Israël en guerre - Jour 563

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Reportage

Malgré les roquettes, les villes israéliennes près de Gaza ne cessent de croître

En plus des incitations financières, ces localités offrent l'esprit communautaire recherché par de nombreuses jeunes familles. La population de Sdérot devrait doubler d'ici 2050

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Une famille au kibboutz Nahal Oz, dans le sud d'Israël, le 17 mai 2018. (Moshe Shai / Flash 90)
Une famille au kibboutz Nahal Oz, dans le sud d'Israël, le 17 mai 2018. (Moshe Shai / Flash 90)

KIBBUTZ KFAR AZA, Sud d’Israël – Quelques jours à peine après la fin de l’opération Bordure protectrice, la guerre de 2014 entre Israël et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, Tom Oren-Denenberg, né à Haïfa, et son épouse Yael ont visité Nahal Oz, l’endroit en Israël qui se trouve le plus près de la turbulente enclave palestinienne, pour se renseigner sur la possibilité d’y habiter.

Le kibboutz, à seulement 800 mètres de la bande, était encore sous le choc de la mort de Daniel Tragerman, quatre ans, par des tirs de mortier, dont la famille était l’une des 18 personnes à quitter la communauté par la suite.

« Ça avait l’air abandonné », a dit Oren-Denenberg au Times of Israel cette semaine. « Beaucoup de familles n’étaient plus là depuis des semaines, l’aménagement paysager n’avait pas été entretenu, l’armée était sur le terrain avec les tanks.

« Mais il y avait quelque chose dans l’atmosphère. Je savais que c’était l’endroit pour nous. Quand nous sommes venus ici pour jeter un coup d’oeil, une autre famille venait d’emménager en provenance du kibboutz Hatzor (situé au sud d’Israël, entre la ville côtière de Ashdod et Kiryat Malachi dans l’intérieur). »

Deux mois plus tard, Tom et Yael ont emboîté le pas et ont emménagé eux aussi.

Tom et Yael Oren-Denenberg qui ont déménagé au kibboutz Nahal Oz du côté israélien de la frontière de Gaza peu après la guerre de Gaza en 2014. (Facebook)

« On a en quelque sorte initié une vague. Par la suite, des dizaines de nouvelles familles sont venues s’ajouter (le nombre exact était de 23). Je ne me souviens même pas d’où ils venaient. Nahal Oz devient très rapidement une partie de votre ADN », explique Oren-Denenberg.

Aujourd’hui, environ 400 personnes habitent le kibboutz.

Vivre près de la frontière hautement inflammable d’Israël avec Gaza n’était pas complètement nouveau pour le couple. A la recherche d’une localité active, les Oren-Denenberg avaient passé deux ans et demi au kibboutz Kfar Menachem, à l’est de Kiryat Malachi, beaucoup plus loin de Gaza, mais toujours sous alerte rouge.

Mais ce n’était pas suffisamment axé sur la collectivité pour eux et c’est au cours d’une conversation dans la cuisine pendant l’opération Bordure protectrice que Tom a soudainement suggéré de se pencher sur les kibboutzim à la frontière avec Gaza. « J’ai juste lancé l’idée. Je ne sais pas ce qui m’a traversé l’esprit », se souvient-il.

Le kibboutz Nahal Oz, à la frontière de la bande de Gaza. (Amir Tibon/Times of Israel)

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, et avec une fille de quatre ans, Ella, Tom et Yael, qui travaillent tous les deux à domicile, sont en train d’être acceptés comme membres à part entière de Nahal Oz.

