Larmes et cris de joie à Tel Aviv pour la libération d’otages israéliennes
Des centaines de personnes sont arrivées tôt samedi matin, certains portant des tee-shirts jaunes fluo barrés de la phrase "Vous n'êtes pas seuls" écrite en hébreu

Un cri parcourt la foule réunie sur la Place des Otages, à Tel Aviv. Des écrans géants retransmettent en direct la libération de quatre Israéliennes, otages dans la bande de Gaza, et échangées contre des prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.
Des centaines de personnes sont arrivées tôt samedi matin, certains portant des tee-shirts jaunes fluo barrés de la phrase « Vous n’êtes pas seuls » écrite en hébreu.
Des écrans géants ont été installés comme la semaine dernière, lors de la première libération d’otages, en ce lieu devenu au cours des quinze derniers mois un point de rassemblement.
Des centaines de milliers d’Israéliens s’y sont mobilisés pour la libération des personnes enlevées par des groupes terroristes lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.
« Je suis ici depuis un an et demi, j’accompagnais la famille de Noa Argamani (jeune femme enlevée par le Hamas puis libérée en 2024 par l’armée israélienne, NDLR) et elle est revenue », dit Sima Ben Naïm, 70 ans. « Ils reviendront tous, jusqu’au dernier. »
Une marée de regards inquiets a longtemps fixé les écrans montrant le convoi de voitures du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) arrivant sur la place de la Palestine, dans la ville de Gaza.
Dès que les silhouettes des jeunes femmes sont apparues, des cris de joie fusent. Deux femmes âgées se prennent dans les bras, en fermant les yeux au milieu de la foule, tandis qu’un groupe de jeunes fond en larmes.
Au premier rang au pied des écrans, des femmes s’exclament : « Am Israël Hai » (« que vive le peuple d’Israël », en hébreu), une expression très utilisée faisant écho à la résilience du peuple juif.
« J’ai failli m’évanouir, mon mari a dû me tenir dans ses bras, je n’ai plus de voix », raconte Hana Mamalia venue de Ramat Hasharon, en banlieue de Tel-Aviv.

« Tous »
Une femme portant un portrait de Naama Levy, une des quatre jeunes soldates qui effectuaient leur service militaire près de la bande de Gaza lorsqu’elles furent enlevées, pleure en souriant.
Dans ses bras, sous la photo de Naama, son âge au moment de l’assaut barbare et sadique, 19 ans, est rayé et corrigé. Elle a eu 20 ans en captivité.
Les chaînes de télévision israéliennes suivent en direct la couverture de la libération, guettant le retour des quatre otages en Israël, puis leur prise en charge par l’armée israélienne, et enfin les retrouvailles avec leurs proches après 477 jours de captivité.

Les acclamations reprennent lorsque le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de Tsahal, apparaît sur les écrans et annonce qu’elles sont sorties du territoire de la bande de Gaza.
Shlomi Ben Yakar, qui tient aussi un portrait de Naama Levy, se dit « submergé » par les émotions.
« C’était dur de continuer à croire que ce moment arriverait, ça semblait foutu », poursuit-il, « j’ai des critiques à formuler sur beaucoup de choses (concernant la gestion de la question des otages, NDLR), mais là, tout de suite, c’est juste un moment d’enthousiasme et de bonheur ».
Entre deux drapeaux d’Israël, une pancarte rappelle que le combat doit continuer pour tous les autres otages encore retenus. Il en reste ce samedi 91. Tsahal considère que 34 d’entre eux sont morts, mais le chiffre est possiblement plus élevé.
Le 7 octobre 2023, 251 personnes avaient été prises en otages et emmenées de force à Gaza. Certains avaient été libérés lors d’une première trêve en novembre 2023, d’autres par des opérations de l’armée israélienne, vivants ou morts.
L’accord de cessez-le-feu signé entre Israël et le Hamas et entré en vigueur le 19 janvier dernier promet la libération, dans les premières semaines de la trêve, de 33 otages en échange de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.
« Ramenez-les à la maison, maintenant ! », lance un groupe de femmes, reprenant le slogan du Forum des familles des otages et disparus, la principale association des proches d’otages en Israël.
« Ramenez-les à la maison maintenant, tous ! », ajoutent certains dans la foule, déclenchant des vagues d’applaudissements.
Mais une partie du gouvernement de Benjamin Netanyahu veut reprendre les combats à l’issue de la première phase de l’accord, ce qui condamnerait probablement les derniers otages.
Les premières émotions passées, une adolescente colle le portrait d’une personne encore détenue sur son pull.