Le chef d’État major s’exprime sur l’affaire de l’officier du renseignement mort
Aviv Kohavi affirme que l'armée a empêché le suspect, retrouvé mort en détention, de porter atteinte à un secret d'État "à la dernière minute"
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le chef militaire Aviv Kohavi a défendu mercredi la décision de l’armée israélienne d’imposer un embargo strict sur la mort d’un officier des services de renseignement dans une prison militaire, où il était détenu après avoir été accusé de graves infractions à la sécurité nationale, affirmant que cette décision était nécessaire pour protéger à la fois le pays et la vie privée du militaire.
Bien que l’armée ait depuis levé certaines parties de l’embargo concernant cette affaire, de nombreux détails ne peuvent toujours pas être publiés, notamment l’identité de l’officier – bien qu’elle ait été largement partagée en ligne – et la nature spécifique de ses crimes présumés, dont certains, selon l’armée, ont été admis par l’officier lors de son interrogatoire.
Dans un discours, Kohavi a déclaré que l’officier avait failli causer des dommages à un secret d’État, mais que ces dommages ont été évités à la dernière minute.
« L’officier du renseignement militaire était mon soldat. L’officier des renseignements militaires était un soldat pour nous tous, même s’il a commis un des crimes les plus graves. L’officier des renseignements militaires a commis les crimes les plus graves. Il les a commis sciemment. Il les a commis intentionnellement, pour des raisons que je ne peux pas décrire. J’en suis vraiment désolé », a déclaré Kohavi.
Au début de la semaine, l’armée a déclaré que le soldat avait agi seul et n’a pas commis les actions au nom d’un gouvernement étranger, pour des raisons financières ou par idéologie spécifique, mais plutôt pour des « motivations personnelles. »
L’officier a été arrêté l’année dernière et mis en examen en septembre. Il n’avait pas encore été condamné, mais était détenu en prison pendant que ses avocats et les procureurs militaires négociaient un éventuel accord de plaidoyer. Dans la nuit du 16 mai, il a été trouvé dans un état grave dans sa cellule et a été emmené à l’hôpital, où son décès a été prononcé quelques heures plus tard.
Si une autopsie a bien été pratiquée – en présence d’un médecin représentant la famille – aucune cause officielle du décès n’a encore été déterminée, selon l’armée, bien que les responsables militaires aient indiqué qu’il s’agissait apparemment d’un suicide. Les proches de l’officier ont exprimé des doutes quant à son suicide.
L’armée a informé les médias de la mort de l’officier peu de temps après, mais tous les autres détails de l’affaire ont fait l’objet de deux embargos imposés par le tribunal – l’une concernant sa mort et l’autre ses crimes présumés – ainsi que d’une directive de censure militaire.
Ces embargos ont donné lieu à diverses spéculations sur les circonstances de la mort et l’affaire a été comparée à ce qui a été appelé l’affaire du Prisonnier X, dans laquelle un ressortissant australo-israélien, Ben Zygier, a été retrouvé mort en prison dans ce qui a été considéré comme un suicide alors qu’il attendait son procès pour des accusations liées à la sécurité.
L’affaire du Prisonnier X a été traitée dans le plus grand secret, et même son nom – Ben Zygier – n’avait pas été révélé à ses geôliers.
Dans son discours mercredi, Kohavi a défendu la décision d’imposer un embargo et la censure sur cette affaire.
« L’officier n’est pas comme le prisonnier X. Il n’est pas comme tout ce à quoi les gens essaient de le comparer. L’officier a été détenu sous son nom complet à partir du moment où il a été arrêté. L’officier était en contact avec sa famille et en contact avec d’autres personnes de son entourage en prison. Tout ce que nous avons fait, c’est de préserver sa vie privée et celle de sa famille, par souci d’équité. Nous voulions le protéger. Nous voulions protéger sa famille. En même temps, nous voulions protéger un secret qu’il a failli compromettre. Et au dernier moment, nous l’avons stoppé », a déclaré Kohavi.
« Je suis convaincu que nous allons à la fois préserver la sécurité nationale en ne permettant pas que ce grand secret soit compromis et aussi mener une véritable enquête et apprendre ce que nous devons faire à propos de cet incident », a-t-il ajouté.
Selon Tsahal, l’officier est accusé d’avoir « sciemment commis un certain nombre d’actions qui ont gravement porté atteinte à la sécurité nationale. »
« L’officier a coopéré à son interrogatoire et a admis la plupart des actes dont il était accusé », a déclaré l’armée.
Selon l’armée, l’officier a bénéficié de l’assistance d’un avocat militaire de haut rang qui a eu accès à toutes les informations concernant les accusations portées contre lui.
Les audiences contre lui se sont tenues à huis clos, bien que des membres de sa famille aient été autorisés à être présents pendant certaines parties du procès, a déclaré l’armée.
L’armée israélienne a également précisé que l’officier n’était pas en isolement au moment de sa mort, mais qu’il se trouvait dans une cellule normale avec d’autres prisonniers. Il était également emprisonné sous son vrai nom, et non sous un pseudonyme comme dans l’affaire du Prisonnier X. L’armée a ajouté que l’officier a pu parler et voir sa famille, ainsi que des amis, pendant son séjour en prison.
Après le décès du soldat, deux enquêtes internes ont été lancées sur la question au sein de la Direction des ressources humaines de Tsahal, l’une portant sur le cas spécifique du soldat et l’autre sur le système pénitentiaire de l’armée en général, notamment sur les « prisonniers présentant des caractéristiques particulières », a indiqué l’armée.