Qu’est-ce que le kibboutz a de si spécial ? « Le soutien et l’entraide mutuels, le sentiment de communauté « , explique Oren-Denenberg. « Nous sortons tout le temps avec des amis, aux événements culturels. Nous sommes bénévoles. Et nous voulons que notre fille grandisse au sein d’une vraie communauté, pas dans un centre commercial au centre du pays ou devant une télé. »

« Nous voulons qu’elle ait une bonne éducation », a-t-il ajouté, « un amour de la terre dans le vieux sens sioniste du terme. Pour nous, le vrai sionisme est de vivre dans les frontières reconnues d’Israël. »

Aucune illusion

Oren-Denenberg dit que lui et sa femme n’ont aucune illusion. « Dieu merci, nous n’avons pas encore vécu une guerre – bien que nous ayons eu beaucoup d’escalades à court terme et des tirs d’armes par delà la frontière – mais il est clair qu’une autre va arriver un jour. »

Des soldats israéliens se rassemblent sur une position le long de la frontière avec la bande de Gaza, près du kibboutz de Nahal Oz, au sud d’Israël, le 30 mars 2019, alors que des Palestiniens (en arrière-plan) manifestent pour le premier anniversaire des manifestations de « La Marche du retour ». (Jack Guez/AFP)

Dans les heures qui ont suivi cette conversation avec le Times of Israel, des sirènes d’alerte ont retenti à Nahal Oz et dans le kibboutz Alumim voisin, lorsque des terroristes palestiniens ont lancé au moins deux roquettes sur Israël qui ont atterri en plein champ, sans faire de blessés. C’était après que des avions israéliens eurent bombardé une base du Hamas dans le nord de la bande de Gaza en représailles à une vague antérieure de ballons incendiaires lancés en direction d’Israël.

Même sans guerre, plus d’un millier de roquettes et d’obus de mortier ont été tirés sur Israël depuis Gaza au cours de l’année écoulée.

Tous les vendredis, depuis plus d’un an, les soldats israéliens se rassemblent près du kibboutz pour faire face à de violents manifestants palestiniens de l’autre côté de la frontière qui font ce qu’ils appellent leur « marche du retour » et tentent de franchir la clôture de la frontière.

Des soldats israéliens éteignent un incendie dans un champ de Nahal Oz causé par des cerfs-volants incendiaires tirés par des Palestiniens de Gaza, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 17 mai 2018. (Moshe Shai/Flash90

« Il y a deux peuples et deux côtés de la frontière et les gens sont plus importants que leurs dirigeants », a déclaré Oren-Denenberg, ajoutant qu’il avait établi des relations en ligne avec un journaliste de Gaza via Facebook.

« Quand il y a une escalade, il nous dit de prendre soin de nous. Les gens ne s’intéressent pas à Bibi (référence au surnom du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu) ou au Hamas. Nous voulons tous vivre tranquillement.

« Et si ma femme et moi ne croyions pas que la paix viendrait un jour, nous ne serions pas ici. »

Des enfants israéliens jouent près d’un abri anti-aérien public aux couleurs vives, dans le kibboutz de Nahal Oz, dans le sud du pays. Le 6 juillet 2015. (Miriam Alster/FLASH90)

Vous ne pouvez pas savoir comment vous allez faire face jusqu’à ce que quelque chose arrive.

Ayelet Shachar-Epstein, une membre du kibboutz Kfar Aza, juste en bas de la route, a acquiescé.

Elle a choisi d’être photographiée pour cet article debout à côté des restes d’un char d’assaut, près d’un olivier.

Des membres du kibboutz Kfar Aza à la frontière de Gaza participent ensemble à une activité. (Kibboutz Kfar Aza)

« C’est un symbole d’optimisme », dit-elle. « Nous comprenons la nécessité de nous défendre, mais nous croyons aussi en la paix. »

A moins de deux kilomètres de la frontière de Gaza, le kibboutz Kfar Aza compte environ 800 habitants. Il construit actuellement 38 nouvelles unités de logement et absorbe les 32 premiers nouveaux membres. Une dizaine de familles sont sur une liste d’attente.

Les nouveaux arrivants sont généralement un mélange des enfants de kibboutz, qui ont accompli leur service militaire, voyagé puis travaillé dans le centre du pays avant de décider de rentrer chez eux pour fonder une famille, des gens qui louent déjà le kibboutz, ou qui vivent dans des villes voisines comme Sdérot et Ashkelon, ou d’autres kibboutzim dans cette région.

