L’officier du renseignement aurait voulu impressionner ses supérieurs
L'armée réclamait une peine de 10 ans de prison lors de son procès à huis-clos ; dans une lettre adressée au chef de l'armée, la famille dénonce une "campagne de diffamation"
Un officier des services du renseignement, qui est mort dans des circonstances encore floues, dans une prison militaire, le mois dernier, a été arrêté « après que de gros dégâts ont été faits, mais avant que d’énormes dégâts ne puissent se produire », a rapporté vendredi la Douzième chaîne.
La Douzième chaîne a fait plusieurs affirmations, mais aucune source n’a été donnée.
L’officier était motivé par la « fierté professionnelle » et les procureurs militaires avaient envisagé de demander une peine de 10 ans pour l’officier, selon le rapport.
Selon la Douzième chaîne, l’officier n’était pas motivé par l’argent ou la vengeance, mais plutôt par le désir de « réussir là où les autres avaient échoué. »
La chaîne indique que le soldat servait dans une « unité de génies », dans laquelle la compétitivité et la créativité étaient encouragées, et qu’il avait été initialement rejeté lors du processus de sélection en raison de sa « personnalité complexe et enfantine. » Cependant, il a été accepté plus tard dans l’unité lorsque sa candidature a été réexaminée.
Les analystes du réseau, ont en outre déclaré, que cette affaire illustrait la nécessité d’un niveau plus élevé de surveillance psychologique des soldats pendant leur service ainsi que dans les prisons militaires, soulignant le « cerveau brillant mais l’esprit immature » du soldat.
La chaîne a indiqué que l’officier avait admis les faits qui lui étaient reprochés et que les enquêteurs ont rapidement écarté la possibilité qu’il ait été recruté par un agent étranger.
Une information distincte de la Treizième chaîne a identifié l’officier par la première initiale hébraïque de son nom – « T » – et indique que l’unité de technologie du renseignement militaire dans laquelle il servait traitait certaines des informations les plus sensibles et secrètes du pays.
« Il a mené une attaque contre les secrets fondamentaux de l’État d’Israël. L’armée israélienne tente d’empêcher la propagation de ces dommages. Si cela est publié, les dégâts seront beaucoup plus importants. Pour l’officier, il n’avait pas essayé de faire quelque chose de mal », a déclaré l’analyste militaire de la chaîne d’information, Alon Ben-David.
La chaîne a également indiqué que l’officier avait obtenu une licence en informatique à 17 ans avant d’être enrôlé dans les services de renseignements militaires.
Ces informations ont été publiées après que la famille de l’officier a critiqué vendredi l’armée pour ce qu’elle a appelé une « campagne de diffamation », affirmant qu’elle « ne permettra pas que la vérité soit enterrée ».
La déclaration de la famille est intervenue, un jour après que les proches de l’officier et l’armée israélienne, se sont opposés sur la décision de continuer à interdire la publication du nom du militaire, chacun affirmant que l’autre était responsable.
« Nous ne nous tairons pas et ne nous reposerons pas tant que la vérité n’aura pas été révélée », a déclaré la famille dans une lettre adressée vendredi au chef d’état-major de l’armée, Aviv Kohavi, critiquant l’armée pour ce qu’elle a appelé une « campagne de diffamation ».
« Malheureusement, nous n’avons toujours pas trouvé le temps de faire le deuil [de notre fils]. Nous sommes dans une terrible chasse aux sorcières, dans le chaos, où chaque site web a une photo de sa tombe alors que nous essayons de comprendre comment nous avons perdu notre fils, et pourquoi – qui ne s’est pas occupé de lui, qui l’a abandonné », a déclaré la famille. « Avant même que les faits ne deviennent clairs, vous avez également choisi d’utiliser des mots qui n’ont fait qu’intensifier notre douleur, qui ont jeté une énorme tache noire sur lui alors qu’il ne pouvait pas répondre. »
La famille a décrit l’officier décédé comme « unique, avec des compétences rares, qui est devenu un soldat exceptionnel. »
« Il n’a jamais été impliqué dans une seule infraction disciplinaire », a déclaré la famille. « Vers la fin de son service, ils ont choisi de porter de graves accusations contre lui, ignorant complètement la responsabilité de ses commandants supérieurs ».
