Les quatre otages libérées par le Hamas, exhibées sur scène et renvoyées en Israël
Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy, Liri Albag retrouvent leurs parents ; Israël reporte le retour des Gazaouis vers le nord jusqu'à ce que la libération de la civile Arbel Yehud soit organisée

Quatre soldates retenues en otage par le Hamas depuis 477 jours – Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag – ont été relâchées par le groupe terroriste palestinien samedi, après avoir défilé sur une place de la ville de Gaza avant d’être remises à la Croix-Rouge.
Il s’agit du deuxième groupe d’otages libérés dans le cadre du dernier accord de cessez-le-feu et de libération d’otages. Par la suite, Israël a libéré 200 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, dont des dizaines de personnes condamnées à perpétuité pour meurtre et terrorisme.
Des foules de Palestiniens se sont rassemblées tôt le matin sur la place centrale de Gaza-City où Romi Gonen, 24 ans, Doron Steinbrecher, 31 ans, et Emily Damari, 28 ans, avaient été libérées la semaine dernière.
Toutefois, les scènes chaotiques de cette libération ne se sont pas répétées, la libération de samedi ayant été largement mise en scène par le Hamas.
Des dizaines de terroristes armés et masqués du Hamas et du Jihad islamique palestinien ont formé un cordon autour d’une scène installée sur la place. Un drone a été vu en train de distribuer des bonbons à la foule.
Après l’arrivée des véhicules de la Croix-Rouge, les quatre otages ont été amenées sur la place dans des véhicules séparés. Vêtues d’une tenue olive censée ressembler aux uniformes de l’armée israélienne et brandissant des « sacs-cadeaux » du groupe terroriste palestinien du Hamas, les jeunes femmes ont été conduites sur une scène ornée de slogans en anglais et en arabe tels que « Palestine : « La victoire du peuple opprimé contre le sionisme nazi. »

Un grand panneau écrit en hébreu indiquait également « Le sionisme ne gagnera pas ».
Les quatre femmes semblaient en bonne condition physique lorsqu’elles sont montées sur scène, se tenant par la main, saluant la foule et souriant avant d’être escortées par des terroristes masqués dans les véhicules de la Croix-Rouge qui les attendaient.
Leur apparence contrastait fortement avec les images des jeunes soldates vues après leur capture le 7 octobre 2023 – en plein sommeil – à la base militaire de Nahal Oz, ensanglantées et effrayées alors qu’elles étaient traînées à Gaza en pyjama.
Karina, 20 ans, Daniella, 20 ans, Naaama, 20 ans et Liri, 19 ans, ont ensuite été prises en charge par la Croix-Rouge et remises aux forces spéciales de Tsahal qui les ont escortées de l’autre côté de la frontière, jusqu’à leur retour en Israël, dans un site militaire où elles ont retrouvé leur famille et ont subi un bref examen médical.

« Elles sont entre de bonnes mains et rentrent chez elles », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, dans un communiqué télévisé.
Tsahal fustige le cynisme du Hamas
Hagari a condamné le Hamas pour la manière dont la remise des otages s’est déroulée.
« Le Hamas est un groupe terroriste meurtrier. Ces dernières heures, il a prouvé sa cruauté en organisant une cérémonie cynique », a-t-il déclaré, ajoutant que le Hamas avait présenté « une fausse représentation du traitement et de la prise en charge des otages, alors qu’en réalité, il retient cruellement depuis 477 jours des civils innocents ».

« La mission ne s’achèvera pas tant qu’ils ne seront pas tous rentrés en Israël », a-t-il ajouté.
Tsahal a indiqué que les quatre personnes avaient été examinées par des médecins de l’armée lorsqu’elles ont été remises à Tsahal par la Croix-Rouge à l’intérieur de Gaza et qu’elles étaient en relativement bonne condition physique.
« Leur état de santé est normal et ne nécessite pas d’intervention médicale particulière », ont déclaré les autorités. Elles seront soumises à des examens complémentaires par des médecins et des spécialistes de la santé mentale dans une base de l’armée située près de la frontière, avant d’être transportées dans un hôpital.
Des larmes de joie
Des vidéos ont montré leurs familles dans les installations de Tsahal près de Reïm, applaudissant et pleurant de joie en regardant leurs proches sortir des véhicules du Hamas.
La joie sur la Place des Otages
Des centaines de personnes se sont rassemblées sur la Place des Otages, à Tel Aviv, pour suivre en direct la libération des otages, tandis que les amis et les familles des quatre otages regardaient la scène depuis leur domicile.
Dans la foule grandissante, certains portaient des drapeaux d’Israël, d’autres tenaient des affiches avec les visages des otages.
« Je suis extrêmement excité, exalté », a déclaré Gili Roman.
« En un clin d’œil, en une fraction de seconde, leur vie va basculer à nouveau, mais pour l’instant dans le bon sens. »
Il a indiqué que sa sœur avait été libérée lors du seul autre cessez-le-feu conclu en novembre 2023, mais qu’un autre membre de sa famille avait été tué en captivité.