« Cela peut paraître difficile pour les gens qui ne connaissent pas la réalité ici », a déclaré Shachar-Epstein, responsable de l’accueil des nouveaux membres du kibboutz. « On ne peut pas comprendre l’évolution constante de la situation en matière de sécurité tant qu’on ne l’a pas vécue et qu’on n’a pas vu comment on réagit. Il est arrivé plus d’une fois que des gens soient venus et aient vu et commencé le processus de demande d’admission en tant que membres du kibboutz avant que quelque chose ne se produise. Après la dernière escalade, il y a quelques semaines, trois familles ont abandonné. »

Une maison nouvellement construite au kibboutz Kfar Aza, avec une vue imprenable sur la bande de Gaza au loin, le 30 avril 2019. (Sue Surkes/Times of Israel.)

Pourtant, six maisons ont été habitées le mois dernier, 11 autres déménageront au cours des prochaines semaines et 21 autres sont en cours de commercialisation. L’une d’entre elles a été achetée par un avocat et son épouse de la ville de Givatayim, au centre d’Israël. Ils doivent emménager avec leurs trois enfants dans des logements locatifs au kibboutz en été, jusqu’à ce que leur maison soit achevée.

Les nouvelles maisons, construites chacune sur un terrain de 500 mètres carrés, vont de 1,2 million de shekels (300 000 euros) pour 90 mètres carrés à 1,8 million de shekels (450 000 euros) pour 180 mètres carrés.

A titre de comparaison, un appartement de 94 mètres carrés situé au premier étage à Rishon LeZion dans le centre d’Israël a été vendu la semaine dernière pour 1,96 million de shekels (490 000 euros) tandis qu’une maison de 184 mètres carrés avec un jardin de 247 mètres carrés était vendue dans cette même ville pour 2,7 millions de shekels (675 000 dollars) selon le quotidien économique Globes.

Shachar-Epstein a grandi dans le kibboutz, a épousé un autre membre du kibboutz et a maintenant trois enfants.

Ayelet Shachar-Epstein, responsable des nouveaux membres au kibboutz Kfar Aza, 30 avril 2019. (Sue Surkes/Times of Israel)

Elle se souvient avec émotion de ses achats familiaux sur les marchés de Gaza quand elle était enfant. « Nous vivions bien avec nos voisins à l’époque. Les gens venaient ici pour travailler. Les relations étaient amicales. »

Tout a changé en 2008

Puis, en 2008, tout a changé avec l’opération Plomb durci – la première de trois séries de guerre ouverte entre Israël et le Hamas.

L’opération Plomb durci a plongé Kfar Aza dans une crise économique qui a mis une décennie à se résoudre.

« Le 9 mai 2008, il y a eu quatre obus de mortier, l’un après l’autre. Le quatrième a frappé un membre du kibboutz, James Kdoshim, père de trois enfants, alors qu’il travaillait dans son jardin, le tuant sur place. Quand c’est arrivé, on a vraiment compris à quel point c’était dangereux de vivre ici. »

Mémorial dédié à James Kdoshim, un membre du kibboutz Kfar Aza qui a été tué par un obus de mortier tiré depuis Gaza, le 9 mai 2008. (Sue Surkes/Times of Israel)

C’est le seul décès causé par le Hamas, mais des maisons ont été endommagées depuis, et de nombreux membres de tous âges bénéficient d’un soutien psychologique.

Tout le kibboutz est équipé de bunkers, peints en couleurs avec des motifs de mandalas pour les rendre plus accueillants. Les membres de la communauté n’ont que 15 secondes pour courir vers l’espace protégé le plus proche après avoir entendu une sirène.

« Nous avons eu beaucoup de ballons incendiaires qui ont traversé la frontière, mais la vraie menace vient des obus de mortier », dit Shachar-Epstein. « L’armée dit qu’elle a bouché les tunnels venant de Gaza sous la frontière vers Israël, mais ils peuvent en découvrir de nouveaux. La capacité du Hamas est là.

« Depuis l’opération Bordure protectrice, le conflit n’a cessé de se développer. Il y a des pics de tension de temps en temps. Il arrive généralement rapidement et atteint un point culminant avec tant d’explosions que vous ne pouvez pas quitter la maison, la famille vit dans la pièce sécurisée, il n’y a pas d’école, les enfants grimpent aux murs et vous ne pouvez pas travailler. Et c’est sans parler de l’angoisse ».

