L’ex-président polonais : la loi sur la Shoah est « une erreur politique »
Bronislaw Komorowski déclare que la défense de Varsovie après la loi controversée "est devenue impossible"
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
L’ancien président polonais Bronislaw Komorowski a critiqué dimanche la nouvelle et très controversée loi sur l’Holocauste de son pays en la qualifiant d’“échec législatif” et d’“erreur politique”.
La loi, qui criminalise le fait de blâmer la nation ou le peuple polonais pour les atrocités nazies commises pendant la Seconde Guerre mondiale, a été déclarée en partie inconstitutionnelle le mois dernier par le bureau du procureur général polonais.
Elle a provoqué un conflit avec Israël et a suscité des critiques de la part des États-Unis et de l’Ukraine.
Komorowski a déclaré à la Dixième chaîne israélienne, dimanche soir, que la loi était « non seulement un échec législatif, mais aussi une erreur politique. C’est contraire à nos objectifs et défendre la bonne réputation de la Pologne est devenu impossible. Au contraire, la loi a suscité de nombreuses critiques à l’égard de la Pologne. »
Komorowski – qui a perdu face au nationaliste Andrzej Duda lors des élections présidentielles polonaises de 2015 – a été interviewé pour un reportage de la Dixième chaîne sur le massacre de Juifs en 1941 aux mains des Polonais dans le village polonais de Jedwabne, au cours duquel au moins 340 Juifs polonais ont été enfermés dans une grange qui fut incendiée.
Le massacre est toujours une plaie ouverte pour les Polonais, compte tenu en particulier des tentatives des dirigeants nationalistes d’aujourd’hui de dépeindre la population comme étant les victimes des nazis, et non les auteurs de ces actes.
Le 11 juillet 2011, Komorowski, alors encore président, a demandé pardon lors d’une cérémonie marquant le 70e anniversaire du massacre de Jedwabne.
Beaucoup pensent que cela a contribué à sa défaite électorale.
Au cours d’un débat en face à face télévisé entre Komorowski et Duda en 2015, ce dernier a commencé par demander comment le nom de la Pologne pourrait être respecté après que Komorowski se soit excusé pour Jedwabne et a « déformé la vérité historique en mentant sur un sujet si sensible pour nous ».
« La route de l’enfer est pavée de bonnes intentions », a déclaré M. Komorowski à la Dixième chaîne d’information, ajoutant que cela s’appliquait également à la nouvelle loi sur l’Holocauste.