Le chef de l’armée de l’air insiste sur la « confiance » en temps de guerre
Tomer Bar a écrit une missive à l'occasion des 50 ans de la guerre du Kippour, à un moment où les réservistes opposés à la refonte judiciaire ne se présentent plus aux entraînements
Dans une lettre publiée jeudi pour les 50 ans de la guerre du Kippour, le commandant de l’armée de l’air israélienne, le major-général Tomer Bar, a souligné l’importance de la confiance et de l’unité pour la défense d’Israël, au moment où les pilotes réservistes opposés à la refonte judiciaire ne se présentent plus aux entraînements.
Bar a cité les propos – tenus pour les besoins d’un récent documentaire sur la guerre – par le pilote Meir Shani, disant la force que procurait le fait de savoir « qu’il y a des gens derrière vous – l’État d’Israël, c’est le vôtre. Vous n’êtes pas seul comme mon père, qui a perdu toute sa famille dans la Shoah. »
« Ces mots sont notre raison d’être», a déclaré Bar, attribuant à ce sentiment d’appartenance et de communauté le mérite d’avoir inversé le cours de la guerre.
Selon le commandant de l’armée de l’air, deux éléments clés énoncés par Meir sont essentiels en temps de guerre : la confiance et le sacrifice de soi consenti par les soldats.
« La confiance, par définition, est une longue chaîne tissée d’innombrables liens. Seul un lien fort et durable entre tous les maillons de la chaîne garantit la force de la chaîne dans son ensemble ». « Cette confiance est ancrée chez tous ceux qui envoient les soldats en mission, aussi difficile et dangereuse soit-elle. »
Il a également rappelé qu’il devait y avoir de la confiance entre les pilotes et le reste de l’armée de l’air, qui « travaillent ensemble, avec un sens aigu de responsabilité mutuelle, au succès des missions ».
Bar a ensuite salué le dévouement des pilotes qui ont combattu en 1973, rappelant qu’ils sont allés au combat en sachant qu’aucun, peut-être, ne reviendrait vivant, et la contribution de l’armée de l’air à la victoire finale d’Israël.
« L’histoire de la guerre est un signal d’alarme clair qui nous a permis de remettre en cause ce que nous voyions comme des certitudes », a-t-il analysé.
Evoquant les menaces auxquelles Israël est confronté à ses frontières, Bar a prophétisé que les ennemis de l’Etat juif « pourraient s’unir, dans une prochaine guerre, pour tenter de nous mettre en difficulté ».
« Ces derniers mois, les soldats de Tsahal, que ce soit dans les airs, en mer ou au sol, ont mis leur vie en jeu un nombre incalculable de fois… Et lors de toutes ces opérations, nous avons senti que tout l’État d’Israël était avec nous », a-t-il poursuivi.
« Cela doit être préservé ! »
Selon une information publiée il y a de cela quelques jours, Bar aurait donné aux pilotes protestataires un délai de deux semaines pour reprendre leur devoir de réserve, à défaut de quoi ils seraient déclarés inaptes au vol, voire renvoyés de l’armée.
La plupart des Israéliens qui ont fait leur service militaire obligatoire sont tenus à des périodes de réserve, chaque année, mais ceux qui ont servi dans des unités spéciales – pilotes y compris– sont supposés se porter volontaires pour continuer à effectuer les mêmes tâches au titre de la réserve, engagement qu’ils prennent généralement d’eux-mêmes.
En raison de la nature-même de leurs fonctions, les pilotes réservistes et les réservistes des forces spéciales ont tendance à se présenter très régulièrement aux entraînements et missions.
De nombreux réservistes ont fait savoir, depuis le début de cette année, qu’ils n’effectueraient pas leur devoir de réserve dans un Israël non démocratique, que certains voient advenir dans le projet de refonte judiciaire voulu par l’actuel gouvernement.
À la mi-juillet, plus de 1 100 réservistes de l’armée de l’air israélienne, parmi lesquels pas moins de 400 pilotes, ont annoncé leur intention de ne plus effectuer leur période de réserve volontaire en guise de protestation contre le projet gouvernemental de refonte du système judiciaire.
Cette annonce – absolument sans précédent en termes d’ampleur et d’importance pour Tsahal – a suscité une véritable onde de choc au sein de l’armée, qui fait son possible, depuis le début de l’année, pour endiguer le flot croissant de réservistes qui mettent un terme à leur service volontaire en signe de protestation contre la refonte.
En juillet dernier, après la présentation par la coalition de son tout premier projet de loi destiné à mettre à bas le système judiciaire, quelque 10 000 réservistes volontaires ont fait savoir qu’ils n’effectueraient plus leur période de réserve.
Les autorités de la Défense ont, à plusieurs reprises, alerté sur le fait que le phénomène pourrait avoir des conséquences sur la défense du pays. Ces alertes ont été mal vécues par le gouvernement et ont valu à l’armée des attaques publiques soutenues par des membres de la coalition radicale.