« Beaucoup de gens partent temporairement lorsque les tensions sont fortes », a-t-elle poursuivi. « L’incertitude est très dure. Certaines personnes ont toujours des valises prêtes à l’emploi. Alors, où allez-vous ? Et pour combien de temps ? Vous ne le savez pas ».

Des bunkers colorés comme celui à gauche de la tribune de but de chaque côté du terrain de sport du kibboutz Kfar Aza, à la frontière de Gaza, où les habitants n’ont que 15 secondes pour courir en cas d’alerte de sécurité, 30 avril 2019. (Sue Surkes/Times of Israel)

« On s’habitue au côté pratique et savoir quoi faire crée un certain ordre, mais on ne s’habitue jamais à l’incertitude. »

La dernière escalade avant celle de cette semaine, début avril, a eu lieu alors que Shachar-Epstein se trouvait à Tel Aviv.

« Soudain, dans l’après-midi, il y a eu des sirènes d’alertes et j’ai reçu un message disant que les enfants étaient reconduits à la maison par leur école. J’ai pris un train pour rentrer chez moi, mais il s’est arrêté à Ashkelon. La gare de Sdérot a été fermée en raison de la situation sécuritaire.

« Mon fils de 18 ans a fait entrer les deux autres enfants dans la pièce protégée. À 19 heures, on nous a dit qu’il n’y aurait pas d’école le lendemain. Le lendemain matin, nous avons décidé de partir. On a fait nos valises et on est partis en voyage. Puis on nous a dit qu’un cessez-le-feu entrerait en vigueur à 17 heures ».

La vie communautaire dans les kibboutz : la réponse aux manifestants sociaux

Naftali Sivan est responsable de la « croissance démographique » du Conseil régional de Shaar HaNeguev, qui dessert quelque 9 000 habitants dans dix kibboutzim, dont Nahal Oz, ainsi qu’un moshav (Yachini) et plusieurs autres villages.

Cette photo prise le 30 mars 2019 depuis le kibboutz de Nahal Oz, au sud d’Israël, en face de la bande de Gaza, montre des véhicules militaires israéliens se tenant à la clôture de la frontière, alors que des Palestiniens, brandissant des drapeaux nationaux, manifestent pour célébrer le premier anniversaire des manifestations « Marche du Retour ». (Jack Guez/AFP)

Sept des kibboutzim se trouvent à moins de sept kilomètres de la frontière de Gaza et sont donc reconnus comme pouvant bénéficier d’un soutien gouvernemental spécial dans le cadre de l’enveloppe de Gaza.

« Cela semble fou, mais quand on demande comment expliquer ce phénomène étrange de personnes qui s’installent si près de la frontière de Gaza, la réponse est que nous commercialisons la localité », explique Sivan.

Habitations au kibboutz Nahal Oz, dans le sud d’Israël. Le 17 mai 2018. (Moshe Shai/FLASH90)

« Il semble que cela attire les gens qui veulent faire partie d’une communauté avec un engagement mutuel, où il y a la qualité de vie, la culture, une bonne éducation. Pendant la plus grande partie de la journée et de l’année, c’est une recette pour laquelle les gens sont prêts à passer des jours ou des périodes de tensions très difficiles liées à la sécurité. »

Selon lui, « Le kibboutz aujourd’hui est la réponse à beaucoup de ceux qui sont descendus dans la rue pour exiger la justice sociale en 2011 ».

'The people demand social justice' was a catchphrase of the social protests that erupted around the country in the summer of 2011. The Trajtenberg Committee was established following the protests. (photo credit: David Katz/The Israel Project)
« Le peuple exige la justice sociale » était un slogan des protestations sociales qui ont éclaté dans tout le pays à l’été 2011. (David Katz/The Israel Project)

Cette année-là, des dizaines de milliers d’Israéliens ont organisé des rassemblements hebdomadaires de masse dans tout le pays pour exiger une réduction du coût élevé de la vie et une société plus juste.

