Manifestant pour Netanyahu, des députés Likud fustigent le système judiciaire
Les partisans du Premier ministre répètent que les accusations portées contre lui sont politiquement motivées

Plusieurs députés du Likud devaient accompagner le Premier ministre Benjamin Netanyahu dimanche au début de son procès pour corruption, alors que les alliés du Premier ministre ont multiplié leurs accusations selon lesquelles les charges retenues contre lui étaient politiquement motivées.
Les ministres Amir Ohana et Miri Regev, deux des plus fervents partisans de Netanyahu, ont annoncé samedi qu’ils rejoindraient le Premier ministre lorsqu’il arrivera au tribunal de district de Jérusalem pour l’audience de 15 heures, comme l’a fait leur collègue du Likud Tzachi Hanegbi.
D’autres députés du Likud sont également attendus, des manifestations pour et contre Netanyahu devant se tenir près du tribunal de la rue Saladin à Jérusalem.
Le leader de l’opposition Yair Lapid a dénoncé le projet des députés du Likud de rejoindre Netanyahu, le qualifiant de « honte nationale » et faisant remarquer qu’Ohana, en tant que ministre de la Sécurité publique, supervise les forces de l’ordre.
« Voilà la véritable tentative de coup d’Etat », a écrit Lapid, qui dirige le parti Yesh Atid, sur Twitter. Il faisait référence aux accusations de Netanyahu et de ses partisans selon lesquelles son inculpation de l’année dernière constituait une « tentative de coup d’État ».
Quelques heures avant le début du procès, les hommes politiques du Likud ont fait des déclarations et sont passés sur les ondes pour défendre Netanyahu et dénigrer le système judiciaire.

« Le jour de l’ouverture du procès du Premier ministre Benjamin Netanyahu restera dans les mémoires comme l’un des plus mauvais moments du système juridique israélien », a déclaré le nouveau président de la Knesset, Yariv Levin, du Likud.
Levin, un proche confident de Netanyahu qui a longtemps critiqué les tribunaux, s’est fait l’écho d’autres députés du Likud en affirmant qu’il n’y aurait pas que le Premier ministre qui serait jugé.
« C’est un test pour l’avenir de la démocratie israélienne et l’avenir de son application de la loi », a-t-il déclaré. « Comme des millions de citoyens israéliens, je me tiendrai aujourd’hui aux côtés du Premier ministre ».
Le député du Likud Miki Zohar a réitéré des affirmations non fondées selon lesquelles les médias et les ennemis politiques du Premier ministre avaient contribué à l’inculpation de Netanyahu.
« C’est de la persécution contre une personne que vous ne parvenez pas à battre dans les urnes », a déclaré Zohar à Radio 103FM. « Heureusement, les citoyens ne pensent pas comme vous. »
Il s’est toutefois abstenu de critiquer les juges, accusant plutôt la police et les procureurs d’avoir « fabriqué » les accusations.
Ayoub Kara, un ancien ministre du Likud, a suggéré qu’une décision de condamner Netanyahu pourrait provoquer des violences.
Le seul but est de nuire au « roi » afin de briser le camp national », a-t-il écrit sur Twitter. « Je demande à la Cour, parce que la balle est entre ses mains, d’empêcher immédiatement une guerre civile qui serait plus dangereuse que toutes les guerres que nous avons traversées ».
Cependant, le parti Derekh Eretz, dont les deux députés se sont séparés de la faction Telem de Kakhol lavan pour rejoindre la coalition, a déclaré dans un communiqué que l’affaire du Premier ministre ne devrait être tranchée que par le tribunal, et non dans la rue ou les médias.
« Personne n’aurait souhaité connaître ce jour. Comme tous les citoyens israéliens, nous espérons que le Premier ministre sera acquitté par le tribunal, qui est le seul endroit où l’on peut clarifier les faits et la vérité, plutôt que dans la rue ou dans les médias », peut-on lire dans le communiqué. « Aujourd’hui, il est particulièrement important de se rappeler que ce n’est pas le camp de droite qui est jugé, mais une seule personne ».

Les dernières critiques concernant les accusations portées contre Netanyahu sont arrivées au moment où le Likud critiquait de plus en plus, ces dernières semaines, le procureur général Avichai Mandelblit, qui a inculpé le Premier ministre.
Les députés ont remis en question le rôle de Mandelblit dans l’affaire dite Harpaz, un scandale de 2010 dans lequel il a fait l’objet d’une enquête mais n’a jamais été jugé, un ministre l’ayant qualifié de « criminel présumé » la semaine dernière.
« Je n’aurais jamais cru que nous arriverions à une situation où des ministres diraient cela du procureur général », a déclaré à la radio de l’armée Avigdor Feldman, un éminent avocat qui a défendu l’ancien président Moshe Katsav lors de son procès pour viol.
Il a ajouté : « On a le sentiment que toutes les lignes ont été franchies. Cela va bien au-delà des dommages à long terme ».

Outre M. Netanyahu, qui sera le premier Premier ministre israélien à être jugé pendant son mandat, les autres accusés dans les trois affaires dont il est accusé seront également présents à l’audience d’ouverture de dimanche.
Netanyahu, qui nie les méfaits, est accusé de fraude et d’abus de confiance dans toutes les affaires, ainsi que de corruption dans l’une d’entre elles.
Dans l’affaire de corruption, Netanyahu est accusé d’avoir fait pression pour obtenir des faveurs réglementaires en échange d’une couverture médiatique positive. Il est également accusé d’avoir tenté d’obtenir une contrepartie pour une couverture médiatique positive et d’avoir accepté des cadeaux coûteux de riches bienfaiteurs dans les deux autres affaires, qui sont considérées comme moins graves.
A LIRE – Etat d’Israël vs. Netanyahu : détails de l’acte d’accusation du Premier ministre