Limoges : un don au musée de la Résistance permet de retracer l’histoire du dernier Juif assassiné dans la ville en 1944
Le musée a reçu un don exceptionnel des descendants de Szaja Szarfsztejn et espère s'en servir pour « transmettre la mémoire qui commence à s'étioler »
La collection du musée de la Résistance de Limoges vient de recevoir un don exceptionnel de la part de la famille du dernier juif assassiné par la Gestapo à Limoges en 1944, la veille de la libération de la ville, rapporte France bleu.
Szaja Szarfsztejn, un juif polonais dont la dépouille avait été retrouvée à moitié enterrée dans la cour du siège de la Gestapo à Limoges, a laissé derrière lui un portefeuille, des photos de sa femme et de sa fille et des lettres. Ce sont ces effets personnels que ses descendants ont remis au musée.
Agnès Peyronnet, chargée de communication du musée de la Résistance, se réjouit que le musée ait pu, avec ce don, « récupérer une histoire dans l’Histoire ».
Cette histoire, « c’est la petite histoire de quelqu’un qui n’a pas eu de chance, qui a été pris dans ce grand mouvement historique qui était la Shoah. Ça raconte aussi le jusqu’au-boutisme des gestapistes sur lesquels il est tombé, qui étaient deux Français très connus pour leur cruauté », explique Laurent Lopez-Szarfsztejn, petit-fils de Szaja.
Le destin tragique de son grand-père est d’après lui « une définition très pointue de ce qu’a été la Shoah, où il y a eu des grandes rafles, des pogroms, des ghettos, les chambres à gaz… et puis les petits. Ceux qu’on est allé chercher trois par-ci, trois par-là. Et lui à Limoges, alors que deux jours après il n’y avait plus d’Allemands, qui tombe sur des assassins, qui sont tellement haineux qu’ils veulent accomplir le travail jusqu’au bout ».
Szaja Szarfsztejn avait été arrêté quelques semaines plus tôt et transféré à la prison du Petit Séminaire à Limoges. Libéré le 19 août 1944, il est rapidement repris et amené au siège de la Gestapo à Limoges, où il est torturé puis assassiné.
Le musée avait depuis 2016 une photographie du corps torturé de Szaja, prise par les Résistants, avec juste son nom au dos.
« On a maintenant une histoire qui raconte la photo, qui raconte tout son parcours, pour pouvoir transmettre la mémoire qui commence à s’étioler. On n’a presque plus de personnes qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale et en montrant des objets, ils sont là comme témoins. C’est du réel, c’est du concret », indique Agnès Peyronnet.
Les objets de Szaja Szarfsztejn sont pour l’heure exposés dans une vitrine à l’entrée du musée de la Résistance de Limoges jusqu’à fin septembre. Ils serviront ensuite au fil des expositions du musée.
Pour rendre hommage à Szaja Szarfsztejn, mais également à tous ceux qui ont été détenus, torturés ou assassiné à Limoges durant la Seconde Guerre mondiale, la famille envisage le dépôt d’une plaque sur le site où se trouvait la prison. Des discussions sont en cours avec la co-propriété qui occupe les lieux.