Moscou demande au Hamas de libérer les otages russes ; le groupe terroriste refuse
Les chefs du groupe terroriste allèguent qu'Israël prétend que les otages "ne sont pas Israéliens" et que le 7 octobre a ravivé le rêve palestinien d'un État remplaçant Israël
Le groupe terroriste palestinien du Hamas n’a pas l’intention d’accéder à la demande de la Russie de libérer tous les citoyens russes actuellement retenus en captivité à Gaza, a indiqué vendredi le vice-président du bureau politique du Hamas, Moussa Abu Marzouk, à l’édition arabe de la chaîne de télévision publique russe RT.
Selon le média israélien Ynet, le Hamas a rejeté une demande formulée par Moscou en décembre pour la libération des otages binationaux russo-israéliens parce que « de nombreux Israéliens ont la double nationalité » et que ce n’est donc pas une raison suffisante pour justifier leur libération.
« Nous n’avons pas capturé des gens parce qu’ils sont russes ou français. Nous les avons capturés parce qu’ils tuent des Palestiniens et que se sont des soldats israéliens », a déclaré Abu Marzouk à RT Arabic au cours de l’entretien de 25 minutes.
« Israël leur donne une nationalité étrangère et prétend ensuite qu’ils ne sont pas Israéliens, mais qu’ils ont une autre nationalité. C’est comme si nous n’avions aucun otage israélien », a ajouté le responsable du Hamas.
Dans les faits, Israël n’a jamais prétendu que les otages ayant une double nationalité n’étaient pas Israéliens.
Abu Marzouk a également affirmé, pour justifier son refus de répondre à la demande de la Russie, que « la plupart des soldats israéliens sont binationaux ».
La majorité des 253 otages capturés par le groupe terroriste le 7 octobre – au cours de l’assaut qui a fait au moins 1 200 morts – étaient des civils. En outre, seulement 10 % de la population israélienne possède au moins une autre nationalité.
132 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier se trouveraient encore à Gaza – mais certains ne seraient plus en vie – après la remise en liberté de 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre.
Quatre otages avaient été libérées avant cela, et une soldate avait été secourue par l’armée israélienne. Les corps sans vie de huit otages ont également été retrouvés et trois otages ont été tués par erreur par l’armée le 15 décembre.
L’armée a confirmé le décès de 28 otages – notamment de deux captifs dont la mort a été annoncée mardi – qui se trouvaient encore à Gaza, citant de nouveaux renseignements et autres informations obtenues par les militaires en opération sur le terrain, au sein de l’enclave côtière.
Une personne est encore considérée comme portée-disparue depuis le 7 octobre et son sort reste indéterminé.
Le Hamas conserve aussi les dépouilles d’Oron Shaul et de Hadar Goldin, morts au combat dans la bande de Gaza en 2014. Il garde aussi en captivité deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore vivants après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015 respectivement.
L’interview d’Abu Marzouk a eu lieu lors d’une visite du responsable du Hamas à Moscou, au cours de laquelle il a rencontré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, pour discuter de la guerre en cours dans la bande de Gaza.
« La délégation de la direction du Hamas a tenu des consultations politiques avec le ministère russe des Affaires étrangères pour discuter des moyens de parvenir à un cessez-le-feu afin de mettre fin à l’agression contre notre peuple palestinien », a précisé Abu Marzouk dans un communiqué publié à l’issue de la réunion.
« La délégation a affirmé le droit de notre peuple palestinien à la liberté et au retour, ainsi que son droit à résister à l’occupation sioniste par tous les moyens disponibles », a-t-il ajouté.
En retour, Bogdanov « a exprimé la position de son pays en faveur des droits du peuple palestinien », selon Abu Marzouk.
En réponse à l’attaque du 7 octobre, Israël a juré d’éliminer le Hamas de la bande de Gaza et de mettre fin au règne du groupe terroriste, qui dure depuis 16 ans.
L’armée israélienne a éliminé 9 000 terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, en plus des quelque 1 000 terroristes qui se trouvaient à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.
Khaled Meshaal, haut responsable du Hamas, a évoqué l’impact de l’assaut du 7 octobre sur le peuple palestinien lors d’une interview accordée à un podcasteur koweïtien au début du mois, déclarant qu’il pensait qu’il avait ravivé « le rêve et l’espoir d’un seul État pour les Palestiniens, de la rivière à la mer et du nord au sud ».
Meshaal a rejeté la notion d’un futur État palestinien dans le cadre de la solution à deux États, affirmant que le Hamas rejette cette idée, « parce que cela signifie que nous obtiendrions une promesse pour un État palestinien, mais que nous serions tenus de reconnaître la légitimité de l’autre État – l’entité sioniste ».
Hamas Leader Abroad Khaled Mashal: We Reject the Two-State Solution; October 7 Has Shown that Liberating Palestine from the River to the Sea Is Realistic and Has Already Begun #Hamas #Israel #Palestinians #Gaza pic.twitter.com/fcnUsbzRN1
— MEMRI (@MEMRIReports) January 21, 2024
« C’est inacceptable. Nous exigeons d’être libérés, de nous débarrasser de l’occupation et d’avoir notre État indépendant. »
« Israël est mon ennemi, il ne me concerne pas », a-t-il poursuivi.
Le responsable du Hamas a expliqué que, bien que la politique officielle du groupe terroriste soit de rechercher un État palestinien unique qui remplacerait Israël à l’intérieur des frontières établies en 1948, il choisit de s’aligner sur les autres entités palestiniennes, y compris sur l’Autorité palestinienne, en recherchant un État palestinien à l’intérieur des frontières de 1967 – pour l’instant.
« Nous ne renoncerons pas à notre droit à la Palestine dans son intégralité », a-t-il affirmé.
« Mais afin d’établir un terrain d’entente et un plan palestinien commun avec les autres forces palestiniennes, et conformément à la position arabe, le Hamas a accepté un État totalement indépendant à l’intérieur des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale, en incluant le droit au retour [des réfugiés et de leurs descendants], sans reconnaître la légitimité de l’entité sioniste. »
Il a expliqué que cela jetterait les bases d’un futur État palestinien établi dans les frontières de 1967, qui pourrait ensuite s’étendre, « sans renoncer à aucun de nos droits ni à aucune partie de notre terre ».
« Je crois que le 7 octobre a renforcé cette conviction, a réduit les désaccords et a transformé l’idée de libérer la Palestine de la rivière à la mer en une idée réaliste qui a déjà commencé », a-t-il ajouté.