Les amis et les familles des quatre otages libérées ont exprimé leur joie.
« Oui ! Oui ! Oui ! Liri l’héroïne », ont déclaré les amis de Liri au micro de Ynet.
« Nous avons vu Liri revenir. Elle a fait un signe de la main et semblait aller bien. C’est fou. Nous étions si inquiets, mais c’est une héroïne avec un grand sourire. »
La famille de Danielle a déclaré à la chaîne N12 qu’elle se réjouissait de la voir sortir du véhicule du Hamas.
« C’est une héroïne. Nous étions si heureux de la voir sur ses deux pieds », ont-ils dit.
L’une des amies de Naama a déclaré à Ynet que les quatre femmes étaient « extraordinaires » et qu’elles avaient craint qu’elle ne puisse pas se tenir debout.
« Je n’ai pas de mots pour décrire les sentiments que j’éprouve aujourd’hui à l’idée de voir Naama sur ses pieds en même temps que trois autres filles extraordinaires et héroïques », a déclaré l’amie dont le nom n’a pas été révélé.
« Nous ne savons pas ce qu’elle a vécu là-bas, et nous ne pouvons qu’imaginer l’enfer. J’ai pensé au pire, j’ai cauchemardé qu’elle sortait dans le pire état possible, assise ou allongée, voire pire », a déclaré l’amie.

Malgré la joie, l’inquiétude demeure, en particulier pour les autres otages qui figurent sur la liste des personnes à libérer.
Violation de l’accord
Hagari a affirmé que le Hamas avait violé l’accord en libérant les quatre soldates avant de libérer toutes les femmes civiles. « Le Hamas n’a pas respecté l’obligation qui lui était faite dans l’accord de libérer d’abord les femmes civiles », a-t-il déclaré.
Hagari a ajouté qu’Israël veillerait à ce que l’otage civile Arbel Yehud, dont Israël pense qu’elle est en vie, soit bientôt libérée, de même que Shiri Bibas et ses enfants, « pour lesquels nous sommes très inquiets ».

Il a indiqué qu’Israël s’attendait à recevoir bientôt des informations supplémentaires sur la famille Bibas.
Hagari a également déclaré que l’armée était « déterminée à retrouver » Agam Berger, une autre soldate de surveillance enlevée le 7 octobre 2023, ainsi que tous les autres otages.
Les cinq femmes font partie des sept soldates enlevées dans l’unité du Corps de Collecte de Renseignements de Tsahal à la base militaire de Nahal Oz lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.
L’une des soldates de surveillance enlevées a été sauvée vivante par la suite, et le corps d’une deuxième a été retrouvé après qu’elle a été exécutée en captivité.
À la suite du retour des quatre soldates en Israël, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a publié un communiqué indiquant qu’en raison du non-respect par le Hamas de son obligation de libérer Arbel, Israël retarderait l’autorisation accordée aux Palestiniens de retourner dans le nord de la bande de Gaza.
« Israël a récupéré aujourd’hui quatre femmes otages du groupe terroriste du Hamas et libérera en retour des prisonniers de sécurité, conformément à l’accord conclu », a déclaré le cabinet du Premier ministre.
« Conformément à l’accord, Israël n’autorisera pas le passage des habitants de Gaza vers le nord de la bande de Gaza, jusqu’à ce que la libération de la civile Arbel Yehud, qui devait avoir lieu aujourd’hui, puisse être
organisée », ajoute le communiqué.
Cette décision aurait été prise lors de consultations de sécurité menées par Netanyahu vendredi soir, peu après que le Hamas eut publié les noms des quatre soldates qu’il libérait, mais elle a été annoncée après les libérations afin de ne pas les compromettre.

Cette annonce signifie qu’en l’état actuel des choses, Tsahal ne se retirera pas du tout du corridor de Netzarim dimanche.
En vertu de cet accord, Israël était censé se retirer de la moitié nord du corridor au septième jour du cessez-le-feu afin de permettre aux Palestiniens de retourner dans le nord de Gaza par la route côtière.
Israël avait fait savoir au Hamas qu’il s’attendait à ce que Arbel – qui serait détenue par un autre groupe terroriste, le Jihad islamique palestinien – soit libérée ce week-end. Toutefois, le Hamas n’a pas cité son nom vendredi. Arbel figurait sur la liste des personnes devant être libérées dans le cadre de l’accord de libération d’otages conclu en novembre 2023, mais celui-ci a échoué avant la libération prévue du dernier groupe d’otages.
Le Hamas devrait fournir à Israël des détails sur le statut des 26 otages restants figurant sur la liste au cours de la journée de samedi, fournissant ainsi des informations attendues depuis longtemps sur le sort de ceux qui sont en vie. Jérusalem craint toutefois que le Hamas ne se contente de donner un chiffre global sur le nombre d’otages en vie parmi les 26.
Les terroristes doivent être libérés et expulsés
Après la libération des otages samedi, Israël s’apprête à libérer un autre groupe de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël. L’accord stipule que pour chaque soldat, Israël libérera 50 prisonniers palestiniens, dont 30 terroristes condamnés à perpétuité.
Le Hamas a déclaré qu’environ 70 d’entre eux devraient être expulsés, sans préciser où, tandis que les autres seront envoyés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les médias israéliens ont déclaré que les prisonniers expulsés iraient d’abord en Égypte, puis en Turquie, en Algérie et en Tunisie.
Les terroristes libérés sont Mohammad Odeh, 52 ans, et Wael Qassim, 54 ans, tous deux originaires de Jérusalem-Est. Ils étaient emprisonnés pour avoir perpétré une série d’attentats meurtriers pour le Hamas contre des Israéliens, notamment un attentat à la bombe dans une cafétéria de l’Université hébraïque de Jérusalem en 2002, qui avait tué neuf personnes, dont cinq citoyens américains.

On estime que 87 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Fin novembre 2023, le Hamas avait relâché 105 civils lors d’une trêve d’une semaine. Quatre otages avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 40 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, également tué en 2014, a récemment été récupéré à Gaza lors d’une opération militaire israélienne secrète.