« Si le régime est différent, alors c’est un pays différent », dit un vétéran de Tsahal
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Oded Megiddo, âgé de 74 ans et vétéran de la guerre de Yom Kippour en 1973, explique qu’il manifeste contre le gouvernement parce que « le pays a été bouleversé. » Il dénonce le gouvernement pour son projet de réforme judiciaire et décrit certains ministres du cabinet comme des « criminels condamnés » et « corrompus ».
Megiddo a combattu dans une brigade de chars sur le front du Sinaï lors de la guerre de Yom Kippour et dit avoir été dans la première brigade à traverser le canal de Suez lors de l’offensive de l’armée israélienne contre les Égyptiens, se retrouvant du côté ouest du canal près de la ville d’Ismailia.
« Il y a des ‘jeunes des collines‘ qui, il y a seulement huit mois, menaient des attaques dans les territoires et sont maintenant ministres et députés, » dit Megiddo, utilisant un terme pour désigner des militants ultra-radicaux et extrémistes des implantations.
« Il y en a un qui a été condamné huit fois et un autre qui a été arrêté en route pour commettre une attaque terroriste, » a précisé Megiddo en référence au ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et au ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui a été arrêté mais jamais inculpé pour des tentatives d’actes terroristes lors du désengagement de Gaza en 2005.
« Mais nous qui avons combattu pour ce pays pendant des décennies et laissé nos amis sur le champ de bataille, c’est nous qui sommes les anarchistes ? » demande-t-il.
Megiddo, légèrement blessé pendant la guerre de Yom Kippour mais retourné au front, insiste sur le fait que la protestation massive et le refus de faire le service volontaire sont légitimes car, selon lui, le gouvernement essaie de changer la nature de la gouvernance démocratique d’Israël.
« Le gouvernement essaie de changer le régime ici en Israël. Ben Gurion nous a laissés sans constitution, mais il y a encore des Lois fondamentales et des principes et ils veulent les changer et les transformer en quelque chose d’autre. »
« J’ai servi en tant que commandant de bataillon dans la réserve pendant neuf ans sous des gouvernements pour lesquels je n’ai pas voté ni avec lesquels je n’étais pas d’accord, car c’était le régime dans lequel j’ai grandi. Mais s’il y a un régime différent, alors c’est un pays différent, » argumente Megiddo, affirmant que dans de telles circonstances, il est légitime de cesser de servir.
Interrogé sur le fait que mettre fin au service de réserve en raison d’un différend politique mettait en danger la cohésion de l’armée, Megiddo a rappelé que des éléments de la droite religieuse avaient appelé les soldats de l’armée de conscrits à refuser les ordres pendant le désengagement de Gaza, et il a soutenu que l’armée serait en mesure de faire face à des circonstances similaires.