Au fur et à mesure que la demande de vie communautaire a augmenté, observe Sivan, les kibboutzim ont largement abandonné leurs anciennes habitudes collectives et permettent maintenant aux membres de posséder leur propre maison, de conserver les salaires qu’ils perçoivent et de travailler où ils le veulent.

Cela signifie que grâce à la gare de Sdérot, les personnes qui s’installent dans la région de Shaar HaNeguev peuvent continuer à se rendre chaque jour au centre du pays pour y travailler, et beaucoup le font.

La population de Shaar HaNeguev est passée de 6 670 habitants en 2009 à 8 600 en décembre 2018, avec une croissance majeure à partir de 2012.

Entre 2016 et 2018, un peu moins de 325 parcelles destinées à l’habitat ont été viabilisées dans l’ensemble de la circonscription.

Les deux tiers des acheteurs étaient des personnes souhaitant devenir membres à part entière du kibboutz.

Le tiers restant a opté pour un produit aujourd’hui largement abandonné appelé « extension » des kibboutz – des quartiers privés construits loin des zones de vie commune des kibboutz pour les familles à la recherche d’un mode de vie rural sans les avantages et les responsabilités d’une adhésion au kibboutz.

Parmi les acheteurs, environ la moitié venaient de la région, l’autre moitié de l’ensemble d’Israël.

Cette activité immobilière s’est déroulée sur fond de deux des trois guerres majeures qu’Israël a menées avec le Hamas depuis que ce dernier a pris le contrôle de l’enclave en 2007, sans parler des hauts et des bas continus des conflagrations sporadiques.

Naftali Sivan, responsable de la croissance démographique au Conseil régional de Shaar HaNeguev, Sderot, le 30 avril 2019. (Sue Surkes/Times of Israel)

L’idée, ajoute Sivan, n’est pas de submerger les kibboutzim avec de nouveaux membres qui pourraient modifier l’atmosphère du kibboutz, mais de leur permettre d’absorber environ dix familles par an pour rester fort et viable.

Sivan a décrit avec fierté le campus éducatif du conseil régional de Sdérot, qui offre un enseignement et des installations aux différentes communautés membres « de six à 120 ans » – du CP au troisième âge. Ici, des écoles et deux collèges – dont le Sapir College, qui compte 8 000 étudiants, sont situés à côté d’installations telles qu’un club et un centre de jour pour personnes âgées, un conservatoire de musique, un studio de danse, des installations sportives et un programme spécial pour les enfants souffrant de troubles déficitaires de l’attention.

Bâtir la communauté, renforcer la résilience

Le campus abrite également des services psychologiques et ce qu’on appelle un centre de résilience.

Ces centres financés par le gouvernement ont été établis dans les quatre conseils régionaux de l’enveloppe de Gaza ainsi que dans la ville proche de la frontière – Sdérot.

Développés à l’origine pour les populations vivant à la frontière nord d’Israël avec le Liban, ils apportent un soutien aux individus et aux communautés dans les zones qui présentent des problèmes au niveau sécuritaires.

Ils offrent à tous les résidents qui en ont besoin jusqu’à 12 séances gratuites de thérapie ou de conseils psychologiques, voire jusqu’à 24 dans certains cas.

Ils organisent des activités et des ateliers pour renforcer les liens communautaires et les contacts intergénérationnels.

Parce que l’on a constaté que la responsabilité aide à renforcer la résilience, les centres forment également des équipes de bénévoles des services d’urgence, attribuant des tâches aux personnes qui concentreront leurs énergies et les aideront à aider les autres.

Et ils forment les résidents qui occupent certains postes au sein de leur communauté, comme les enseignants et les secrétaires des kibboutz, à savoir comment réagir lorsque les sirènes retentissent.

« La résilience sociale est ce qui a permis aux familles de rentrer chez elles après l’opération Bordure protectrice (en 2014) », a déclaré Sivan. « C’est ce qui fait vivre nos communautés ici. »

Incitations financières

Aux attraits de la région, il faut ajouter un généreux ensemble d’incitatifs financiers.

