Israël en guerre - Jour 494

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Les prisons israéliennes se préparent à une importante grève de la faim de Palestiniens

Plus de 1 000 prisonniers devraient arrêter de s'alimenter ; Erdan parle de jeu de pouvoir interne palestinien mené par Marwan Barghouti

Un Palestinien prend la pose devant une affiche du leader du Fatah actuellement en prison, Marwan Barghouthi, au cours d'une manifestation pour le Jour des Palestiniens emprisonnés, à Gaza Ville, le 17 avril 2016. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)
Un Palestinien prend la pose devant une affiche du leader du Fatah actuellement en prison, Marwan Barghouthi, au cours d'une manifestation pour le Jour des Palestiniens emprisonnés, à Gaza Ville, le 17 avril 2016. (Crédit : Mahmud Hams/AFP)

Alors que plus d’un millier de Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes préparaient une grève de la faim massive à la demande d’un cadre du Fatah incarcéré, le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a déclaré dimanche que cette grève était un problème de politique palestinienne interne, et pas une question sur les conditions d’emprisonnement.

La grève de la faim lancée par Marwan Barghouthi, membre du Fatah emprisonné, a commencé lundi, pour coïncider avec le « Jour des Prisonniers » palestiniens, un événement annuel de solidarité avec les plus de 6 000 prisonniers palestiniens sécuritaires incarcérés dans les prisons israéliennes.

Barghouthi purge actuellement cinq peines de prison à vie pour son rôle dans des attaques terroristes meurtrières de la deuxième Intifada, au début des années 2000.

Cet événement annuel s’accompagne d’une crainte de la hausse des tensions dans les prisons et en Cisjordanie. Le Hamas, le principal rival du Fatah, a annoncé dimanche que ses membres participeront également à la grève, comme l’a fait le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une autre faction palestinienne.

Environ 1 300 prisonniers participent au mouvement « et ce chiffre pourrait augmenter dans les heures à venir », a déclaré à l’AFP Issa Qaraqe, chargé de la question des prisonniers au sein de l’Autorité palestinienne. « Selon les informations dont nous disposons pour le moment, 1 500 prisonniers refusent de se nourrir », a précisé de son côté Amani Sarahneh, porte-parole du Club des prisonniers.

Le porte-parole de l’administration pénitentiaire israélienne Assaf Librati a affirmé à l’AFP que « 700 prisonniers ont annoncé hier [dimanche] leur intention d’entamer une grève de la faim ».

Lundi matin, a-t-il ajouté, l’administration menait des « vérifications pour voir combien de prisonniers refusaient effectivement de se nourrir car certains pourraient se borner à une grève symbolique et recommencer à manger ensuite ».

Selon le Club des prisonniers, « l’administration pénitentiaire a confisqué tous les biens qui se trouvaient dans les cellules des grévistes » et certains auraient été transférés vers d’autres prisons.

Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan lors de la conférence « Or Yarok » au Avenue Conference Center, le 28 mars 2017. (Crédit : Roy Alima/Flash90)
Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan lors de la conférence « Or Yarok » au Avenue Conference Center, le 28 mars 2017. (Crédit : Roy Alima/Flash90)

Erdan a évalué la situation lors d’une conférence téléphonique avec des responsables de la sécurité du Service des prisons israélien, de l’armée israélienne, du service de sécurité intérieure du Shin Bet et du ministère de la Santé, selon un communiqué publié par son bureau lundi.

« Le grève menée par Barghouthi est motivée par la politique palestinienne interne et inclut donc des demandes déraisonnables concernant les conditions de détention dans les prisons, a déclaré Erdan dans ce communiqué. J’ai ordonné au service des prisons d’agir de toutes les manières possibles pour contenir la grève à l’intérieur des murs des prisons, et à la police israélienne de se préparer à fournir tout type d’aide nécessaire au service des prisons pour n’importe quel scénario qui pourrait se développer. »

En outre, des unités spéciales du service de prisons ayant pour mission de maîtriser les révoltes et de ramener l’ordre ont été déployées dans les prisons où les grèves de la faim doivent avoir lieu. Des mesures plus contraignantes ont été appliquées pour empêcher toute communication illégale entre les prisonniers, et certains pourront être transférés vers d’autres prisons sur décision du service des prisons, pouvait-on lire dans le communiqué.

