Netanyahu : Rivlin cherche une excuse pour charger Gantz de former une coalition
Le Premier ministre a averti que le président profitera des quelques sièges d'écart avec le Likud pour demander au chef de Kakhol lavan de former le gouvernement
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré aux membres du Likud que le président Reuven Rivlin « cherche simplement une excuse » pour charger Benny Gantz de former un gouvernement à l’issue des élections, dans un enregistrement diffusé mardi soir par la télévision israélienne.
Selon la Douzième chaîne, ces propos ont été tenus dans la journée de mardi, aux quartiers généraux du Likud. Netanyahu a exhorté ses sympathisants à se rendre aux urnes le 9 avril, affirmant qu’une trop grande supériorité numérique en faveur de Kakhol lavan, le parti de Gantz, pourrait empêcher le Likud de former le prochain gouvernement.
« Je vois à droite, au Likud, de l’indifférence, les chiffres le prouvent », a déclaré Netanyahu.
« Non seulement Gantz (et le numéro deux du parti Yair) Lapid nous battent selon les sondages actuels, ils leur manque quelques (points) de pourcentages qui viendront lors du vote », a-t-il continué, en citant un sondage révélé mardi soir.
On ignore sur quel sondage se base Netanyahu. Un sondage mené par la Treizième chaîne indiquant que le Likud dépassait de peu Kakhol lavan (29 à 28), mais les autres sondages récents, Kakhol lavan dépasse le Likud. Un sondage de la Douzième chaîne mené le 31 mars prévoyait que Kakhol lavan dépasse le Likud de 4 sièges. (32 à 28)
Le Premier ministre a ajouté que si cette « indifférence » venait à persister, le Likud « perdrait les élections ».
« Rivlin cherche simplement une excuse », a déclaré Netanyahu. « S’il y a un écart de 3, 4, 5 mandats [pour Kakhol lavan], [Rivlin] s’en servira comme excuse et chargera Gantz [de former le gouvernement », a déclaré Netanyahu. « Réveillez vous. »
Après la diffusion de l’enregistrement, le bureau de Rivlin a publié un communiqué condamnant les propos de Netanyahu.
« C’est encore une tentative méprisable de porter atteinte à la confiance du public dans la décision du président à l’issue des élections », indique le communiqué.
« Le président du pays ne sera pas tenté par la flatterie, et n’a pas peur de ce genres d’attaques, qui sont irresponsables et motivées par des considérations politiques cyniques », a-t-il ajouté.
Le bureau de Rivlin a souligné que la décision du président sur la responsabilité de la formation du gouvernement ne sera basée que sur la loi, « comme l’ont fait tous les présidents d’Israël dans le passé ».
La loi israélienne prévoit que le président choisisse celui qui, selon lui, a les meilleures chances de former une coalition, et le charge de former un gouvernement. Il ne s’agit pas nécessairement du chef du plus grand parti, ni celui qui a été recommandé par les autres chefs de partis pendant leurs consultations avec les présidents.
Si Kakhol lavan obtient davantage de sièges que le Likud dans les derniers sondages, depuis sa création en février, après la fusion entre Hossen LeYisrael et Yesh Atid, les sondages ont également prédit qu’aux côtés des partis de centre-gauche et des partis arabes, il n’aura pas la majorité pour former un gouvernement. Le Likud, qui devrait obtenir moins de voix, aurait plus de facilités à réunir assez de sièges pour former une coalition majoritaire, étant donné la force des partis de droite et des partis religieux.
Rivlin, membre du Likud avant qu’il devienne président en 2014, a déjà été accusé de comploter pour nommer quelqu’un d’autre que Netanyahu au poste de chef du gouvernement.
En octobre, le quotidien pro-Netanyahu Israel Hayom avait rapporté que Rivlin nommerait quelqu’un d’autre à la formation du gouvernement, même si le Likud sous l’égide du Premier ministre obtenait le maximum de voix. Des sources proches de Netanyahu auraient déclaré qu’il s’agit d’un complot ourdi par un membre du Likud, identifié ultérieurement comme était Gideon Saar.
Rivlin et Saar avaient vivement démenti ces accusations, et Rivlin avait déclaré à l’époque qu’il s’agissait d’une « paranoïa ».
Afin de contrer ce présumé complot, les alliés de Netanyahu avaient proposé une loi qui interdirait aux présidents de choisir quelqu’un d’autre que le chef du parti pour former le gouvernement, mais elle n’a pas été adoptée avant la dissolution de la Knesset en décembre.