Les premiers résultats divergent, – nuit tendue pour Gantz et Netanyahu
Les estimations montrent que des petits partis pourraient ne pas dépasser le seuil électoral, ce qui pourrait dramatiquement influer sur l'identité du prochain Premier ministre
Alors que les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 22h mardi, après une rude élection, les sondages de sortie des urnes publiés par les trois principales chaînes de télévision ont prédit des résultats (très) différents, donnant l’avantage au centre gauche pour l’un, les deux autres estimant que le bloc de droite aurait davantage de chances de former une coalition.
Deux des trois estimations publiées prédisent que Kakhol lavan, présidée par l’ancien chef d’état-major Benny Gantz, serait le parti à remporter le plus de voix pour la prochaine Knesset, avec 36 à 37 voix, contre 33 à 37 pour le Likud, parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Une troisième chaîne prédit une égalité parfaite entre les deux partis.
Les sondages estiment également que les petits partis de droite et de gauche ne sont pas parvenus à dépasser les 3,25 % des voix nécessaires pour intégrer la Knesset, ce qui pourrait dramatiquement influer sur l’identité du prochain Premier ministre.
Moshe Feiglin, de Zehout, qui était pressenti pour remporter en 4 et 7 sièges, selon les derniers sondages d’opinion, ne dépasse pas le seuil électoral, selon ces résultats. Deux des sondages prédisent également que HaYamin HaHadash, le parti de Naftali Bennett et Raam Balad n’intégreront pas le Parlement, mais le troisième sondage estime qu’ils dépassent le seuil électoral.
Le bloc de droite, composé des partis de la coalition actuelle, était pressenti pour décrocher entre 60 et 66 sièges, sur les 120 qui composent le Parlement. Le bloc de centre-gauche devait obtenir 47 à 50 voix, et les partis arabes entre 6 et 12, un important décalage en raison du faible taux de participation présumé des Arabes israéliens.
Ces prédictions divergentes signifient que les Israéliens devront attendre le dépouillement complet des votes et n’apprendront que mercredi matin si Netanyahu rassemblera une coalition de partis de droite, où s’il devra céder sa place à Gantz.
Les sondages de sorties des urnes n’ont pas toujours été très fiables. Lors des dernières élections en 2015, les sondages de sortie des urnes montraient que les partis de l’Union sioniste d’Isaac Herzog et le Likud de Netanyahu étaient au coude-à-coude, quand le Likud avait en réalité remporté 6 sièges de plus que l’Union sioniste.
Résultats à la sortie des bureaux de vote selon la Douzième chaîne
Résultats à la sortie des bureaux de vote selon la Treizième chaîne
Résultats à la sortie des bureaux de vote selon le radiodiffuseur Kan
Les quelque 10 000 bureaux de vote ont fermé à 22h, marquant la fin d’une campagne électorale tendue, qui a atteint son paroxysme le jour de l’élection, tous les partis ayant tenté de galvaniser leurs bases électorales respectives en affirmant que le faible taux de participation les mettait en danger.
L’élection était focalisée sur la course opposant le Likud et Kakhol lavan, mais 37 autres partis de tous bords politiques, étaient également en lice, dont 25 n’avaient pas réellement de chance de dépasser les 3,25 % de suffrages nécessaires pour intégrer la Knesset.
La décision finale quant à l’identité du prochain chef du gouvernement est désormais entre les mains du président Reuven Rivlin, qui rencontrera prochainement les chefs des partis qui ont dépassé le seuil électoral, et qui recommanderont chacun un Premier ministre et il déterminera quel candidat aura le plus de chances de former une coalition de 61 sièges minimum, sur les 120 membres élus à la Knesset.
Israël n’a jamais de gouvernement composé d’un parti unique, et il semblerait que la prochaine coalition, comme la précédente, soit le fruit d’intenses négociations entre une demi-douzaine de partis, ce qui pourrait prendre des jours, voire des semaines.
Netanyahu, Yair Lapid et d’autres ont suggéré qu’un écart de plus de deux ou trois sièges entre le Likud et Kakhol lavan pourrait considérablement influencer la décision de Rivlin sur la personne la plus apte à former un gouvernement du premier coup.
Netanyahu a affirmé à maintes reprises que Rivlin choisira le parti ayant remporté le plus de suffrages si aucun candidat au poste de Premier ministre n’a suffisamment de recommandation de la part des autres chefs de partis, et a estimé que Rivlin cherche « une excuse » pour choisir quelqu’un d’autre que lui.
La loi prévoit que les résultats définitifs doivent être publiés huit jours après le vote, mais un porte-parole de la commission électorale centrale a déclaré que le décompte sera finalisé jeudi après-midi. Le dépouillement se fait manuellement, à l’issue de la fermeture des bureaux de vote.
Porté par une solide alliance avec le président américain Donald Trump, mais assombri par une série d’enquêtes et de mises en examens pour corruption, Netanyahu brigue un cinquième mandat, ce qui lui permettrait de battre le record de longévité d’exercice public du père fondateur David Ben Gurion. Il est Premier ministre depuis 10 ans, après avoir déjà occupé ce poste entre 1996 et 1999.
Netanyahu a fait face à un défi de taille, le plus dur depuis une décennie, en face de Gantz, un ancien militaire au visage buriné, qui a fait ses débuts en politique et a allié sa faction débutante au parti Yesh Atid de Gantz, et à Telem, de Moshe Yaalon, pour créer Kakhol lavan.
Dans les derniers jours de la campagne, Netanyahu a, une fois de plus, penché sévèrement à droite en promettant d’appliquer la souveraineté israélienne aux implantations juives de Cisjordanie, et s’est lancé dans une campagne médiatique dans laquelle il s’est dépeint comme un perdant, avertissant inlassablement que « le gouvernement de droite est en danger ».
Netanyahu est également concerné par trois possibles inculpations dans trois affaires de corruption. Netanyahu aurait conditionné, ou tacitement associé l’entrée dans la coalition au soutient à une loi dite « loi française », qui le protégerait des poursuites pendant la durée de son mandat. Netanyahu a nié tenter de faire avancer une telle législation.