Le communiqué du bureau d’Erdan précisait également qu’après avoir reçu l’information de la grève de la faim il y a deux mois, le ministère a tenu des consultations avec le service des prisons et les responsable sécuritaires concernés pour contrôler la préparation des services afin de pouvoir gérer la grève.

Le besoin d’équiper les prisons de manière adéquate en matériel médical afin d’éviter de devoir déplacer les prisonniers en grève de la faim vers des hôpitaux civils, comme demandé par le ministère de la Santé, a notamment été évoqué. A cet effet, un hôpital de campagne sera installé à côté de la prison de Ketziot afin de soigner les détenus qui auraient besoin d’assistance médicale.

Un jeu de pouvoir

Barghouthi a lancé son appel à la grève quand des pourparlers entre des représentants des prisonniers et le Service des prisons sur l’amélioration des conditions de détention ont atteint une impasse. Ces pourparlers ont commencé il y a plus d’un an et demi, même si de nombreux Palestiniens attribuent la décision de Barghouthi à une volonté d’envoyer un message spécifique aux dirigeants du Fatah et au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas qui a exclu les soutiens de Barghouthi d’une récente rencontre du Comité central et n’a pas accordé à Barghouthi la vice-présidence de l’Autorité palestinienne.

Barghouthi et les prisonniers demandent notamment le retour d’une seconde visite mensuelle des membres de la famille (un avantage qui a été annulé par le Comité International de la Croix Rouge en raison de coupes budgétaires), la volonté d’empêcher l’annulation des visites familiales pour des raisons de sécurité, la reprise des études et des examens pour les prisonniers. D’autres demandes incluent plus de chaînes de télévision disponibles dans les cellules et des téléphones dans les quartiers de sécurité.

Marwan Barghouthi devant le tribunal de Jérusalem, le 25 janvier 2012. (Crédit : Flash90)
Marwan Barghouthi devant le tribunal de Jérusalem, le 25 janvier 2012. (Crédit : Flash90)

Selon des sources proches de Barghouthi, l’augmentation progressive du nombre de prisonniers rejoignant la grève est une mesure planifiée qui vise à empêcher la grève de s’arrêter trop tôt. Cependant, certains ont déclaré que le fait que seulement la moitié des prisonniers du Fatah aient annoncé qu’ils rejoindraient la grève pointe le désaccord interne sur la décision de Barghouthi.

Les soutiens de Barghouthi préparent aussi des marches et des manifestations en Cisjordanie en soutien de la grève. Des responsables de l’Autorité palestinienne et du Fatah ont montré publiquement leur soutien au projet de Barghouthi par rapport à ce qu’ils considèrent être des demandes raisonnables de la part des prisonniers.

Mais les questions demeurent : comment l’opinion palestinienne va-t-elle réagir ? Et les forces de sécurité palestiniennes ?

De manière raisonnable, on peut attendre que les forces de sécurité ne se précipitent pas pour disperser des manifestations composée uniquement de membres du Fatah, même si elles montrent un soutien à des mesures initiées par un rival d’Abbas. En effet, Barghouthi est souvent présenté comme l’un des rares successeurs possibles du dirigeant palestinien vieillissant.

Barghouthi, ancien dirigeant de la branche armée du Fatah et fondateur de la Brigade des Martyrs d’Al-Aqsa, un autre groupe terroriste du Fatah, a été condamné en 2004 pour cinq meurtres et une tentative de meurtre. Il a également été impliqué et tenu responsable de quatre autres attaques terroristes.

Il est resté politiquement actif derrière les barreaux de sa prison.

L’AFP a contribué à cet article.

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