Mort de Shoshana Cardin, femme juive qui avait brisé plusieurs plafonds de verre
Cette philanthrope de Baltimore était la présidente de la Conférence nationale de la communauté juive soviétique et elle avait été la première femme à diriger la JFNA
Shoshana Cardin, une philanthrope de Baltimore qui avait été la première femme à présider la fédération juive de sa ville, l’organisation-cadre du mouvement de la fédération juive et la puissante conférence de la CoP, Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations, s’est éteinte.
Cardin, dont la santé était fragile ces dernières années, avait 91 ans, selon JmoreLiving.com.
Connue pour ses capacités intellectuelles et de leadership, elle avait été de 1988 à 1992 présidente de la conférence nationale de la communauté juive soviétique, à une époque où les priorités du mouvement de la communauté juive soviétique avaient glissé des campagnes de libération des Juifs soviétiques à l’aide apportée à leur installation en Israël.
Avant cela, elle avait été présidente du Conseil des fédérations juives, organisme représentant les 200 fédérations communautaires juives aux Etats-Unis et au Canada.
Cardin s’était également distinguée durant l’automne 1988 pour avoir été le fer de lance de l’opposition aux efforts de la Knesset israélienne visant à amender la loi du retour.
L’amendement « Qui est Juif », tel qu’il était appelé et qui aurait refusé la citoyenneté israélienne aux immigrants dont la conversion ne répondait pas aux normes orthodoxes, avait finalement été retiré face à la pression intense des Juifs américains.
Née Shoshana Shoubin, de parents lettons dans ce qui était alors la Palestine contrôlée par les Britanniques, Cardin était arrivée à Baltimore à l’âge de deux ans, où elle était ensuite devenue active dans les affaires juives locales.
L’un de ses tous premiers rôles majeurs au sein de la communauté juive avait été celui de présidente de la Federation of Jewish Women’s Organizations du Maryland, de 1965 à 1967.
Elle avait été la toute première femme à présider l’Associated Jewish Charities and Welfare Fund de Baltimore, et avait été nommée aux bureaux de l’American Jewish Joint Distribution Committee, de l’United Israel Appeal, et de l’United Jewish Appeal.
Elle avait également été à la tête de la Jewish Telegraphic Agency de 1999 à 2001.
Selon les archives de la Federation of Jewish Women’s Organizations, elle avait été diplômée en anglais à l’université de Californie, à Los Angeles, après trois années à Johns Hopkins, à Baltimore. Elle avait épousé Jerome Cardin, avocat, développeur immobilier et cousin de l’acteur sénateur démocrate du Maryland, Benjamin Cardin. Elle avait été enseignante dans une école publique de Baltimore.
« Les femmes enceintes n’étaient pas autorisées à enseigner et Cardon était donc partie alors qu’elle attendait le premier de ses quatre enfants : Steven, Ilene, Nina, et Sanford », selon la JWA.
Jerome Cardin était mort en 1993 à l’âge de 69 ans.
En plus de son implication dans les affaires juives, elle avait été largement impliquée dans la politique civique d’état, servant en 1967 au poste de délégué à la convention constitutionnelle du Maryland et de 1974 à 1979, comme présidente de la Commission pour les femmes du Maryland.
En 1984, elle était devenue la première femme élue au Council of Jewish Federations, organisme précurseur de ce qui est maintenant le groupe Jewish Federations of North America.
Au mois de décembre 1990, elle avait été élue à la tête de la CoP (Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations) à un moment où l’organisation-cadre oeuvrait à sécuriser la position d’Israël auprès de l’administration américaine, une tâche compliquée par le combat menée par le président George H.W. Bush pour maintenir de bonnes relations avec ses partenaires arabes dans sa campagne visant à expulser les troupes irakiennes du Koweït.
Elle était cheffe de la conférence lorsque, au mois de novembre 1991, Bush lui avait présenté ce qu’elle avait qualifié d’excuses sincères pour avoir tenu des propos, au mois de septembre de cette année-là, qui avaient été perçus par la communauté juive comme une attaque contre le lobby pro-israélien.
Au début de la même année, les groupes juifs avaient pris ombrage de son positionnement dur envers une requête israélienne en faveur d’une garantie américaine couvrant la somme de 10 milliards de dollars en prêts, nécessaires pour l’installation des immigrants. Se référant à environ 1 000 militants pro-israéliens qui étaient arrivés à Washington pour prôner les garanties de ces prêts, Bush avait mis en colère les critiques en répondant qu’il était un homme « seul » contraint à « faire face à des forces politiques puissantes ».
Cardin, qui avait rencontré Bush en privé en amont de la rencontre qui devait avoir lieu deux mois plus tard, avait expliqué qu’elle et les autres leaders juifs s’étaient sentis encouragés par la sincérité et la bonne volonté du président.