L’investissement massif du gouvernement pour maintenir et encourager les implantations dans l’enveloppe de Gaza fait la différence pour de nombreux jeunes couples entre louer et acheter une première propriété.

Adi Meiri, porte-parole du Conseil régional de Shaar HaNeguev et résidente du kibboutz Yad Mordechai – le kibboutz le plus au nord de l’enveloppe de Gaza (et une partie du Conseil régional de la côte d’Ashkelon) a payé seulement 1,3 million de shekels (325 000 euros) pour sa maison de 140 mètres carrés sur un terrain de 450 mètres carrés.

Adi Meiri, résidente du kibboutz Yad Mordechai et porte-parole du Conseil régional de Shaar HaNeguev, le 30 avril 2019. (Autorisation)

Ceux qui souhaitent construire ne paient pas pour le terrain, a expliqué Meiri.

En outre, le ministère du Logement verse entre 80 000 shekels (20 000 euros) et 120 000 NIS (30 000 euros) aux kibboutzim pour chaque famille qui y achète une maison, afin de couvrir les coûts d’infrastructure.

Les personnes qui veulent louer dans un kibboutz dans l’enveloppe de Gaza avant de prendre une décision d’achat peuvent demander une « maison d’association » construite par le gouvernement.

Après cinq ans, ils doivent décider s’ils veulent rester et, le cas échéant, leurs loyers sont convertis en versements hypothécaires et la maison devient la leur. Cela leur permet d’acheter une propriété sans avoir à investir de capital personnel.

Les résidents qui gagnent jusqu’à 15 000 shekels (3 750 euros) sont exonérés de l’impôt sur le revenu. (Le salaire mensuel moyen en janvier de cette année était de 10 618 shekels, soit 2 654,50 euros).

Les gens qui créent une entreprise bénéficient de réductions sur les taxes et les taux.

Et alors qu’ailleurs en Israël, les parents doivent payer un supplément pour la garde des enfants l’après-midi, dans l’enveloppe de Gaza, le ministère du Travail subventionne plus d’un tiers du coût journalier des garderies des enfants de moins de trois ans.

Le « truc » en plus de Sdérot

Dans la ville de Sdérot, les plans de croissance sont beaucoup plus ambitieux que ceux des conseils régionaux.

Six nouveaux quartiers sont en cours de construction, et deux autres sont en phase de planification.

D’ici fin 2019, la ville comptera 28 500 habitants, contre 24 000 en 2014, selon Arie Cohen, responsable de tous les projets de construction dans la ville. Officiellement, ce nombre passera à 50 000 d’ici 2040, bien que M. Cohen estime que l’objectif sera atteint une décennie plus tôt.

Un homme marche avec son chien près d’une batterie antimissile du Dôme de fer près de la ville de Sdérot, dans le sud d’Israël, le 29 mai 2018. (Yonatan Sindel/Flash90)

« Je suis un homme des petites communautés, dit Cohen, qui est né à Sdérot, mais pour le ‘truc’ en plus, il faut une ville qui grandit vraiment. Et ce qui se passe ici est un miracle, si l’on considère l’opération Bordure protectrice. Vous avez besoin d’un maire qui est totalement concentré sur la cible et qui sait comment faire entrer l’argent du gouvernement. Et vous devez fournir une gamme d’excellents services, en plus du logement. »

La ville construit également des logements pour étudiants de 400 lits et rénove le centre-ville, a-t-il ajouté.

Arie Cohen, responsable de tous les projets de construction dans la ville de Sdérot (Néguev), avec en toile de fond Neot Shikma, un des six nouveaux quartiers en construction, le 30 avril 2019. (Sue Surkes/Times of Israel)

Les six quartiers en cours de construction compteront environ 3 000 logements, dont un tiers sera commercialisé dans le cadre d’un programme gouvernemental visant à offrir des logements à prix subventionnés aux acheteurs d’une première maison qualifiés grâce à un système de loterie.

Selon M. Cohen, le projet permettra de vendre un appartement d’un peu plus de 90 mètres pour seulement 550 000 shekels (137 500 euros).

