et Black Riders Liberation, tous listés par le SPLC comme prônant la haine.

Le New Black Panther Party avait ainsi accusé les juifs des attentats du 11-Septembre et affirme que les Blancs préparent un génocide de tous les non-Blancs, selon le SPLC.

Des passants près des barricades de  la police après des coups de feu à Dallas, Texas, le 7 juillet 2016, qui ont tué cinq policiers pendant une manifestation pacifique jeudi soir contre la violence policière. (Crédit : AFP/Laura Buckman)
Des passants près des barricades de la police après des coups de feu à Dallas, Texas, le 7 juillet 2016, qui ont tué cinq policiers pendant une manifestation pacifique jeudi soir contre la violence policière. (Crédit : AFP/Laura Buckman)

Nation of Islam, dirigé par Louis Farrakhan est aussi connu pour son antisémitisme et sa haine des Blancs.

Le nombre de groupes répertoriés en ligne par le SPLC comme milices, groupes prônant la suprématie de la race blanche, islamistes radicaux, néo-nazis ou d’autres formes d’extrémisme a augmenté de 14 % entre 2014 (784) et 2015 (892).

Un chiffre qui a doublé par rapport à 1999, quand il y avait 457 de ces groupes aux Etats-Unis.

Parmi eux le Ku Klux Klan (KKK) et les groupes séparatistes noirs sont les plus nombreux, représentant respectivement 21 % et 20 % de tous les groupes prônant la haine.

Les groupes affiliés au KKK sont passés de 72 en 2014 à 190 en 2015. L’an dernier, un jeune défenseur de la race blanche a tué neuf paroissiens noirs dans une église de Charleston, en Caroline du Sud.

A l’autre bout du spectre politique, le nombre de groupes séparatistes noirs est passé de 113 à 180 l’an dernier, quand plusieurs cas de brutalités policières ont ravivé les tensions raciales.

Le président américain Barack Obama lors d'une conférence de presse après le sommet du G20 à Antalya le 16 novembre, 2015 (Crédit :  AFP PHOTO / OZAN KOSE)
Le président américain Barack Obama lors d’une conférence de presse après le sommet du G20 à Antalya le 16 novembre, 2015 (Crédit : AFP PHOTO / OZAN KOSE)

Le président Barack Obama a rappelé que la morts des deux noirs, dans le Minnesota et en Louisiane, n’étaient pas des cas isolés. « Ils sont symptomatiques de défis plus larges au sein de notre système judiciaire », a-t-il souligné, citant les « disparités raciales ».

Les exemples qui mettent à bout les nerfs de l’Amérique abondent.

Jeudi, quand le pays était déjà sous le choc de la mort de ces deux Afro-Américains, le corps d’un jeune noir pendu à un arbre à Atlanta a suscité beaucoup de réactions. La police a conclu à un suicide. Mais les habitants ont exprimé leur méfiance à l’égard d’une scène qui leur rappelait les lynchages par le KKK il y a plusieurs dizaines d’années – – pratique connue sous le nom de ‘Strange Fruit‘ [fruit étrange], et qui a fait l’objet d’un poème par Abel Meeropol et qui a été plus tard adapté en chanson par la chanteuse Billie Holliday.

La campagne présidentielle actuelle, avec les discours anti-immigrés et racistes du candidat républicain Donald Trump, crée aussi « un environnement où l’extrémisme devient plus tolérable », note Scott Simpson, porte-parole de la Leadership Conference on Civil and Human Rights.

« Quand les discours de haine deviennent dominants, cela autorise les gens à donner leurs points de vue extrémistes qu’ils n’auraient jamais exprimés publiquement sans cela », explique Simpson. Et « cela autorise les gens à cibler des communautés ».

Pour leur part, les organisations juives ont exprimé leur inquiétude après les violences à Dallas qui ont coûté la vie à cinq policiers pendant une manifestation pacifique contre les récentes morts par balles de deux hommes noirs non armés tués par la police dans le Minnesota et en Louisiane.

Le musée de l’Holocauste de Dallas et centre pour l’éducation et la tolérance, qui est situé près du lieu de la fusillade, a dû fermer vendredi pendant que l’enquête continuait et était coordonnée. Le porte-parole du musée a exprimé ses condoléances pour les morts des policiers et de deux Afro-Américains tués la semaine précédente.

« Nous déplorons les actes de violence et de haine sous toutes leurs formes, et exhortons notre communauté à se rassembler pour adopter un discours civique. Nous apprécions chaque vie, était-il écrit dans un communiqué du musée. Nous ressentons aussi une grande peine pour les deux victimes pour qui la manifestation pacifique avait été organisée, et ces manifestants qui ont été blessés. »

La Ligue anti-diffamation (ADL) a condamné le meurtre de cinq policiers « dans les termes les plus forts ».

« Nous avons contacté le département de police de Dallas pour transmettre nos condoléances et offrir notre soutien », a déclaré dans un communiqué Roberta Clark, directrice régionale pour Dallas de l’ADL. « A ce stade préliminaire de l’enquête, le motif de cette attaque odieuse est inconnu et il serait irresponsable de sauter aux conclusions ou d’accuser [des responsables]. Nous devons laisser l’enquête suivre son cours. »

Jonathan A. Greenblatt, président de la Ligue anti-diffamation (ADL), à Los Angeles, le 6 novembre 2014. (Crédit : ADL)
Jonathan A. Greenblatt, président de la Ligue anti-diffamation (ADL), à Los Angeles, le 6 novembre 2014. (Crédit : ADL)

« Suite à cette attaque contre les forces de l’ordre et les récents tirs de la police contre des hommes noirs dans le Minnesota et en Louisiane, nous appelons la population à rester calme pendant ces moments difficiles », a déclaré Jonathan Greenblatt, président de l’ADL. « La violence ne devrait jamais engendrer la violence. Des solutions ne seront trouvées que quand nous travaillerons ensemble pacifiquement et nous engagerons dans un dialogue constructif. »

Le Conseil juif pour les affaires publiques a également condamné « en des termes non équivoques » les meurtres des cinq policiers.

Mais son président, David Bernstein, a également répondu à l’incident de Dallas avec un appel direct à la transformation des relations « de confrontation » entre les communautés et les forces de l’ordre dans tout le pays.

« Bien trop d’Afro-Américains, particulièrement des hommes jeunes, ont été victimes de violences policières, laissant une marque indélébile sur les communautés et les familles, a déclaré Bernstein. La vague d’horribles tirs policiers montre que beaucoup de départements de police doivent affronter un sérieux changement de culture, et se voir eux-mêmes non seulement comme membres des forces de l’ordre, mais aussi membres de la communauté en elle-même. Nous avons un long chemin à parcourir en tant que pays. »

Le mouvement réformé a présenté ses condoléances à toutes les victimes de la semaine via le Centre d’action religieuse du judaïsme réformé, qualifiant ce bain de sang continu un « fléau » lié à la violence par armes à feu.

« Les évènements tragiques de cette semaine nous rappelle que le racisme individuel, structuré et institutionnel persiste dans notre pays, avec de sévères conséquences. Si une mort est une tragédie, tant de morts sont un fléau », a déclaré le Centre dans un communiqué.

« Alors que nous sommes abasourdis par une semaine de violence choquante, notre défi est de trouver de nouveaux moyens de nous lier les uns aux autres au-delà des différences, et de reconstruire notre confiance abîmée entre les forces de l’ordre et les communautés qu’elles servent. Pour que notre société soit une société de paix, de justice, d’intégrité et de compassion, ce schéma de violence doit cesser. »

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