Manifestation des fans de 88FM contre les changements imposés par la nouvelle autorité
Mishmar 88, le fan-club de la radio spécialisée dans la musique rock, le jazz et les musiques du monde, n’accepte pas la transformation de la station

Dans les trois semaines qui ont suivi l’arrêt abrupt de l’autorité de Radiodiffusion d’Israël et le passage à la nouvelle société de médias du gouvernement, Kan, les auditeurs de 88FM – une station de radio publique dédiée à des programmes soigneusement choisis de rock classique, de jazz et de musique du monde – sont devenues des auditeurs malheureux.
Ce n’est pas seulement le nouveau jingle qui ne sonne pas juste – c’est le tout en entier.
« La station n’est pas comme d’habitude », a déclaré Hilla Shagan, le fondateur du fan-club de la station, Mishmar 88. « C’est juste une suite de hits. Vous entendez Bruce Springsteen et Bob Dylan et Deep Purple, mais seulement leurs succès les plus fondamentaux. Il n’y a pas d’âme ».
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88FM était connu parmi sa base de fans comme une station de radio pour les amateurs de musique. Ce n’était pas seulement une radio qui se contentait de diffuser des chansons bien connues des musiciens bien-aimés qui sont décédés, ni les premières parties précédant les concerts très attendus comme ceux de The Rolling Stones ou The Pixies.
C’était plutôt la connaissance musicale encyclopédique du personnel de la station, et leur reconnaissance qu’ils le partageaient avec un public, qui également l’apprécient, qui faisait la force de la station.
« C’est ce qui a faisait que 88FM était si différent », a expliqué Lilach Yifat, un autre membre de Mishmar 88. « Les éditeurs définissent les listes des chansons ».
Bien qu’une partie significative du personnel de 88FM soit restée en poste suite au retournement spectaculaire de l’autorité de radiodiffusion publique, l’IBA, la qualité et le son qui étaient la marque de la station ont disparu, se sont plaints les auditeurs.
Mais ces fans n’acceptent pas cette perte sans réagir.
Ils se sont lancés dans une campagne de rédaction de lettres dès que la fermeture de l’IBA a été annoncée, exigeant un retour de la musique et des choix éditoriaux qu’ils préfèrent. Maintenant, ils sont en train de manifester devant les bureaux de la station à Tel Aviv.
Leur plan consiste à exercer une pression. Beaucoup de pression.
« Nous parlons de la radio publique », a souligné Shagan, qui a lancé le fan-club Mishmar 88 il y a une décennie lorsque d’autres changements ont été apportés à la station de radio publique sans tenir compte de l’opinion publique. « Son travail est d’éduquer et de représenter le public qui ne peut être représenté dans la radio commerciale. Eldad Koblenz [le nouveau directeur] ne fait pas son travail ».

Ils ne sont pas les seuls à se plaindre. Il y a eu une litanie d’articles et de lettres sur 88FM dans la presse israélienne, ainsi que d’un nombre continu de plaintes sur la page Facebook du groupe qui compte 7 000 personnes qui la suivent.
« Le public a plus de pouvoir qu’il ne le pense, et il ne peut tout simplement pas accepter cela », a expliqué Shagan. « Il y a beaucoup de problèmes en Israël, mais quelque chose comme ça, la station de musique que j’adore – si vous allez me le prendre aussi, je vais lutter contre [cette décision] ».
Ce qui a toujours distingué 88FM des autres stations de musique rock était ses éditeurs et présentateurs bien formés, qui utilisaient leurs compétences approfondies pour créer chaque playlist.
Une heure avec l’un des présentateurs – que le sujet soit le rock, le jazz, la musique du monde ou la musique latine – permettait aux auditeurs de faire un voyage musical, qui s’étendait à travers plusieurs décennies et des sons et qui proposait souvent des œuvres moins connues de musiciens de renom ou les sons plus intéressants des plus jeunes.
Tout cela a changé maintenant, a déclaré Shagan. Certains programmes ont été annulés tandis que d’autres ont été déplacés du prime time à des moments bizarres de la journée où peu de personnes écoutent la radio. Les choix éditoriaux sont réalisés par une équipe composée de seulement trois personnes, s’est-elle insurgée.
« Si 88 est défini par son pluralisme musical, il est maintenant basé sur la connaissance de seulement trois personnes et c’est une réduction folle de goût et de connaissances, ce n’est qu’une série de hits », a dénoncé Shagan.
Boaz Cohen, un animateur bien connu du matin de 88FM dont l’ancienne émission de 8 à 10 heures s’appelait « Roker Tov » – un jeu de mot avec rock et boker tov, ou bonjour – et qui est à la Kan maintenant, a déclaré que le processus a été compliqué, pour le moins qu’on puisse dire.
« Il n’y a presque rien dans la nouvelle station qui ressemble à ce qu’il y avait dans la vieille station », a indiqué Cohen. « Mon émission commence une heure plus tard, beaucoup de choses passent par les ordinateurs et l’intention est d’attirer plus d’auditeurs ».
Ce qu’il relaie est semblable aux paroles de la chanson « Radio Song » de R.E.M. La chanson que Cohen a passée lors de l’une de ses premières émissions du matin après la mise en place de la Kan la semaine dernière :
Hey, I can’t find nothing on the radio [Hey, je ne trouve rien à la radio]
Yo! turn to that station [Yo ! Mets cette station]
The world is collapsing [Le monde s’effondre]
Around our ears [Autour de nos oreilles]
I turned up the radio [J’ai allumé la radio]
But I can’t hear it [Mais je n’arrive pas à l’entendre]
Alors qu’un bon nombre des présentateurs sur la nouvelle 88 sont restés les mêmes par rapport à ceux de l’incarnation précédente de la station, ils sont devenus des « marionnettes », a regretté Shagan, sans aucun pouvoir d’édition ou de décision qu’ils détenaient lorsque 88FM faisait encore partie de l’IBA.
Selon un autre présentateur de 88FM qui a préféré rester anonyme, la suppression abrupte du pouvoir décisionnel des présentateurs et des éditeurs de musique n’a pas beaucoup de sens.

« Ils ont dit que certains chez 88FM étaient trop nerveux ou trop dissipés, mais c’est ridicule », a-t-il déclaré.
« Vous pouvez dire aux gens de faire les choses un peu différemment, de commencer et de terminer une émission avec des hits. Ce sont des gens qui savaient ce qu’ils faisaient, et le plus gros problème, c’est la façon horrible dont tout s’est fait, tout simplement en marchant sur tout le monde. C’était complètement grossier et inutile ».
C’est un gros désordre, a souligné Shagan. « D’autres musiciens et personnes vont se joindre au combat », a-t-elle affirmé.
« Il y avait cette station de radio pour ce genre de musique, et ils ont tout changé ».
La manifestation Mishmar 88 se tient à l’extérieur des bureaux de Kan à Tel Aviv, au 6, rue Kremenentski, et a débuté à 17h30, le jeudi 1er juin.
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