Un homme inspecte les dégâts causés à sa maison par une roquette tirée depuis la bande de Gaza, dans la ville de Sdérot, au sud d’Israël, près de la frontière avec Gaza, le 25 mars 2019. (Hadas Parush/Flash90)

Une maison de 140 mètres carrés sur un terrain de 300 mètres carrés qui ne fait pas partie du projet coûtera entre 1,6 et 1,7 million de shekels (400 000 à 425 000 euros), ce qui reste relativement une bonne affaire.

Le maire adjoint de Sderot, Elad Kalimi, a déclaré que l’excellent système éducatif de la ville était un atout majeur.

Elad Kalimi, adjoint au maire de Sderot. (Autorisation)

En effet, en 2017, selon le Bureau central des statistiques, 71,3 % des élèves de Terminale de Sdérot ont obtenu un diplôme, soit bien plus que la moyenne nationale (68,2 %).

Et tandis que les parents de tout le pays financent les activités de l’après-midi pour leurs enfants, les écoles de Sdérot fonctionnent, sans frais supplémentaires, de 7h30 à 16h.

Le théâtre, les cinémas, les spectacles musicaux et autres spectacles sont fortement subventionnés, dit M. Kalimi. Les activités d’enrichissement extra-scolaires pour les élèves de CE2 et de CM1 ne coûtent que 100 shekels (25 euros) par enfant et par an, les élèves d’autres âges bénéficient d’une réduction de 50 % et ne paient que 800 shekels (200 euros) chacun.

La périphérie sud, où le danger est un concept relatif

Sdérot et les communautés de Shaar HaNeguev – qui ont uni leurs forces sur plusieurs projets pour assurer des opportunités d’emploi à faible, moyenne et haute technologie – ont l’avantage de disposer d’un train pour se rendre au centre du pays pour le travail mais qui veulent vivre dans le sud du pays.

Ce privilège n’est pas partagé par le Conseil régional rural d’Eshkol, plus au sud, qui est en charge de 32 localités, principalement des kibboutzim, avec 14 moshavim et trois implantations collectives.

La région d’Eshkol s’étend le long de 40 kilomètres de la frontière israélienne avec Gaza, du kibboutz Beeri au nord au kibboutz Kerem Shalom au sud, plus 12 km de la frontière du Sinaï égyptien. Vingt-cinq de ses agglomérations se trouvent à l’intérieur de l’enveloppe de Gaza.

Des centaines de volontaires aident à rénover des quartiers du kibboutz de Kerem Shalom, à la frontière sud d’Israël avec la bande de Gaza, le 26 août 2018. (Flash90)

Malgré leur isolement relatif, les communes d’Eshkol, qui comptent actuellement 16 000 âmes, se développent également, absorbant environ 100 familles chaque année.

Comme Naftali Sivan, Tzurit Yarchi, responsable de la croissance démographique au conseil municipal, cite la qualité de vie et l’ambiance communautaire et familiale comme principaux attraits.

« La situation en matière de sécurité, dont on aimerait qu’elle n’existe pas, favorise une bonne partie de la coopération. C’est une collectivité où les gens s’embrassent les uns les autres », dit-elle.

Tzurit Yarchi, responsable de la croissance démographique au Conseil régional d’Eshkol sur la frontière de Gaza et du Sinaï. (Autorisation)

Yarchi, qui vit dans un moshav à la frontière du Sinaï, où elle entend constamment le rugissement des combats entre les islamistes du Sinaï et l’armée égyptienne, a dit avoir reçu la visite d’une journaliste du centre du pays qui lui a demandé si elle était inquiète pour son fils, alors âgé de dix ans.

« Je lui ai demandé si elle laissait son enfant errer dans le quartier, et elle m’a répondu qu’elle ne le laissait même pas jouer seul dans la cage d’escalier de son immeuble ».

« Je lui ai dit que mon fils faisait du vélo partout dans le moshav et que si quelque chose arrivait, Je serais bien contente que quelqu’un l’emmène chez lui ».

« C’est ce sentiment d’unité que nous avons qui construit la résilience. »

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