Liberman réclame l’éviction d’Yitzhak Yosef pour ses commentaires sur la Haute Cour
Le ministre des Finances a déclaré que des mesures doivent être prises avant que le nouveau gouvernement ne soit assermenté
Le ministre des Finances, Avigdor Liberman a appelé dimanche à licencier le grand rabbin séfarade d’Israël pour son intervention dans le champ politique, après que le religieux a soutenu la demande des partis ultra-orthodoxes pour adopter un projet de loi permettant à la Knesset de passer outre les décisions de la Haute Cour de justice.
Lors d’un cours hebdomadaire de Torah dans une synagogue de Jérusalem, le rabbin Yitzhak Yosef a déclaré que la clause « dérogatoire » était « une occasion de modifier la loi qui statue de qui est juif ».
« Les appels répétés du grand rabbin Yitzhak Yosef concernant des décisions politiques ne sont pas moins que scandaleux », a tweeté Liberman.
« Ce n’est pas la première tentative du grand rabbin, qui, il y a quelques jours à peine, est également intervenu dans les négociations de la coalition et a appelé à tripler ou quadrupler les allocations pour les étudiants des yeshivot« , a écrit Liberman, faisant référence aux informations selon lesquelles le chef du Likud, Netanyahu, a conclu un accord avec ses alliés pour augmenter fortement les allocations que l’État accorde aux étudiants en yeshiva, les rendant supérieures à celles des jobnikim dans l’armée, les soldats qui ne sont pas combattants.
« C’est pourquoi je demande au Premier ministre de le suspendre immédiatement et de le renvoyer après une procédure d’audition, avant même la formation du nouveau gouvernement », a écrit Liberman, chef du parti de droite laïc, Yisrael Beytenu.
« Le grand rabbin fonctionne comme un politicien en chef », a-t-il ajouté.
Les partis d’extrême-droite et ultra-orthodoxes du bloc de Netanyahu – qui a remporté une majorité de 64 sièges à la Knesset sur 120, lors des dernières élections législatives et qui devrait former le gouvernement le plus à droite de l’Histoire d’Israël – ont demandé l’adoption d’une loi qui permettrait à 61 législateurs seulement d’annuler les décisions de la Cour suprême, une demande qui, selon les critiques, pourrait bouleverser le système démocratique israélien d’équilibre entre le parlement, l’exécutif et le judiciaire.
Les dirigeants de la communauté ultra-orthodoxe d’Israël déplorent depuis longtemps certains arrêts de la Haute Cour, tels que ceux reconnaissant les courants juifs non-orthodoxes et celui exigeant de l’État qu’il enrôle de manière égale les jeunes haredim dans l’armée.
« Il n’y a jamais eu un tel gouvernement avec 32 membres religieux et ultra-orthodoxes à la Knesset. Peut-être y a-t-il là une occasion de modifier la loi sur qui est juif ? Je ne sais pas si c’est possible d’arranger les choses. C’est maintenant l’occasion de faire amende honorable », a-t-il déclaré samedi.
Il faisait ainsi référence aux efforts déployés par les membres du probable prochain gouvernement pour modifier la Loi du retour, une loi historique qui permet à tous les Juifs, et aux personnes dont un parent ou un grand-parent est juif, d’immigrer en Israël. Le parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit et les partis ultra-orthodoxes Yahadout HaTorah et Shas ont demandé la suppression de la « clause des petits-enfants », limitant ainsi l’immigration aux seules personnes nées de parents juifs ou qui se seraient converties au judaïsme.
Bien qu’elle ne soit pas nouvelle, cette proposition marquerait un changement profond d’une règle en vigueur depuis plus de cinq décennies, réduisant considérablement l’immigration en Israël et risquant de déclencher une lutte acharnée avec les principaux groupes juifs internationaux, comme l’Agence juive, qui soutiennent la loi du retour dans sa version actuelle.
Il est considéré comme hautement improbable, mais pas impossible, que la demande soit acceptée telle quelle.
« C’est un État orthodoxe, pas un État réformé », a déclaré Yosef, accusant le judaïsme réformé de « provoquer l’assimilation à l’étranger ». « Vous devez adopter la clause dérogatoire pour surmonter les décisions de la Haute Cour « , a-t-il dit.
Les dirigeants ultra-orthodoxes, ainsi que de nombreuses personnalités religieuses sionistes israéliennes, ne considèrent pas le mouvement réformé comme une forme authentique de judaïsme et ne reconnaissent pas les rabbins réformés.
Le mouvement du judaïsme réformé d’Israël, en réponse au commentaire de Yosef, a appelé le Premier ministre Yair Lapid à exiger que le rabbin retire ses commentaires.
« Les propos incitatifs du grand rabbin d’Israël contre des milliers de membres des communautés du mouvement réformé en Israël sont choquants », a déclaré le mouvement dans un communiqué.
« Nous ne permettrons pas au grand rabbin d’Israël de refuser un judaïsme accessible, pluraliste et égalitaire aux résidents de ce pays », peut-on lire dans le communiqué.
Yosef a l’habitude de faire des commentaires provocateurs, notamment à l’encontre du judaïsme réformé, des femmes, des immigrants de l’ex-Union soviétique et des personnes de couleur.
Moshe Gafni, député du parti Yahadout HaTorah, a réitéré samedi la position de son parti selon laquelle, en l’absence d’un projet de loi visant à contourner les jugements de la Haute Cour, le futur gouvernement de Netanyahu ne verra pas le jour.
S’exprimant lors d’un événement organisé par son parti, Gafni a déclaré que le gouvernement s’efforcerait d’annuler les « décrets » émis par Liberman, et l’ancien Premier ministre Naftali Bennett au cours de l’année et demie écoulée.
Dans le jargon haredi, le mot « décret » a la connotation d’une mesure draconienne imposée aux Juifs religieux par une direction hostile.
« Nous avons besoin de la Haute Cour, mais nous avons besoin qu’elle soit faible », a estimé Gafni.