L’UCLA dote sa police de nouvelles armes non létales suite aux manifestations anti-Israël
Selon un responsable, leur usage sera réservé aux "cas de vie ou de mort" ; une organisation étudiante accuse l'université de "mettre de l'argent dans des équipements militaires"
LOS ANGELES, États-Unis – Le conseil d’administration de l’Université de la Californie à Los Angeles (UCLA) a autorisé, jeudi, l’achat de nouvelles armes non létales réclamées par la police du campus, qui a dû faire face à de dures manifestations étudiantes contre Israël.
L’UCLA a en effet été secouée à plusieurs reprises par des manifestations pro-palestiniennes contre Israël. La façon dont les autorités universitaires ont géré les événements et les étudiants juifs n’a pas satisfait tout le monde et beaucoup disent se sentir en danger face aux déclarations antisémites et aux banderoles qui ont émaillé ces manifestations.
Des affrontements entre manifestants et contre-manifestants sur le campus ont fait une dizaine de blessés et donné lieu à plus de 200 interpellations lors d’une manifestation.
L’équipement demandé par la police de l’UCLA et autorisé par le conseil d’administration se compose de gaz poivré et balles en caoutchouc ainsi que de lanceurs et de drones. Le conseil a également autorisé l’achat d’équipements destinés à neuf autres services de police des campus de l’UCLA.
Les manifestants étudiants venus assister à la réunion des autorités de l’université ont été évacués lorsque des cris ont fusé lors de l’examen de ce point de l’ordre du jour.
Des professeurs et étudiants ont reproché à la police de l’UCLA d’avoir utilisé des armes non létales lors de manifestations sur le campus, au cours desquelles des manifestants ont pu être blessés.
Le représentant des associations étudiantes de l’UCLA, Tommy Contreras, a publiquement déclaré que de tels équipements avaient été utilisés contre des manifestants pacifiques.
« Je suis outré que l’Université de Californie consacre des fonds pour acheter des équipements militaires alors qu’elle a revu à la baisse les fonds disponibles pour les besoins proprement éducatifs », a expliqué Contreras. « Des étudiants, membres du personnel et professeurs ont été blessés par ces équipements, utilisés non pas à des fins de sécurité, mais pour faire taire certaines voix. »
Les forces de l’ordre californiennes sont tenues par la loi de cet État de produire un rapport annuel sur l’achat et l’usage d’armes qualifiées d’
« équipements militaires ». Selon le porte-parole de l’UCLA, ce point de l’ordre du jour est « habituel » sans aucun lien avec des incidents spécifiques.
« L’utilisation de ces équipements par l’Université permet aux policiers de l’UCLA de disposer d’alternatives non létales à l’usage des armes à feu standard, de désamorcer les situations difficiles et de réagir sans utiliser d’armes potentiellement mortelles », a déclaré le porte-parole Stett Holbrook.
Toujours selon Holbrook, la plupart des demandes portent sur le remplacement d’équipements destinés aux actions de formation et les drones sont destinés aux missions de recherche et sauvetage. Ces équipements ne sont « ni issus de surplus militaire, ni de qualité militaire ni conçus pour des usages militaires », a précisé Holbrook.
La police de l’UCLA a demandé l’achat de 3 000 cartouches de gaz poivré qui s’ajoutent aux 1 600 dont elle dispose déjà, 400 balles en caoutchouc ou en mousse qui s’ajoutent aux 200 qu’elle a déjà en stock sans oublier huit nouveaux lanceurs de projectiles « d’une moindre létalité » et de trois drones.
Selon le rapport adressé aux autorités universitaires, aucune plainte ou infraction aux règlements de l’université n’a été constatée en ce qui concerne l’utilisation d’équipements militaires en 2023.
Le professeur d’histoire Robin D.G. Kelley dit avoir passé une soirée aux urgences avec un étudiant blessé par une balle en caoutchouc reçue au niveau du sternum lors d’une manifestation, le 11 juin dernier.
« Le centre de traumatologie était tellement soucieux de l’état de son cœur qu’ils l’ont gardé jusqu’au lendemain après-midi, après deux échocardiogrammes », témoignait Kelley le lendemain des faits. « Cet étudiant est extrêmement traumatisé. »
La directrice des services de sécurité de l’UC, Jody Stiger, a indiqué au conseil d’administration que ces armes ne seraient pas employées pour le contrôle des foules ou les manifestations pacifiques, mais pour les « circonstances de vie ou de mort » ou les manifestations violentes dans lesquelles « les autorités du campus estiment nécessaires que les forces de l’ordre utilisent la force pour se défendre ou défendre autrui ».
Les campements étudiants de l’UCLA ont fait l’objet d’un examen particulièrement minutieux, en avril, la police du campus n’étant pas intervenue rapidement lorsque les manifestants ont érigé des barricades sur le campus pour empêcher les étudiants pro-israéliens de passer. A l’époque, les services de sécurité avaient ordonné aux étudiants juifs d’éviter les campements.
Des contre-manifestants pro-Israël avaient attaqué le campement peu de temps après, ce qui avait donné lieu à de violents affrontements et à des arrestations, sans oublier le témoignage au Congrès du chancelier juif sortant de l’université, Gene Block.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.