Israël en guerre - Jour 424

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Lutter contre le blanchiment d’argent pour démasquer les politiciens corrompus

S'adressant aux dirigeants juifs américains, Roni Alsheich dit qu'il n'y a aucune chance de s'attaquer à la cyber-criminalité, au terrorisme sans coopération internationale

Le commissaire de police Roni Alsheich s'adresse à la mission annuelle de la Conférence des présidents des grandes organisations juives à Jérusalem le 20 février 2018. (Avi Hayoun / Conférence des présidents)
Le commissaire de police Roni Alsheich s'adresse à la mission annuelle de la Conférence des présidents des grandes organisations juives à Jérusalem le 20 février 2018. (Avi Hayoun / Conférence des présidents)

Quelques jours après que la police a recommandé d’inculper le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour une série d’accusations de corruption, le haut fonctionnaire de police israélien a déclaré mardi que des règles internationales plus strictes en matière de blanchiment d’argent ont lancé une « révolution » permettant à la police de dénoncer les politiciens corrompus, mais que des mesures supplémentaires étaient nécessaires pour s’attaquer à ce phénomène croissant.

« La corruption publique et le blanchiment d’argent – le web génère une révolution énorme dans ces domaines », a déclaré le commissaire de police Roni Alsheich dans un discours prononcé devant la Conférence des présidents des grandes organisations juives à Jérusalem, évoquant l’abus de pouvoir et l’abus de confiance des fonctionnaires.

« Dans le passé, a-t-il dit, il y avait des ‘pays sanctuaires’ pour le blanchiment d’argent et de hauts murs ont été construits entre les différents services d’exécution, afin de préserver le cloisonnement. Lorsque le commerce d’argent liquide s’effectuait sans restriction et que personne ne pouvait voir le tableau d’ensemble, la corruption régnait librement, sans que personne ne soit dérangé. »

Le commissaire de police a ajouté que « le darknet et les monnaies virtuelles ont créé un paradis pour le blanchiment d’argent à des fins diverses et représentent un énorme défi pour la police ».

Le commissaire de police Roni Alsheich s’adresse à la mission annuelle de la Conférence des présidents des grandes organisations juives à Jérusalem le 20 février 2018. (Avi Hayoun / Conférence des présidents)

Mais selon M. Alsheich, le respect des normes internationales en matière de blanchiment d’argent a permis des avancées décisives dans les enquêtes sur le crime organisé et la corruption de haut niveau.

« Aujourd’hui, en raison de la réglementation internationale, ces sanctuaires ont disparu les uns après les autres. Les pays ne veulent pas être inscrits sur les listes noires internationales, ils sont donc contraints d’accepter ces règles », a-t-il déclaré aux dirigeants juifs américains.

Les propos d’Alsheich arrivent alors qu’Israël se prépare pour une évaluation sur place le mois prochain par le Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux (Financial Action Task Force – FATF), un organisme international qui établit des normes mondiales de lutte contre le blanchiment d’argent, et qui semblait être une référence voilée aux efforts israéliens contrariés pour renforcer la réglementation et éviter ces « listes noires internationales ».

Il y a dix-huit ans, en juin 2000, le FATF a publiquement inscrit Israël sur une liste noire – avec 14 autres juridictions, dont les Bahamas, les îles Caïmans, les îles Cook, le Liban, le Panama, les Philippines et la Russie – comme pays non coopératif et déficient dans son régime de lutte contre le blanchiment d’argent.

Au cours des 17 années qui se sont écoulées depuis, Israël a progressivement renforcé son dispositif anti-blanchiment et adopté de nombreuses lois dans l’espoir de devenir membre à part entière du FATF. L’inspection du mois prochain, point culminant d’une série d’évaluations au cours desquelles Israël a fait des progrès, est l’occasion pour Israël de se défaire de sa réputation et de rejoindre les rangs des nations crédibles sur cette question.