« Ce n’est pas ‘par volonté’ comme vous l’avez dit, ‘de préserver sa pudeur et l’intimité de sa famille’, mais par crainte que cela montre comment fonctionne le renseignement militaire : donner une liberté d’action et encourager la créativité du soldat. Mais au lieu de surveiller le soldat et ses actions, ils ferment les yeux jusqu’à ce que cela devienne incontrôlable », peut-on lire dans la déclaration.
« Nous n’avons aucun doute [sur le fait] que notre fils n’a pas agi pour nuire intentionnellement à notre pays », a déclaré la famille.
Vendredi également, le radiodiffuseur public Kan a affirmé que l’officier voulait impressionner ses commandants afin de recevoir des missions « de la plus haute qualité et les plus importantes » dans son unité. Le radiodiffuseur, qui n’a pas cité de sources, a déclaré que l’officier avait sciemment enfreint les règles dans son effort pour faire impression sur ses supérieurs.
L’officier était en prison au moment de sa mort car il était accusé de graves infractions à la sécurité nationale, dont la nature précise fait également l’objet d’une censure militaire.
L’armée a déclaré que l’officier travaillait seul et qu’il n’avait pas agi au nom d’un gouvernement étranger, ni pour un gain financier, ni par idéologie, mais pour des « motivations personnelles » non précisées.
M. Kohavi a défendu mercredi la décision de l’armée d’imposer une censure stricte sur la mort de l’officier, affirmant qu’elle était nécessaire pour protéger à la fois le pays et la vie privée du militaire. Kohavi a déclaré que l’officier avait failli nuire à un secret d’État, mais que ces dommages ont été évités à la dernière minute.
L’armée israélienne a affirmé jeudi que la raison du maintien de l’embargo imposé par le tribunal sur l’identité de l’officier, qui a été largement partagé sur les médias sociaux, est due à une demande de sa famille, et non à des préoccupations sécuritaires.
L’avocat de la famille, Benny Kuznitz, a répondu : « Le porte-parole de l’armée a oublié que nous ne vivions pas dans les années 1980, et de la même manière qu’on ne peut pas faire disparaître une personne, on ne peut pas informer les journalistes et publier des déclarations irresponsables. »
« Le contenu de la déclaration est en violation des accords avec le ministère public, selon lesquels les risques de sécurité liés à la publication [du nom] n’ont pas encore été examinés par la Direction des opérations », a-t-il ajouté.
L’officier a été arrêté l’année dernière et mis en examen en septembre. Il n’avait pas encore été condamné, mais était détenu en prison pendant que ses avocats et les procureurs militaires négociaient un éventuel accord de plaidoyer. Dans la nuit du 16 mai, il a été trouvé dans un état grave dans sa cellule et a été emmené à l’hôpital, où son décès a été constaté quelques heures plus tard.
Bien qu’une autopsie ait été pratiquée – en présence d’un médecin représentant la famille – aucune cause officielle du décès n’a encore été déterminée, selon l’armée, bien que les responsables militaires aient indiqué qu’il s’agissait apparemment d’un suicide. Les proches de l’officier ont exprimé des doutes quant à cette thèse, alors que sa soeur allait accoucher.
Selon la Treizième chaîne, l’autopsie a révélé des traces d’antidépresseurs dans son sang.
Selon l’armée, l’officier avait accès à un avocat de la défense militaire de haut rang qui avait accès à toutes les informations concernant les accusations portées contre lui. Les audiences contre lui se sont tenues à huis clos, bien que des membres de sa famille aient été autorisés à être présents pendant certaines parties du procès, a déclaré l’armée.