Mandelblit : Tsahal et Gantz ne peuvent pas décider de fermer la radio de l’armée
Le ministre de la Défense et le chef de l'armée ont décidé de fermer la station, mais le procureur général adjoint estime que c'est au gouvernement de prendre une décision

Le ministre de la Défense Benny Gantz et le chef d’état-major de Tsahal Aviv Kohavi n’ont pas l’autorité nécessaire pour fermer la radio de l’armée de leur propre chef, a déclaré mardi le bureau du procureur général, ce qui constitue un probable revers dans les démarches visant à dissocier la station de l’armée.
Le procureur général adjoint Meir Levin a émis un avis juridique – qui a été envoyé au ministère de la Défense mardi – concernant le pouvoir d’ordonner la fermeture de la radio de l’armée, affirmant qu’un projet de loi de la Knesset était la meilleure méthode pour approuver cette décision.
Levin a cité le « caractère central » de la radio de l’armée, la multiplicité des opinions sur ses ondes et a fait valoir que sa fermeture entraînerait un « certain préjudice » à la liberté d’expression.
« Toutefois, si les dirigeants politiques choisissent de faire fermer de la station, cette démarche nécessite, a minima, une décision du gouvernement », indique un communiqué du bureau du procureur général.

« La décision du chef d’état-major avec l’approbation du ministre de la Défense n’est pas suffisante pour fermer la radio de l’armée », a-t-il ajouté.
Il n’y a pas eu de réponse immédiate à l’avis juridique de la part du ministère de la Défense ou de Tsahal.
Depuis plusieurs années, Tsahal cherche à retirer la radio de l’armée de la compétence de l’armée et du ministère de la Défense. En janvier, Gantz a annoncé un plan visant à séparer la radio de l’armée de Tsahal une fois pour toutes, une mesure attendue depuis longtemps mais qui avait été retardée à plusieurs reprises afin d’éviter la fermeture définitive de la station.
Le ministre de la Défense a réitéré son intention de fermer la radio de l’armée en juin, lorsqu’il a déclaré que le procureur général avait décidé, lors des récentes élections, que la question ne pouvait être abordée avant la formation d’un nouveau gouvernement. Quelques jours plus tard, le nouveau gouvernement a prêté serment.

« Je pense que les soldats de Tsahal doivent être tenus aussi éloignés que possible de toute implication politique et que la station doit être apolitique, ce qui n’est plus le cas depuis longtemps », a déclaré M. Gantz en réponse à une question du député Shas Moshe Abutbul à la Knesset. « Je ne pense pas qu’il soit possible de faire fonctionner la radio de l’armée dans sa forme actuelle, en grande partie à cause de l’angle politique. »
L’exploitation et le financement, par l’armée, de cette station de radio dont les journalistes mènent des enquêtes sur l’armée israélienne elle-même, ainsi que sur les politiciens, ont longtemps été considérés comme anachroniques, coûteux, et éthiquement problématiques.
La décision d’écarter définitivement la radio de l’armée est intervenue après une nouvelle demande du chef d’état-major de Tsahal l’été dernier.
Galei Tsahal, comme on l’appelle en hébreu, est l’une des stations d’information les plus écoutées du pays. Elle réunit des jeunes soldats et des journalistes expérimentés.

La ligne éditoriale de la station en tant que média a toujours été difficile, car elle fonctionne simultanément, et parfois de manière discordante, comme un organisme d’information indépendant qui émet des critiques sur le gouvernement, et comme une branche de l’armée israélienne dédiée à la couverture des troupes et à la promotion du narratif de l’armée comme champ de consensus national.