Mais une loi au cœur des accusations de corruption à l’encontre de Netanyahu peut avoir sapé ces efforts en fournissant une porte dérobée qui permet aux fraudeurs et aux criminels d’immigrer en Israël et de garder leurs revenus cachés – secrets à la fois pour les autorités israéliennes et pour tout autre gouvernement qui pourrait enquêter. Netanyahu et son épouse Sara auraient reçu des dons totalisant environ 1 million NIS (282 000 dollars) de bienfaiteurs milliardaires, notamment Milchan et le magnat australien James Packer, en échange de leurs efforts pour élargir les dispositions de la loi fiscale peu connue, qui porte le nom d’amendement 168 à l’Ordonnance fiscale, qui accorde une exemption de 10 ans sur la déclaration et le paiement des impôts sur les revenus gagnés à l’étranger par les nouveaux immigrants et les expatriés de retour.

Benjamin Netanyahu et le producteur Arnon Milchan lors d’une conférence de presse, le 28 mars 2005. (Crédit : Flash90)

Alsheich a averti mardi que la mondialisation de l’Internet, qui a en partie permis aux immigrants de s’installer en Israël tout en conservant de vastes intérêts commerciaux à l’étranger, a changé la nature de la criminalité et que les organismes internationaux d’application de la loi doivent également s’adapter.

« Comme le Web n’a ni géographie ni frontières, il expose Israël à des menaces criminelles venant du monde entier. Sans une forte présence policière sur le web, sans une expansion spectaculaire de la coopération policière internationale, il n’y a aucune chance de faire face efficacement à l’ampleur de cette menace », a-t-il déclaré.

En fait, a déclaré M. Alsheich, le terrorisme et la criminalité financière se propagent de plus en plus en ligne et, par conséquent, les efforts de la police pour lutter contre la corruption peuvent également contribuer à assurer la sécurité des Israéliens.

« Le net a rendu le monde plus accessible. Les ennemis peuvent agir à distance, ou par procuration en utilisant le cyberespace comme intermédiaire pour une attaque stratégique. Ou en utilisant Internet pour influencer l’opinion publique et la prise de décisions », a-t-il déclaré.

« Bref », a-t-il ajouté, « il est possible de faire couler le sang du pays sans forces armées classiques, avec des dépenses beaucoup moins élevées et en évitant un prix diplomatique élevé. Un lourd fardeau sécuritaire dans ce nouveau monde passe progressivement des épaules de l’armée aux épaules de la police israélienne. »

Se référant aux enquêtes menées contre Netanyahu et en particulier aux critiques subséquentes du Premier ministre à l’encontre de la police, M. Alsheich a déclaré que pour protéger efficacement le public, tant contre le terrorisme que contre la corruption, la police avait besoin d’un certain niveau de « confiance du public ».

Le chef de la police israélienne Roni Alsheich, à gauche, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une cérémonie de bienvenue en l’honneur d’Alsheich, au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 3 décembre 2015 (Miriam Alster / Flash90)

Mardi dernier, la police a recommandé que M. Netanyahu soit inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance dans deux enquêtes criminelles – les affaires 1000 et 2000, comme on les appelle – concernant des soupçons selon lesquels il aurait accepté des cadeaux et des faveurs de riches hommes d’affaires en échange de la promotion de leurs intérêts.

Netanyahu a qualifié les recommandations de la police d’ « infondées », alléguant une conspiration « partisane » contre lui, prouverait son innocence et disant qu’il dirigerait Israël pour les années à venir.

« Les criminels ont toujours eu intérêt à ébranler la confiance du public en promouvant et en maintenant une image négative de la police », a déclaré M. Alsheich mardi.

« Par exemple », a-t-il indiqué dans des propos précis faisant spécifiquement référence aux enquêtes sur la corruption publique, « au cours des procédures pénales, ils tentent de semer le doute quant à la crédibilité du témoignage du policier et de son professionnalisme ».

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