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Analyse

Liban : le désarmement du Hezbollah, une option désormais sur la table ?

Des experts estiment que le groupe terroriste pro-Iran n'a d'autre choix que de coopérer après ses échecs contre Israël

Photo d'illustration : Une femme brandissant un drapeau du Hezbollah, fêtant le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, à Tyr, au sud du Liban, le 27 novembre 2024. (Crédit : Hussein Malla/AP)
Photo d'illustration : Une femme brandissant un drapeau du Hezbollah, fêtant le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, à Tyr, au sud du Liban, le 27 novembre 2024. (Crédit : Hussein Malla/AP)

Le désarmement du Hezbollah libanais, impensable il y a peu, semble aujourd’hui une option réaliste au vu des pressions américaines sur Beyrouth et de l’affaiblissement du mouvement pro-iranien, après une guerre meurtrière avec Israël, estiment des experts.

L’issue des tractations qui ont débuté samedi entre les Etats-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire de Téhéran, et devraient s’étendre à son rôle régional, pourrait également être décisive pour le sort de l’arsenal du Hezbollah, considéré comme supérieur à celui de l’armée libanaise.

« L’impact de la guerre a clairement changé la donne », affirme David Wood, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Selon lui, « le Hezbollah pourrait s’orienter vers le désarmement et même participer à ce processus de son plein gré plutôt que s’y opposer ».

Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement chiite, qui ont quasiment décimé sa direction.

Pour David Wood, le Hezbollah – à la fois milice et parti jadis tout-puissant sur la scène politique libanaise – a déjà concédé l’élection d’un président qu’il ne soutenait pas et la formation d’un gouvernement réformateur.

L’accord de trêve prévoit le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani et le démantèlement de son infrastructure militaire entre ce fleuve et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud.

Une source proche du Hezbollah a déclaré à l’AFP que son mouvement avait déjà cédé environ 190 de ses 265 positions à l’armée libanaise dans le sud.

La formation affirme que l’accord ne s’applique pas au reste du pays, même s’il se base sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu, qui appelle au désarmement des groupes armés non-étatiques.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes à l’issue de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » à Israël.

Washington continue « d’exhorter le gouvernement à aller jusqu’au bout pour faire cesser les hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a récemment affirmé une émissaire américaine, Morgan Ortagus.

Tout en s’engageant à assurer à l’État libanais « le monopole des armes », le nouveau président, Joseph Aoun, ancien commandant en chef de l’armée soutenu par Washington, a lui souligné que la question devait être résolue par le « dialogue » car le Hezbollah est un élément interne de la société libanaise.

Gagner du temps ?

L’ancien chef du renseignement dans le sud du Liban, le général à la retraite Ali Chahrour, estime auprès de l’AFP que le Hezbollah « n’a aucun intérêt à s’engager dans une guerre » avec Israël ou « une confrontation avec l’État », après ses revers.

Plusieurs des responsables du mouvement terroriste ont récemment affirmé qu’il était prêt à dialoguer sur une stratégie de défense nationale incluant son armement, mais pas à le remettre.

Pour Hanin Ghaddar, du Washington Institute, une confrontation avec le Hezbollah est toutefois « inévitable », et la seule alternative au désarmement du parti par les autorités libanaises « serait qu’Israël s’en charge ».

Selon cette critique du Hezbollah, plusieurs de ses responsables – dont son chef, Naïm Qassem, et le dirigeant de son bloc parlementaire, Mohammed Raad – cherchent à gagner du temps, et doivent composer avec une faction plus radicale.

Mohammed Raad (Centre), député du Hezbollah au parlement libanais, préside une réunion du parti à Beyrouth, le 11 juillet 2019. (Crédit : Joseph Eid/AFP)

Malgré le cessez-le-feu, l’armée israélienne s’est elle maintenue sur cinq positions dans le sud du Liban et continue de mener des frappes dans le pays voisin, disant viser des cibles du Hezbollah.

« Les Israéliens fournissent au Hezbollah des arguments pour conserver ses armes », pointe le général Chahrour.

« Feu vert » iranien ?

Pour Karim Bitar, de Sciences Po Paris, le scénario le plus probable est que le Hezbollah remette une partie de son armement lourd à l’armée, tout en niant être responsable des armes détenues par des individus proches du groupe.

« Cela dépendra en grande partie des négociations irano-américaines », ajoute-t-il. « Sans feu vert iranien, je doute que le Hezbollah accepte ».

Parmi les solutions envisagées, l’une serait le démantèlement complet de l’infrastructure militaire du Hezbollah, l’autre une remise de son arsenal à l’armée associée à l’incorporation de ses combattants à titre individuel, selon David Wood.

Dans tous les cas, dit-il, « l’approche la plus sûre est d’agir prudemment et prendre le temps ».

Pour l’expert, « il est possible que l’Iran accepte d’abandonner son soutien à ses alliés régionaux, Hezbollah compris, en échange de concessions lors des négociations avec les États-Unis ».

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